48 heures chromo
Rembrandt, Vincent, Henri et les autres
Amsterdam est comme dans nos souvenirs et comme on nous l'avait dit. Que d'eau, mais de là à la qualifier de Venise du Nord, n'exagérons pas. Chaque pas dans les rues vous expose aux collisions. Les vélos sont les plus dangereux. Silencieux, indisciplinés, ils arrivent de partout, souvent en bande organisée. Ils empruntent les trajets leur étant réservés, mais aussi les trottoirs, les passages piétons, la rue ; ils ne respectent pas les feux de signalisation, les trams ne leur font pas peur. Mais il y a aussi les scooters, les voitures, les trams. Bref, DANGER.
Nous avons débarqué après un voyage de trois heures en Thalis avec le soleil mais un petit vent bien frisquet. La traversée en tram jusqu'au quartier des musées (Rijks, Van Gogh et Stedelijk) est rapide. L'hôtel est à côté. Routard en main, nous avons cherché notre premier restaurant, dans le coin des antiquaires. Il était déjà 19 heures 30 et les hollandais dînent à partir de 18...
Eh bien non, nous n'avons pas tenté le coffee shop.
Ce matin de mercredi, nous ne sommes pas sortis aux aurores. Économie des pieds... Et nous nous sommes contentés d'une mise en bouche avec un film trouvé sur Youtube relatant la vie de Rembrandt van Rijn avec qui nous avions rendez-vous au Rijksmuseum à 11 heures. Une centaine d'oeuvres ont été réunies ici. Aux dires de l'Oeil, une exposition comme celle-ci, il n'y en a qu'une dans une vie.
Rien que 63 autoportraits ! Tous ne sont pas exposés mais beaucoup. En voici quelques-uns
Une collection de gravures et dessins
Un portrait de son fils Titus en moine, des hommes, des femmes, une guilde de drapiers, la leçon d'anatomie, le suicide de Lucrèce, etc. Le traitement de la peinture est très moderne. Souvent un vague trait rapide (voir le deuxième tableau où les brandebourgs de la tunique rouge sont un simple coup de pinceau). La très pudibonde religion réformée n'a pas permis à Rembrandt l'exploitation du nu féminin... Le septième tableau représentant l'apôtre Barthélémy semble incongru. Avec sa coupe de cheveux et son costume, on le croirait sorti d'une collection de la fin du XIXe ou du début XXe. Il tient à la main l'instrument de son supplice, le couteau qui servit à l'écorcher vif.
Pour trouver la Ronde de nuit, de son vrai nom La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch, c'est un peu comme pour la Joconde au Louvre, suivez les japonais en troupe. Elle n'était pas dans l'exposition temporaire, mais dans les collections permanentes. Pour la petite histoire, la toile a été recoupée en 1715 pour tenir à son nouvel emplacement, entre deux portes de l'hôtel de ville d'Amsterdam. Au départ, il y avait 21 personnages, il n'en reste que 19. Heureusement une copie a été exécutée avant le découpage par Gerritt Lundens.
L'épouse de Rembrandt Saskia, décédée l'année où le tableau a été peint, aurait servi de modèle pour le personnage féminin.
Après un repas sur place et un café dans le parc, visite du reste du musée, magnifique survol de l'art depuis 1300 jusqu'à nos jours. Une des dernières oeuvres exposées est la robe Mondrian d'Yves Saint Laurent dont j'ai habillé une de mes barbies. Moins grand que le Louvre puisque nous avons à peu près tout vu, le musée est aéré, accessible, presque bien organisé. Nous avons trouvé la superbe bibliothèque où, comme vous pourrez le voir sur la photo, les photos sont interdites...
Ne pas manquer les Vermeer. La mythique Laitière et la Lettre d'amour sont exposées côte à côte et il est bien difficile de les approcher. À voir aussi les Pieter de Hooch dont nous avions déjà admiré les intérieurs s'ouvrant en arrière-plan par une porte qui laisse entrer la lumière à Washington, je crois.
Dans l'ordre, Jan Davidsz de Heem, Jan van Lievens, Nicolaes Maes (déjà vu au musée Maillol), Paulus Constantijn La Fargue, Ruysdael, Van Dongen et Yves Saint-Laurent
Après une moisson de représentations de Marie-Madeleine et un dernier coup d'oeil à la pendule vivante remise à l'heure toutes les minutes, nous sommes partis à la recherche de la deuxième adresse du Routard, pas loin de l'hôtel... le Wagamama qui sert des nouilles sautées avec légumes, viande et poisson.
Bon. Les jambes n'en pouvaient plus mais nous avons traîné encore un peu au bord des canaux. Un dernier verre (white Russian pour lui, Glenfidish pour elle) puis dodo.
Ce dernier jour, Van Gogh. Un conseil, prendre les billets au kiosque et surtout, choisir la blue line (c'est un peu plus cher, mais évite de prendre la file d'attente qui fait un kilomètre). Magnifique musée. Incontournable. Et comme il savait aussi dessiner ce bougre de Vincent.
À la sortie, René a trouvé une nouvelle école de peinture :
"Après le classicisme, le maniérisme, le romantisme, l'impressionnisme, le post impressionnisme, Van Gogh a inventé le petitraitisme... Je vous laisse apprécier.
Pas de photo : c'est interdit. Mais il y a le site.
Repas sur place au Tambourin, du nom d'un bistrot où Vincent avait une maîtresse et où il se shootait à la fée verte.
Café au soleil, à la terrasse du Stedelijk. Et on enchaîne sur ce musée d'art moderne et contemporain. Une bonne surprise avec l'exposition temporaire "The Oasis of Matisse". Un petit regret : Matisse était français, non ? Aucun document dans notre langue. Il faut choisir entre le hollandais et l'anglais.
La salle des courtisanes : Henri Laurens, Matisse, Picasso. L'Olympia de Manet aurait été à sa place ici.
Ci-dessous, deux Kandinsky, un Malevich, qui n'a pas fait que des carrés blancs sur fond blanc, à nouveau Mondrian, un bouddha narcissique, et pour finir, un étrange voyage dans le monde de Kienholz (quand il manquera de matériel, je sais où lui en trouver...)
Cette fois, c'est sûr, nous n'avons plus de jambes, ni de pieds. Nous avons refait la valise, repris le tram vers la gare. Il restait deux heures à tuer. Boire une bière et manger à l'heure hollandaise dans un steakhouse brésilien, retrouver nos bagages à la consigne de la gare et attendre le train en fumant une cigarette. Timing parfait. Il était 23 heures 30 quand nous avons atteint la gare du Nord sans pouvoir lire à haute voix car un vieux grincheux a manifesté dès les premières lignes.