Histoire d'Os
L’odyssée de « nonosses » dans une peau de porc ou comment vérifier que dans le cochon tout est bon.
Mosaïque de la basilique Saint-Marc - Transport du corps de Saint-Marc d'Alexandrie à Venise - vers 1660
L’important ce n’est pas ce qui existe ou ce qui est vrai, mais ce en quoi on croit ou ce en quoi on nous fait croire. À ce titre, la course aux reliques (des Saints) a été et est encore un formidable outil de com depuis son « invention » par Constantin, et surtout Maman Hélène, au début du cinquième siècle au bord du Bosphore. Le culte des saints ressemble à s’y méprendre à un nouveau paganisme relooké, mais surtout institutionnalisé et naturellement canonique (stempel de Rome oblige) et encore ! Relisez d’ailleurs à cette occasion l’histoire des reliques de notre Marie-Madeleine de VEZELAY… Là encore, ce n’est pas ce qui est vrai qui l’emporte, mais ce que l’on croit. La magie, la superstition — ce que d’aucuns appellent la Foi — agissent sur la naïveté du « peuple » mal ou pas cultivé ayant peu développé son sens critique, ce qui a donné lieu et qui continue de nos jours à donner lieu au déferlement de pèlerins dans les lieux possédant des reliques dans tout le monde chrétien (et ailleurs aussi), car, naturellement on pouvait assister à des miracles, des guérisons, etc (lire les bienfaits thaumaturges du Saint-Coude (gauche) de Werentrude à son arrivée à Mayence, p.84).
Au début du IXe siècle de notre ère très chrétienne ou de l'ottocento italien, la course aux reliques battait son plein, depuis que Charlemagne avait offert le Saint-Prépuce au pape en remerciement de sa bénédiction lors de son couronnement en l’an 800. Dans la lagune vénitienne, à cette époque, le doge ou duc de Rialto et son Conseil se rongeaient les sangs car ils n’avaient qu’un obscur protecteur de la Ville, Saint-Théodore et son crocodile. Il fallait coûte que coûte trouver une solution pour contrebalancer le pouvoir spirituel, et donc temporel, ce qui veut dire entre autres financier, de Rome avec son protecteur emblématique : Saint-Pierre. L’idée et le projet furent donc d’aller récupérer les reliques (pardon les Saintes Reliques) de Saint-Marc l’évangéliste à Alexandrie d’Egypte. Cette ville grecque depuis Alexandre et la dynastie des Ptolémée avait été investie par les musulmans. Quelques coptes cependant se maintenaient et possédaient ces reliques attirant de nombreux pèlerins, source de revenu substantiel...
Pour ceux qui ne connaissent pas ou même celles qui connaissent, ou le contraire, cette histoire de « récupération rocambolesque » des reliques de Saint-Marc, il faut lire le délicieux et dernier roman de Patrick Rambaud enchâssé dans sa couverture jaune de chez Grasset. Et c’est en fermant ce livre que l’on peut confirmer que, vraiment, la seule vérité est la vérité romanesque.
Quand Dieu apprenait le dessin - Patrick Rambaud - Grasset - ISBN 978 2 246 81486 3