Retour sur un anniversaire Nancy/Bruges/Lille
C'était l'an dernier, en mars.
Partis de Vézelay sous la neige, celle que nous attendions depuis Noël et qui n'est jamais venue, nous avons voyagé sous un ciel gris et lourd.
Thomas avait fait les choses royalement, voire impérialement. La Villa 1901 est un véritable palace avec sa suite meublée 1950, son salon moelleux et son jardin peuplé de créatures étranges.
Au milieu des agapes, un peu de culture tout de même : nous avons visité le musée des Beaux-Arts de la place Stanislas. Ce n'était pas prémédité, mais en ce premier dimanche du mois, nous sommes entrés gratuitement. Nous avons découvert un peintre, Émile Friant (1863-1932). L'immense Toussaint nous a laissés béats quelques minutes.
Le musée est beau, aéré, l'ordre de présentation mêle époques et styles.
Dans les étages, nous avons croisé une connaissance : un tableau que nous avions déjà vu à Saint-Petersbourg. En Russie, il s'appelle Les collecteurs d'impôt de Marinus van Reymerswaele (≃1490-1567). À Nancy, ce sont les compteurs d'argent de Marinus van Roejmerswalen (≃1493-≃1567)... Nous en verrons peut-être bientôt un autre au Prado.
Nous avons quitté le nid douillet de la Villa 1901 presque à regret et sommes partis pour presque sept heures de galères sur les autoroutes de Belgique. À Bruges, nous découvrons notre hôtel : le Gheestelic Hof, à l'ombre de la cathédrale. Temps frisquet et maussade.
Peu importe, il reste les musées.
Petite visite au béguinage qui est, comme dit le guide du Routard, "la Tour Eiffel des Belges".
L'ensemble de bâtiments n'abrite plus qu'une poignée de nonnes. La cour est couverte de jonquilles, ça respire le calme.
Le Sint-Janshospitaal (Hôpital Saint-Jean) recèle quelques merveilles, entre autres la châsse de Sainte-Ursule (celle qui est partie en pèlerinage avec 11000 vierges et dont Carpaccio a peint l'épopée). Cette châsse a été peinte par Hans Memling ; c'est un pur chef-d'oeuvre. Selon notre source favorite, Jacques de Voragine, Ursule, princesse bretonne, fut promise à un païen. Pour surseoir à l'échéance fatale du mariage, elle imposa comme condition de partir en pèlerinage avec onze mille vierges. Trois ans plus tard, elle est capturée par les Huns avec ses compagnes infortunées. Bref, elles se font toutes massacrer et c'est tant mieux : Ursule aurait dû passer à la casserole et ça ne lui aurait pas plu...
En fait, le chiffre de 11000 vierges est une interprétation erronée du texte latin : XI.M.V. aurait dû être traduit par onze (XI) martyres (M) vierges (V). Mais c'est tellement mieux si elles sont onze mille. Notre Jacquot n'en est pas à une inexactitude près. Il aime les paillettes. Tout ça se passe au IIIe ou IVe siècle. Difficile d'aller vérifier.
Dans l'ancienne chapelle de l'hôpital se trouve également un triptyque de toute beauté.
L'image de la sorcière est apparue en 1564 à la suite de sa représentation picturale par Pieter Brueghel dit "Le vieux". Ses attributs lui étaient donnés. Elle pouvait à présent entrer dans l'Histoire et sortir par la cheminée en chevauchant son balai. Un parcours didactique bien pensé nous apprend tout sur la sorcellerie, la mode des "cuisines de sorcières", Brueghel et ses suiveurs.
À Bruges, la restauration est chère et très moyenne. Nous avons cependant trouvé un bon restaurant, très abordable : Le Chef et Moi
Dans le Nord, reçus chez nos amis gastronomes, nous avons visité la Piscine de Roubaix où nous avons découvert un peintre, Rémy Cogghe, des plâtres de Camille Claudel et bien d'autres merveilles.
Une expo Modigliani et le Musée des Beaux Arts de Lille où il aurait fallu rester deux jours. Ne pas manquer les étonnants plans-relief au sous-sol.