Chaud !
Ce samedi, sur notre Colline, fut la première journée chaude de ce printemps. Le soir même, nous avons assisté à une performance d'acteur extraordinaire dans la salle Romane de la Cité de la Voix : entre ciel et chair, relatant la chaude relation amoureuse et passionnelle d'un des plus fameux couples de l'Histoire : Héloïse et Abélard. Dans cette magnifique salle voûtée de l'ancienne hôpital de Vézelay, abritant maintenant la Cité de la Voix, sur une estrade et dans un décor dépouillé, la "conteuse", telle une égérie, dans sa longue robe blanche, chasuble élégante et stricte et qu'accompagne un violoncelle mélodique, profond et sensuel, au seuil de sa vieillesse, Elle raconte son Amour. C'est la figure d'Héloïse recluse au couvent de Paraclet, qui dans sa cellule, seule avec elle-même, déroule sa vie, son amour, ses frustrations, son abandon inconditionnel à l'homme qui remplit (et peut-être a détruit) sa vie. Quarante ans plus tôt, au début du XIIe siècle, alors sortie d'un premier couvent d'éducation dont elle conserve un souvenir horrible, accueillie par son oncle Fulbert à Paris et qui veut parfaire son éducation, Eloïse devient l'élève du grand penseur et maître de l'époque : Abelard. Il est deux fois plus âgé qu'elle. Le coup de foudre est immédiat. De cet amour clandestin va naître un fils, Astrolab (!), obligeant Abélard à enlever sa "belle" et à l'emmener chez sa sœur en Bretagne. Puis c'est un mariage clandestin plus ou moins imposé..., par Lui, puis c'est le drame et la rupture pendant de nombreuses années. Car dans sa colère d'avoir été trompé, humilié et déshonoré, l'oncle Fulbert commandite une "exécution" aussi symbolique que castratrice et humiliante : l'émasculation d'Abelard par ses sbires. De leur séparation surgit une correspondance enflammée et qui deviendra une des plus célèbres entre toutes, même si elle a pu être "réécrite" ou corrigée ou en partie inventée. C'est le début de la réclusion pour Héloïse qui depuis son couvent du Paraclet voue un culte démesuré à son "mari", qui de nombreuses années plus tard, viendra y mourir. Une crypte est édifiée dans l'enceinte du couvent. Une vingtaine d'années plus tard Héloïse l'y rejoindra. Ils y seront réunis pour l'éternité...
Après bien des pérégrinations, les dépouilles des amants ont été translatées en 1817 au cimetière du Père Lachaise, abritées par un monument dessiné par Alexandre Lenoir d'après le cénotaphe de Saint-Marcel.
Extrait de l'article paru dans l'Yonne :
Entre ciel et chair, titre du spectacle mis en scène par Clara Ballatore et interprété par Christelle Willemez et Michel Thouseau, est d'abord l'histoire vraie de Pierre Abélard (1079-1142) et de son élève Héloïse (1092-1164). Créé au festival d'Avignon et interprété près de deux cents fois dans toute la France, le spectacle sera joué à Vézelay pour une soirée. Le public sera transporté en l'année 1161, au couvent du Paraclet. Vingt ans après la mort de son époux Abélard, Héloïse évoque une dernière fois leur histoire d'amour. C'est l'ultime étape de la passion, la pacification. Ainsi se dévoilera, à travers les paroles d'Héloïse, une vision du monde où le profane et le sacré se rejoignent, où le charnel et le spirituel fusionnent.
Un spectacle fort sur le thème de l'amour au-delà du tragique destin, un duo actrice-musicien sur une mise en scène épurée, un texte intense, feront revivre l'histoire éternelle d'Héloïse et Abélard.