Le voyage aux Sources...

Publié le par kate.rene

Le voyage aux Sources...

Aux sources de quoi, me direz-vous ?

Tout a commencé par un itinéraire à énigmes (en gras et italiques). C'était le cadeau de René pour notre 16ème anniversaire de vrai/faux mariage. Noces de turquoise, réajustées en Noces de saphir (décompte erroné de René, 18 ans au lieu de 16 en réalité) . "Le saphir symbolise la vérité, la sagesse, la fidélité et la paix". C'est tout nous. 

Au premier jour, dans les environs de Flavigny-sur-Ozerain, "chez le Cousin, ce grand Gamin"  

Vous avez, comme moi, bien sûr reconnu le château de Bussy-Rabutin. Première surprise, nous y arrivons vers 12 heures 07, le château ferme de 12 heures 30 à 14 heures. Il fait 32°, nous décidons de poursuivre notre route. Nous laissons de côté le Musée du Chien et celui de l'Agriculture, les courses de tracteur et autres festivités annoncées sur des pancartes. 

À quelques kilomètres sur la D971 (Dijon-Troyes), dans un paysage agricole écrasé par la chaleur, un panneau indique "Sources de la Seine". Il ne nous en faut pas plus pour bifurquer. Là, dans un petit val ombragé, nous découvrons un lieu enchanteur dont le panneau d'entrée signale "Ville de Paris". Quelques mètres plus loin, abritée dans une grotte, la nymphe protège la source de la Seine. Le sanctuaire est dédié à la déesse Sequana, déesse de la Seine. 

 

Sous le règne de Napoléon III Empereur des Français, Le Conseil Municipal de Paris, avec le concours du Conseil Général de la Seine, sur la proposition de M. le Baron Haussmann, Sénateur Préfet de la Seine, Grand Croix de la Légion d'Honneur, Par délibération du XVIII août MDCCCLXV, érige ce monument aux sources du fleuve qui a donné son nom au département de la Seine, et auquel Paris doit son antique prospérité. MDCCCLXVII
Sous le règne de Napoléon III Empereur des Français, Le Conseil Municipal de Paris, avec le concours du Conseil Général de la Seine, sur la proposition de M. le Baron Haussmann, Sénateur Préfet de la Seine, Grand Croix de la Légion d'Honneur, Par délibération du XVIII août MDCCCLXV, érige ce monument aux sources du fleuve qui a donné son nom au département de la Seine, et auquel Paris doit son antique prospérité. MDCCCLXVII
Sous le règne de Napoléon III Empereur des Français, Le Conseil Municipal de Paris, avec le concours du Conseil Général de la Seine, sur la proposition de M. le Baron Haussmann, Sénateur Préfet de la Seine, Grand Croix de la Légion d'Honneur, Par délibération du XVIII août MDCCCLXV, érige ce monument aux sources du fleuve qui a donné son nom au département de la Seine, et auquel Paris doit son antique prospérité. MDCCCLXVII

Sous le règne de Napoléon III Empereur des Français, Le Conseil Municipal de Paris, avec le concours du Conseil Général de la Seine, sur la proposition de M. le Baron Haussmann, Sénateur Préfet de la Seine, Grand Croix de la Légion d'Honneur, Par délibération du XVIII août MDCCCLXV, érige ce monument aux sources du fleuve qui a donné son nom au département de la Seine, et auquel Paris doit son antique prospérité. MDCCCLXVII

Sequana, déesse de la Seine

Sequana, déesse de la Seine

La Seine

La Seine

Après cette étape presque rafraîchissante, reprenons nos énigmes. 

... où l'on prouve qu'il n'y en avait pas que dans la mer. 

Mais du sel, bien sûr ! Qui dit sel, dit Salines. Arc-et-Senans est notre étape du jour. Après une traversée de Dijon déserte (34°) et Dole, avec un détour par le chemin de halage du canal (souvenirs, souvenirs) nous rejoignons les Salines Royales. Notre chambre est à la Gabelle avec vue sur la grande cour en demi-cercle. 

... et d'ailleurs, dîner au port le plus proche. 

Je trouve sur la carte un Port-Lesney ! C'est là que nous dînons, au château de Germigney. Quelle table ! 

Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...

L'arc de cercle est bordé par des jardins. La promenade est ponctuée de bornes sonores et de textes de Nicolas Ledoux (1736-1806), l'architecte utopique du lieu. Les Salines qui devaient être construites sur un plan circulaire ss sont finalement arrêtées à un demi-cercle 1774-1779). Aujourd'hui le cercle est reconstitué par des jardins parsemés de statues de Folon. 

Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...

... Le lendemain, 45' pour 41 km, presque à la source et les pieds sans l'eau...

À cette distance, je ne vois qu'Ornans et Courbet. Le musée présente une exposition sur l'âge d'or. Nous échangeons avec un guide "mi-suisse" (ne travaillant que les week-ends... nous sommes lundi !) passionné par Courbet et les autres. Il nous donne un contact pour le Isenbart familial, ici largement exposé dans les collections permanentes. 

