Histoire(s) extraordinaire(s)

Publié le par kate.rene

Edgar Allan Poe

Edgar Allan Poe

Histoire(s) extraordinaire(s)

C'est sous ce titre que sont connues, en France, certaines des œuvres romanesques d'Edgar Allan Poe. Mais il en est une qu'il n'a pas écrite et qu'il a peut-être vécue. C'est l'étrange et mystérieuse éventuelle rencontre avec Alexandre Dumas en 1832 à Paris. Le point de départ de cette énigme est la ressemblance frappante, troublante et insolite et non liée au pur hasard de leur nouvelle intitulée :

Double meurtre de la rue Morgue d'E.A. Poe, et

L'assassinat de la rue Saint Roch d'A. Dumas.

La vie d'Edgar A. Poe est plus que chaotique. Il nait à Boston, Massachussets, en 1809 et meurt quarante ans plus tard à Baltimore, Maryland, dans des circonstances mystérieuses. Enfant, il est rêveur, solitaire et fugueur. Il commence par rédiger des poèmes, inspiré et influencé par Lord Byron. Sportif dans sa jeunesse, il a des penchants pour l'armée et rencontre en 1824 le général La Fayette, héros américain, de passage à Richmond, Virginia. À cette époque, il a quinze ans et devient lieutenant des volontaires. Puis très rapidement dans les années suivantes on perd souvent sa trace, il change de lieu, de nom, de travail, etc... Il joue et il commence à s'endetter. Il s'engage dans l'armée. A vingt ans, il perd sa mère tant aimée. Renvoyé, volontairement, de West Point, il devient journaliste. Nous sommes en 1831. La biographie que je suis en train de lire s'interrompt, puis reprend en 1833... Mais où est passé Edgar A. Poe en 1832 ? Ses biographes le suivent en pointillé pendant cette année-là, mais on sait qu'il est en Europe, muni d'une lettre de recommandation écrite par Fenimore Cooper (célèbre écrivain américain, auteur du Dernier des Mohicans) pour le Général La Fayette… et c’est chez ce dernier qu’il aurait croisé Dumas...

Edgar Allan Poe (en 1845 ?) et Alexandre Dumas en 1832

Edgar Allan Poe (en 1845 ?) et Alexandre Dumas en 1832

Au même moment, à Paris, A. Dumas a trente ans et se déchaîne, comme en 1830, aux côtés des républicains et de ce même Général La Fayette. Il monte sur les barricades et convoie des armes. C'est tout le personnage Dumas, engagé politique, et que l'on retrouvera trente plus tard aux côtés de Garibaldi, en Sicile puis à Naples. C'est là qu'il va créer son journal, l'Indipendente. Et c'est dans ce journal que sera publiée en italien la nouvelle : l'assassinio della strada San Rocco d’Alessandro DUMAS en 1861, vingt ans environ après la publication de la nouvelle de Poe. S'agit il d'un plagiat ? On ne peut qu'en douter. S'agissait-il d'une traduction en italien par A. Dumas du texte de la nouvelle de Poe, traduite en français par Charles Baudelaire ? Connaissant le foisonnement romanesque de Dumas, c’est douteux qu’il eut recours à cette supercherie.

Ce qui est indiscutable : cette nouvelle en italien, signée DUMAS, n'avait jamais été traduite en français jusqu’à aujourd’hui.

Et là commence le mystère et s'ouvre le dossier de l'investigation.

Suivons les traces et les éléments de l’enquête du limier David Ianiroff, nom d'emprunt, naturellement, pour se faire une opinion sur cette affaire de rencontre des deux hommes qui, étant peut-être vraie, n'en est pas moins une belle histoire extraordinaire. C'est un vrai roman et l'on se met à rêver en s'imaginant ces deux géants de la littérature du XIXe siècle, à Paris, en train d'écrire à deux mains, une histoire tirée d'un fait divers de l'époque, qui avait défrayé la chronique en 1832. Cette énigme politico-littéraire ne sera jamais résolue, peut-être, mais n'importe, les légendes sont faites pour vivre et nous faire rêver. Quelqu'un a dit quelque part : "pour raconter l'Histoire, il n'y a souvent qu'une seule vérité, c'est la vérité romanesque."

Dernier point sur ce petit livre passionnant : il s'agit d'une auto-édition Amazon..., la nouvelle façon de publier un livre. Il n'y a pas de comité de lecture, il y va de la responsabilité de l'écrivain/éditeur. Cela rappelle la pratique ancestrale des "grands" éditeurs qui laissent les écrivains publier "à compte d'auteur"... Souvenez vous, c'était en 1913, Proust publiait "à compte d'auteur" chez Grasset, qui ne l'avait pas lu, Du côté de chez Swann.

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