Nei passi di Édith***... Palermo - 1

Publié le par kate.rene

Une nuit et une journée entière sur le bateau ; vu aucune terre, aucune île ; un temps gris et brumeux nous barre l'horizon ; nous sommes seuls sur la mer immense dont la couleur sombre se confond avec celle du ciel ; un vent rageur et constant forme une mer d'écume et les vagues donnent un tangage permanent ou un roulage incessant nous assurant une démarche d'un équilibre ébrieux. Et la nuit et le jour, et enfin la terre au loin, Palerme, il est dix neuf heures. L'approche vers le port est lente et majestueuse, nous touchons enfin l'île. Le voyage aura duré une vingtaine d'heures. Quand nous sortons du bateau, la nuit tombe sur la ville. La circulation de cette fin d'après-midi, anarchique, rapide et bruyante, ne nous rend pas la tâche facile pour trouver l'hôtel Posta. Quelques croisements, quelques changements de direction et nous sommes déjà perdus. Sans l'aide de passants bien intentionnés et de notre italien hésitant, nous y serions encore. Et d'emblée, l'admiration pour cette ville commence par la vue de ses magnifiques pavements de rues, luisants et miroitant dans les phares des autos, à la lumière de l'éclairage publique et dans les vitrines de magasins ; puis, une petite rue étroite, s'enfonçant dans la ville ; une voiture, seulement, peut s'y engager, le long des bâtiments est occupé par une rangée de véhicules stationnés. Et après quelques croisements délicats à angle droit, l'enseigne lumineuse et rouge Hotel Posta, nous saute aux yeux : nous sommes arrivés. Dès les bagages posés, nous sortons dans la nuit lourde et orageuse.

Nous sommes dans le quartier della loggia : notre petite rue débouche sur la piazza San Domenico où trône depuis quatre siècles la chiesa du même nom, fermée évidemment à cette heure de la journée. Elle est, depuis plus d'un siècle, le Panthéon des Siciliens et Palermitains célèbres. Nous restons assis à une terrasse de la place, nous imprégnant des bruits, des couleurs et des odeurs de la Ville. La piazza est bruyante de musiques de rues, compétitions de chanteurs qui essaient de s'imposer sur un fond incessant de bruits de voitures, de scooters roulant dans tous les sens, créant un ambiance sonore unique dans le vent tiède de la nuit. Une pizza fort bonne et della caponata pour premier repas. Les statues de la façade de l'église et de la fontaine nous regardent, immobiles et impassibles dans leur majesté élancée et gracieuse. Les premières impressions du baroque sicilien nous fascinent déjà.

Nei passi di Édith***... Palermo - 1

Dans le matin gris, nos premiers pas dans Palerme nous emmènent comme tout touriste au carrefour principal de la vieille ville : Quattro Canti. Par la petite ruelle de notre hôtel, parallèle à la Via Roma, nous gagnons la piazza San Domenico. Les larges pavés luisent déjà de l'usure et de la pluie de la nuit. De partout, les bruits de la ville nous envahissent, nous ravissent. Beaucoup de lieux délabrés, insalubres peut-être, se dressent, enserrant des bâtiments dont la facade est chargée de statues et de moulures comme les bâtiments hausmanniens de la fin du XIXe siècle.

Chiesa San Domenico
Chiesa San Domenico
Chiesa San Domenico
Chiesa San Domenico

Chiesa San Domenico

La chiesa San Domenico : nous y entrons : débauche de stucs, de dentelles de pierre, de "crème fouettée" en plâtre, en marbre ou en tuf. Premier contact avec la statuaire du Christ, qui dans toute la Sicile, "saigne" beaucoup (!), de la représentation de Marie-Madeleine, que nous affectionnons tant, dans ses positions extatiques au pied du Christ en croix, etc...

Quand on vous dit que ça saigne !!! En bas le Christ en croix de la chiesa santa Catarina d'Alessandria de Galatina
Quand on vous dit que ça saigne !!! En bas le Christ en croix de la chiesa santa Catarina d'Alessandria de Galatina

Quand on vous dit que ça saigne !!! En bas le Christ en croix de la chiesa santa Catarina d'Alessandria de Galatina

Puis c'est la plongée dans un de ces nombreux marchés de rue, Piazza Sant' Andrea, où tout est à vendre, même les livrets d'opéra de Verdi ! Bruits, odeurs, chaleur, tout fascine, tout émerveille !
Quattro Canti, croisement de la via Maqueda et du Corso Vittorio Emanuele, ce carrefour divisait la ville baroque en quatre quartiers au début du XVIIe siècle. Quatre bâtiments sur trois niveaux où sont représentés les ordres doriques, ioniques et corinthiens, quatre fontaines pour les quatre fleuves de la ville, quatre saisons, Éole (l'hiver), Vénus (le printemps), Cérès (l'été) et Bacchus (l'automne), quatre rois : Charles Quint, Philippe II, III et IV d'Espagne, et les quatre saintes de Palerme : Nymphe, Olive, Agathe et Christine.

