Diario di bordo - 8
J9 (7)
Arrivée au Pirée à 9 heures. Bus jusqu'à Athènes. Enfin l'Acropole ! C'était pour Kate comme trouver le Graal. (Petite digression : la Pléiade a sorti récemment le premier tome du Livre du Graal qui va faire partie de nos prochaines lectures).
René ne connaissait pas non plus, c'est donc avec enthousiasme et détermination que nous entamons cette visite. Beaucoup de monde mais c'est très supportable. Les Propylées sont telles que nous les avions imaginées, imposantes, magnifiques, malheureusement un peu défigurées par les restaurations en cours. À droite, le petit bijou qu'est le temple d'Athena Niké avec ses colonnes ioniques et ses élégantes proportions se découpe sur le ciel. Phidias et Periclès sont ici des dieux. Aspasie, la maîtresse de Périclès fut une hétaïre célèbre. Elle eut une influence prédominante sur les grands esprits de son temps.
Les commentaires de Georges sont passionnants. C'est sous un soleil de plomb que nous faisons le tour du Parthénon, puis que nous nous dirigeons vers l'Erechtéion et ses fausses caryatides. Là Georges va tenter de nous faire croire que la femme athénienne était presque privilégiée et avait une position enviable. En effet, certaines jeunes filles avaient le droit de tisser le peplos, vêtement de lin offert à la déesse Athéna lors des grandes Panathénées. Elles étaient envoyées dès leur jeunesse dans des écoles pour jeter leur gourme et "faire les ourses". On leur apprenait à séduire un mari afin qu'il puisse retrouver une virilité suffisante pour les ensemencer et pondre le mâle héritier après que ce dernier a couru la gueuse ou le gueux et qu'il rentre au logis ivre de toutes ses libations. Elles avaient le droit de tenir la maison et de gérer le petit personnel. Couture, ménage et service sexuel... Quelle vie enviable, n'est-ce pas mesdames ! Georges nous apprend également qu'il existait une "prostitution sacrée". Des femmes mariées auraient été contraintes d'offrir leur corps à la déesse. Je n'ai trouvé aucune trace de cela mais j'ai sans doute mal cherché. La seule confirmation serait cette phrase de Strabon "Il n'est pas donné à n'importe qui d'aller à Corinthe" qui parle de prostituées vouées par des citoyens à la déesse. Georges, à l'aide !!!
Nous descendons puis montons au pas de course pour trouver le restaurant du déjeuner entre l'Acropole et le musée, sous une chaleur d'enfer.
Le musée de l'Acropole tout récent est construit de façon à recevoir les fameuses frises des Panathénées encore "retenues" par les anglais qui avaient promis de les rendre lorsqu'un lieu adapté serait construit. Et quoi de plus adapté que ce magnifique bâtiment construit sous l'Acropole et dont le dernier étage, orienté comme le Parthénon, en possède les dimensions. De la terrasse du restaurant et le deuxième étage, des baies vitrées permettent de voir l'original. Depuis, les anglais font la sourde oreille. La France ne fait pas mieux, quelques sculptures se trouvant fort à leur aise au Louvre.
Nous nous attardons un peu trop dans les deux premières salles (céramiques à figures noires puis rouges*** au rez-de-chaussée puis sculptures de Kouros et Kore, frontons au premier), ce qui nous fait visiter les restes de l'Erechtéion et les frises magnifiques des Panathénées un peu vite.
***Ces vases nous apprennent beaucoup sur la condition féminine de la femme grecque. Plusieurs BD dessinées sur les vases de mariage (loutrophore) montrent comment le futur époux venait "arracher" sa promise et la poussait sur son char. Le vase contenait l'eau du bain rituel que la fiancée prenait avant de quitter sa famille, puis le premier bain de son nouveau né, puis celle du bain donné à un défunt (l'enfant, le mari, etc.). Bref ce vase contenait l'élixir du malheur...
Rentrons fourbus vers 17 heures 30.
Un petit bonus