Diario di bordo
Chaque cadeau de René est accompagné d'une énigme, d'un texte ou d'un rébus.
Je ne peux résister à vous faire partager les vers (de mirliton) qui étaient joints à celui-ci :
Ô mer Méditerranée !
Accueille sur tes rivages
Nos vieux corps alourdis par l'âge,
Pour nous montrer tes beautés
Chantées par tous les poètes.
Homère et les compagnons d'Enée
L'ont sillonnée pour nous dans leurs récits épiques
Nous faisant rêver sur nos divans
Confortablement et chaudement emmitouflés
Dans nos couvertures de laine.
Ulysse de retour après 20 ans,
(20 ans après Raoul aima Louise,
Et Louise ne survécut point à Julien.) ... private joke évoquant Bragelonne puis Julien Sorel, lectures concomitantes à l'Iliade et l'Odyssée.
Dans les pas du géant René, detto l'Ombelico, (comme certains le savent déjà, François René de C.)
Allons visiter l'Acropole et Pompéï,
Ses vieilles pierres et ses cendres,
Vivons encore et encore des années tendres
Où nos passions sans cesse inassouvies
Quatre-vingts ans et plus...
Notre contrat à vie.
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage. Dix années de guerres et autant de vagabondages n'altérèrent pas sa foi et son désir de retrouver Ithaque...
J1
Marseille, embarquement sur le Neo Romantica de la compagnie Costa. Heureuse surprise - les commentaires lus sur divers forums n'étaient pas très engageants - la nave è bella, pulita e comoda. Après l'exercice de simulation d'évacuation en cas de naufrage, un peu pénible mais certainement nécessaire après les évènements tragiques d'une autre croisière Costa, le départ se fait à 18 heures au son d'une daube italienne que nous avons cru quelques secondes être la musique de Titanic !!!
Première réunion d'information. Nous faisons la connaissance de Georges, sympathique, qui nous demande illico de le tutoyer, et des neuf personnes qui vont nous accompagner dans ce périple : le groupe Intermèdes est constitué. En tout, 11 plus 1.
Direction Savona (Genova). Mer agitée pendant la nuit. Découverte du bateau : 1600 passagers ; service impeccable. Premier dîner au restaurant Botticelli décoré d'une débauche de reproductions du peintre éponyme. C'est bon et orchestré par un ballet de serveurs efficaces.
Cabine 7010, nous dormons près de la reproduction d'un détail de "La predica di San Marco in Egitta" des frères Bellini.
J2 (30)
Savona, huit heures du matin sous un soleil frais et venteux. Débarquement vers 9 heures 30 pour Genova que nous rejoignons en bus. Visite de la ville "médiévale" : chiesa dei Gesuiti ou del Gesu que nous visitons pendant un office, avec ses deux Rubens et son Simon Vouet. Là, Pascal nous donne un premier aperçu de ses talents en lançant un Alleluia retentissant. Puis chiesa di San Lorenzo (detto il grigliato) ou il duomo puis chiesa San Matteo.
Redescente vers le restaurant par les ruelles où quelques péripatéticiennes attendent le chaland.
Genova, il duomo, dédié à San Lorenzo qu'on peut voir en train de griller sous le Christ dans sa mandorle
Enfin il palazzo rosso (visite des peintures au pas de course). Le Palazzo rosso fait partie des Rolli.
Pourquoi Rolli ? À la fin du XVIe siècle, la République de Gênes institue une liste de résidences pouvant recevoir les hôtes de marque, la lista dei Rolli. C'est un genre de guide Michelin classant les demeures en quatre classes. Le cinq étoiles peut recevoir rois, princes et cardinaux, le quatre étoiles, les ambassadeurs et les gouverneurs, les trois et deux étoiles, les visiteurs de moindre importance. La société extrêmement riche de Gênes, constituée de banquiers, d'armateurs et de riches marchands bâtissaient donc ostensible et exubérant. Le Palazzo Rosso est la propriété de la famille Brignole. (Matignon fut un de ses palais). La marquise de Brignolle, grande amoureuse de la France avait décidé de faire don de toutes ses collections à notre pays. Mais en 1877, une fête un peu trop somptueuse est donnée pour les fiançailles d'Amélie d'Orléans avec Charles de Portugal. Le gouvernement se sentant insulté vote l'exil. Outrée, la duchesse décide de donner ses collections à Gênes. Elles sont dispersées dans trois palais des Rolli.
Anne-Marie et Jean-Pierre (merci) viennent de m'envoyer le lien d'un article paru dans Le Monde. Ce que nous n'avons pas vu à Gênes :
Nous avons tenté d'analyser la mémoire de Georges... Pas facile. Nous dirions qu'il a une mémoire "épaisse", c'est-à-dire constituée de plusieurs couches, dans lesquelles il navigue au fil des visites et dont nous sommes supposés suivre les méandres labyrinthiques, ce que nous n'avons pas toujours fait avec succès (je parle pour nous...)