Les Quattro Canti
Les Quattro Canti
Les Quattro Canti

Les Quattro Canti

Nous avons fait un petit tour à la chiesa dei Teatini, le temps d'apprendre à connaître un nouveau miracle. Le 7 janvier 1668, à l'heure de l'Ave Maria (alors que Louis XIV cherchait vainement de l'eau pour alimenter ses fontaines de Versailles), un moine chargé de faire des fouilles, heurtait le rocher de son piolet. C'est alors que jaillit une source d'eau pure et abondante. Il est précisé que ce fut bien deux siècles avant Lourdes ! Et l'eau, bien sûr attira fidèles et pèlerins. Les vertus de guérison de la source miraculeuse furent bientôt connues. Miracles et conversions gratifièrent la foi et la dévotion des foules qui, affligées dans leur corps et dans leur esprit, accouraient pour boire à la fontaine que la mère de dieu avait offerte dans le sanctuaire qui lui était dédié. Le père Maggio et Antonio Mongitore, témoins de l'époque, rapportèrent que "quest'acqua si è revelata buona per tutte le infirmità". Il paraît que ça marche encore, trois siècles plus tard...

Les Teatini
Les Teatini

Les Teatini

À côté, la piazza Pretoria et la Fontana delle Vergogne, fontaine de la honte... Les statues de nus un peu trop explicites choquèrent les religieuses du couvent voisin. Les nones épouvantées envisagèrent d'en émasculer les éphèbes trop bien membrés. Elles se sont contentées de leur couper le nez. Le reste est tombé tout seul...

La fontana delle vergogne
La fontana delle vergogne
La fontana delle vergogne

La fontana delle vergogne

Sur un côté de la place, la chiesa Santa Caterina est fermée.
"À un palmier de là", deux chiese, celle de la Martorana et San Cataldo. La première, avec son cycle de mosaïques byzantines et Roger II le normand et la seconde, mélange de mosquée et de basilique, beaucoup plus sobre.

La Martorana
La Martorana
La Martorana
La Martorana
La Martorana

La Martorana

La chiesa San Cataldo
La chiesa San Cataldo
La chiesa San Cataldo
La chiesa San Cataldo

La chiesa San Cataldo

Midi trente et tout se ferme..., même les églises. Les groupes de touristes ont disparu, la piazza Bellini se vide, la terrasse du restaurant qui occupe les locaux de l'ancien théâtre Bellini, s'ouvre, nous nous y asseyions. Installés sous d'immenses tentes qui protègent de la pluie et sûrement du soleil, nous dévorons della pasta con i sapori di mare et nous découvrons un dessert typique : le cannolo, pâte sablée peu sucrée, cuite et grillée légèrement, en forme de cigare et dont les deux extrémités sont remplies de crème à la ricotta et aux mandorle. Merveille de goût et d'arôme, croquant unique et délicieux. Che bello !

Il cannolo

Il cannolo

Due espressi e poi, la Galleria d'Arte Moderna, où nous nous retrouvons absolument seuls. Ce musée recèle pourtant des œuvres magnifiques. Il vaut la visite. L'art moderne en Sicile commence au XVIIIe siècle et regroupe tous les genres connus, du paysage au portrait, des scènes de genre à l'art pompier, etc.

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Les Vêpres siciliennes
Les Vêpres siciliennes
Les Vêpres siciliennes

Les Vêpres siciliennes

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Je ne sais pas pourquoi cette statue me fait penser à Picasso

Je ne sais pas pourquoi cette statue me fait penser à Picasso

Retour a casa per fare un pisolino.
À nouveau debout, direction la casa di Cagliostro..., à côté du marché de Ballarò. Sous une pluie serrée qui ne sera finalement qu'une averse et sous la bâche d'une terrasse de café nous buvons una birra ; nous sommes à un des carrefours les plus chauds du coin..., échanges en tout genres, plus ou moins licites, défilé incessant d'individus, mâles pour la plupart, attroupement pour regarder au travers d'une vitrine sur un grand écran plat, le match du jour, la Juve contre l'Inter, (au sifflet final et à la satisfaction générale, 2-1 pour la Juve), cris, klaxons, moteurs pétaradant des deux-roues.

Juve/Inter

Juve/Inter

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Ambiance assurée dans ce carrefour à deux pas de la maison natale du Comte de Cagliostro, alias Joseph Balsamo...
Juste avant d'arrivée au Ballarò , nous avons fait la fermeture de la chiesa di Gesù.
La casa del brodo per la cena.

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C'est à Palerme que nous avons gagné nos premiers quarante jours d'indulgence, simplement en récitant un Ave Maria...

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Du volcan au chaos, Journal sicilien - Édith de la Héronnière - Éditions Pygmalion (épuisé) en cours de réédition chez un autre éditeur.

Dal vulcano al caos, diario siciliano - Édith de la Héronnière - L'ippocampo - Traduzione dal francese di Fabrizio Ascari.

Publié dans voyages

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