Un viaggio in maschera
Cocov, nous voici !
Aujourd’hui, 7 mars 2021, nous allons à ta rencontre.
Ce matin, nous avons quitté Vézelay sous le soleil. Cette fois, nous voyageons léger. Enfin, presque. Livres répartis dans les deux petites valises et le porte-documents, deux glacières contenant notre pitance pour deux jours, tous les papiers justifiant notre séjour à Venise.
Hier, la nouvelle est tombée, annoncée par Bruno et Sophie : Venise passe en « zona arancione », ce qui concrètement veut dire que tout est à nouveau fermé, restaurants, bars, commerces non essentiels, musées, etc.
Premier arrêt après Dijon pour un pique-nique sur l’aire du Bois défendu, tout un programme.
La Suisse nous accueille sans problème hormis l’achat de la vignette autoroutière obligatoire. La douanière masquée est occupée à discuter et nous regarde passer sans manifester le moindre intérêt.
Même chose à la frontière italienne dans le tunnel du Saint-Bernard. Le GPS nous donne des inquiétudes ; depuis un moment, il nous incite à faire demi-tour… dès que nous aurons atteint notre destination. Veut-il nous dire que nous ne sommes pas bienvenus ? Il ne cessera de nous décourager jusqu'à l’arrrivée à Saint-Rhémy-en-Bosse.
L’hôtel des Alpes est totalement désert. Nous sommes seuls au milieu des 24 chambres de cet albergo labyrinthique où il faut presque une boussole pour trouver son chemin. Après un yam arrosé, nous sommes accueillis dans la grande salle à manger où on nous a allumé un feu de bois. À la carte, la pasta al ragù di cerve, puis scaloppine (fines tranches de veau roulées comme des saucisses) dans une sauce au vin avec une purée et des poivrons et pour le dessert, René a commandé un gâââteau énorme avec une bougie. Le tout arrosé d’un syrah du coin bien charpenté. Le lit ne s’est pas fait attendre.
J 2, 8 mars.
Nous avons quitté Saint-Rhémy assez tôt après un petit déjeuner copieux. La « traversée » s’est déroulée sans incident. À la radio, la RAI3, des causeries féministes, ici aussi le 8 mars est la giornata delle donne. L’animateur est cependant un homme. Rapide pique-nique sur un’ area di servizio. L’arrivée au parking de l’aéroport est surnaturelle. Tout est désert, pas un bruit de valise. Le hall de départ des motoscaffi et vaporetti est vide et silencieux, la billetterie est fermée. Elle n’ouvrira qu’à 3 heures, un quart d’heure avant le départ. Heureusement le soleil brille, soleil froid de fin d'hiver. Ne reste que la Linea Blu, heureusement celle qui dessert notre destination, Ospedale. Dans l’Alilaguna habituellement bondée, nous sommes huit passagers. Le paysage lagunaire n'a pas changé mais la navigation est très réduite. Un arrêt seulement à Murano, puis direct vers les Fondamente nove et Ospedale. Les rues sont désertes, les magasins fermés, bref nous sommes dans « Le Jour d’Après » Le silence règne partout, il n'y a plus le bruit de fond, mélange de voix locales, des pas, de moteur de bateaux sur les canaux. Rien. C’est presque angoissant. Une sensation de ville "morte".
La città au temps della Covid
Mais au-dessus des trois étages, notre cocon est là, rassurant et familier.
René est courageusement ressorti pour vérifier que son Punto Simply, petite supérette près de chez nous, est toujours là. Oui, mais il a changé de nom. La dame de la charcuterie l’a reconnu, petit plaisir !
Apéro-yam, sarde in saor, mortadella, clementina et dodo.