C'est sûr, je descends d'Hephaïstos !
Héphaïstos remet à Thétis les armes qu'il vient de forger pour Achille - (Illiade) - Cratère à figures rouges Ve siècle av. J.C.
Nous relisons l'Odyssée dans la traduction de Philippe Jaccottet*. Et à la lecture du chant VIII, j'en suis tombée "sur les genoux" ! Lorsque l'aède d'Alcinoos, roi des Phéaciens, vient distraire l'hôte (qui n'est autre qu'Ulysse) recueilli après son naufrage par Nausicaa, il conte l'histoire d'Hephestos surprenant par ruse sa femme Aphrodite au lit avec Arès. Nous savons tous qu'Héphaïstos était forgeron. Il forge donc des liens invisibles et solides pour immobiliser les deux coupables sur le lit nuptial... C'est au vers 300 qu'arrive le premier déclic, puis au vers 306, le second déclic :
300. Tout aussitôt survint l'ambidextre glorieux,
revenu sur ses pas avant d'avoir atteint Lemnos ;
Il s'arrêta devant l'entrée, ivre de rage,
rugit, et de ses cris ameuta tous les dieux :
"Zeus mon père, et vous tous, dieux toujours bienheureux,
305 venez voir un ouvrage déplorable et révoltant :.
comme je suis boiteux, Aphrodite, fille de Zeus,
toujours me déshonore ! Elle aime le sinistre Arès,
car il est beau, il a les jambes droites, alors que moi
je suis infirme....
Pour résumer, Héphaïstos était forgeron, ambidextre et boiteux.
Vous allez maintenant comprendre le titre de cet article. Mon grand-père paternel était forgeron dans le petit village de Dompaire dans les Vosges. Il était ambidextre. J'ai encore le souvenir de mon enfance où il se rasait devant la petite glace rectangulaire à dos de skai suspendue à un clou près de la fenêtre de la cuisine. Il commençait par raser la joue gauche avec son coupe chou soigneusement aiguisé sur le cuir destiné à cet effet. Puis, il changeait son coupe chou de main, le mettait dans la main gauche pour raser la joue droite. C'est la preuve irréfutable qu'il était ambidextre. Enfin, né affligé d'une luxation congénitale de la hanche, il fut opéré, mal (on lui souda la hanche au bassin), ce qui lui laissa une claudication douloureuse et le fit boiteux.
Il se prénommait Télémaque, ça ne s'invente pas. Mais ce n'est pas le prénom du fils d'Ulysse qu'auraient dû lui donner ses parents, mais bien celui d'Héphaïstos, fils de Zeus, le Porte-Égide et d'Héra, la déesse aux bras blancs. Il est donc évident que je descends d'Héphaïstos, et par voie de conséquence de Zeus et d'Héra.
J'espère que ces "paroles ailées" vous auront réjouis.
Pour ceux qui ne l'ont pas encore fait, nous conseillons fortement la lecture de ces deux merveilleux textes que sont l'Iliade et l'Odyssée. Courez l'acheter avant que "l'aurore aux doigts roses" ne pointe son nez.
*Homère, L'Odyssée, réédition de 2016 - Traduction de Philippe Jaccottet, Illustrations de Julien Chabot, Éditions La Découverte - ISBN 978-2-7071-9218-9 - 21€