Dans les pas de Madame Solario
De la Via Conca del Naviglio, 35, Milan, Lombardia 20123, Italie, l’idée de rentrer à la maison par les lacs du nord de l’Italie m’avait inspiré de nous mettre dans les pas de Madame Solario*, titre et héroïne d’un livre qui nous a fascinés et dont le décor se situe à Cadenabbia sur le lac de Côme.
En fait, nous n’y sommes jamais arrivés. Grâce à cette erreur d’itinéraire, nous avons découvert un des plus beaux endroits de ces rives, Cannobio. Au départ, ce matin-là, le soleil d’automne peinait à déchirer les nuages d’un gris menaçant et les massifs alpins dont certains sommets étaient enneigés nous ont accompagnés pendant un bon moment avant de disparaître. Pour je ne sais quelles raisons, je voulais passer par Varenna (souvenir d’un voyage avec Charlotte et Siegried, souvenir d’un hôtel les pieds dans l’eau…), endroit magnifique sur la rive orientale du lac de Côme. Arrivés à Lecco, la route n’emprunte plus la côte mais une suite quasi ininterrompue de gallerie (tunnels) ne laissant voir, par moments rares et furtifs, que quelques paysages dont la surface moirée de l’eau fait la toile de fond ; plus une petite erreur d’aiguillage, malgré le GPS ; plus un nouveau tunnel qui nous mène au-delà du niveau de Varenna ; la sortie suivante, descente avec quelques virages bien serrés, arrivée sur le Lac, direction Varenna…, route chiusa (fermée). Bon, pas de problème, continuons vers le nord en restant au bord de l’eau. Nous sommes à Bellano, dans la voiture à pique-niquer avec le lac en face de nous. Pas un chat. Il fait frais et le ciel est maintenant d’un gris uniforme se confondant avec la couleur indéfinissable du lac. Improbable : un vieil homme tient un étal sur la promenade en front de lac proposant un choix hétéroclite d’objets que nous n’avons pas pris le temps d’inventorier. Comme il n’y avait pas de clients, on le voyait passer devant nous, penché en avant, tout occupé ou préoccupé qu’il était de décider si oui ou non il devait plier bagage ! Nous ne le saurons jamais, car nous ne l’avons pas revu, et son éventaire est resté ouvert à la convoitise et la curiosité de… personne. Le quai restait désespérément vide…
Après quelques tours et détours, longeant un moment le lac de Lugano en Suisse puis le lac de Locarno toujours en Suisse, nous franchissons de nouveau la frontière italienne et longeons la rive occidentale de ce même lac qui s’appelle ici le lac de Garde. L’arrivée est en vue…, mais je me suis trompé de destination. Ce n’est pas Cadenabbia mais Cannobio.
De cette erreur grossière, nous découvrons un petit paradis totalement désert en cette saison. À revoir sous le soleil, même si à notre arrivée il nous a fait le plaisir de percer les gros nuages gris nous laissant admirer une végétation exubérante où les palmiers côtoient les sapins. Le lendemain pour regagner la Suisse et faire une halte à Martigny, nous avons emprunté une route improbable, unique et en mauvais état. Cette route aux mille lacets se déploie dans un décor de forêts de mélèzes dont le feuillage automnal brun-doré flamboyait dans le soleil qu’accentuait l’humidité de la nuit ou peut-être de la pluie de la veille.
Dans ce paysage de gorges profondes et de montagnes dont certains sommets étaient enneigés, nous nous sommes retrouvés « bloqués-arrêtés » net par une fermeture de la route sans possibilité de faire diversion ni trouver une déviation. Cette portion de route n’est ouverte qu’entre 12h30 et 13h30, car il y a des travaux pour éboulement de la chaussée… Heureusement, ii était déjà 11h30 et ils ont eu la bonne idée d'ouvrir la route à 12h20...
Enfin la route se fait presque droite et d'un bon revêtement pour franchir le Simplon, puis l'autoroute en direction de Martigny pour visiter l'exposition Gustave Caillebotte, impressionniste et moderne à la Fondation Gianadda... Après une nuit passée dans les vignes de Chexbres (Canton de Vaud) et un bon petit repas à Bonnevaux (Doubs) le lendemain 11 novembre (Auberge de la Haute Joux, excellent), nous avons regagné nos pénates de la colline éternelle.
*
Madame Solario - Gladys Huntington - Les Belles Lettres
Qui a écrit Madame Solario ? Nata Minor - Editions A.M. Métailié
Comme, loin de notre Marie-Madeleine, nous pensons toujours à elle, nous l'avons photographiée au fil de nos visites de musées. Remarquez que même dans les situations les plus incongrues, elle se sépare rarement de son flacon de Chanel n°5.
Voici un petit florilège. Nous vous laissons le soin de retrouver les peintres qui l'ont prise pour modèle.