Isenbart

Isenbart

Nous reprenons la route en direction de Pontarlier. Nouvelle découverte non prévue : "Les sources de la Loue", maintes fois peintes par Courbet. Après un pique-nique au Chalet de la Loue dans une chaleur presque supportable, descente par le Pretet vers les sources ; 600 mètres de  descente assez sévère (qu'il va falloir remonter) pour découvrir un site majestueux dominé par une falaise de plusieurs centaines de mètres dessinant un arc de cercle au pied duquel surgit l'eau du Doubs : la Loue en est une résurgence. C'est l'incendie d'une usine de boisson anisée qui a permis de s'en rendre compte. La liqueur s'étant déversée dans le Doubs, on s'étonna quelques jours plus tard que la Loue ait pris une teinte blanchâtre et sente fortement l'anis !

Source de la Loue
Source de la Loue
Source de la Loue
Source de la Loue

Source de la Loue

Une des versions peintes par Courbet

Une des versions peintes par Courbet

Pas loin de là jaillit le Doubs ! C'est ainsi que le voyage va devenir le Voyage aux Sources. C'est incontournable et malgré les 37° ambiants nous nous aventurons aux sources du Doubs. Pas d'effort à faire, c'est à 50 mètres du parking.

Les sources du Doubs
Les sources du Doubs
Les sources du Doubs
Les sources du Doubs

Les sources du Doubs

La suite des énigmes m'a donné du fil à retordre :

...dans l'après-midi, 1 heure 22 pour 82 km, au bord de l'eau. Ah oui, mais c'est fermé le lundi (on ira mardi matin). Donc ajoutons 21' pour 21 km, route de France, en plein "milieu", c'est toute une histoire..., demi-pension. 

Il y avait une image pour m'aider. J'ai tout de suite trouvé la première partie, le bord de l'eau, c'est le lac de Joux, mais la suite !!!

L'image jointe à l'énigme

L'image jointe à l'énigme

En plein milieu, c'est sûrement sur la frontière. À 21 km du Sentier, lac de Joux, j'ai trouvé un petit village qui s'appelle la Cure. Nous avions entendu sur France Culture un podcast à propos de l'Arbézie, micronation autoproclamée.

Extrait de l'article de Wikipedia :

La France et la Suisse conviennent de leur frontière dans la rédaction du traité des Dappes le 8 décembre 1862, mais ce traité n'est pas tout de suite ratifié. Entre-temps, un certain Ponthus, possédant une parcelle triangulaire de 10 ares concernée par le découpage et vivant de la contrebande, fait rapidement construire un bâtiment malgré la demande des autorités suisses de stopper les travaux. Le traité est ratifié le 20 février 1863. Or, l'article VII du traité précise qu'il ne portera aucune atteinte aux droits acquis au moment de l'échange des ratifications. Le bâtiment de Ponthus ne pouvant plus être démoli, son propriétaire en fait un bar côté français et un magasin côté suisse, dans lequel il est suspecté d'abriter des activités de contrebande. 

Pendant la seconde guerre mondiale, l'hôtel se trouve en partie dans la zone occupée par l'Allemagne nazie. Max Arbez, alors propriétaire de l'hôtel, profite de sa situation transfrontalière pour faire passer en Suisse, neutre dans le conflit, des juifs fuyant la France, des résistants français, des pilotes britanniques. Les allemands n'ont accès qu'à la partie française (le bar et une salle de service). L'escalier commence en France, mais est en Suisse à partir de la 7ème marche ! (Comme il y a trois volées de marches, nous avons calculé qu'à chaque aller et retour, nous franchissions six fois la frontière.) 

 

 

 

Au premier plan, la porte française, au fond, la porte suisse

Au premier plan, la porte française, au fond, la porte suisse

À la fin de la guerre, la Suisse demande à revoir sa frontière et cherche à acheter l'hôtel en entier mais en vain. La frontière divise toujours le bâtiment et l'activité commerciale doit se conformer aux règles propres à chaque pays (chiffre d'affaires rapporté à la surface). C'est Edgar Faure qui donne à l'hôtel le nom d'Arbézie. Pour continuer dans le même esprit de satire, Max Arbez fait en 1958 une micronation de son hôtel. Il lui donne un drapeau (l'indice) et crée une monnaie : la roupie arbézienne. Il s'autoproclame Prince Max 1er d'Arbézie. Il fait de Charles de Gaulle le premier citoyen d'honneur. Paul-Émile Victor et Bernard Clavel auront aussi cet honneur. 

Pendant le premier confinement de la pandémie, un couple séparé a pu se retrouver à l'hôtel sans enfreindre les lois. Elle arriva par la porte française, il vint par la porte Suisse. 

L'hôtel est toujours la propriété de la famille Arbez. 

Nous avons trop mangé de morilles en Suisse et dormi la tête en Suisse et les pieds en France. 

J'ai le pied gauche en France et le droit en Suisse

J'ai le pied gauche en France et le droit en Suisse

Anecdote arbézienne

Anecdote arbézienne

Le voyage aux Sources...

... Mardi, là où le temps est compté et bien gardé, depuis 1931 pour certaines...

Facile, retour au lac de Joux chez JL. L'espace horloger présente une exposition de Reverso. Photos interdites. 

... puis départ pour l'aventure : la 1 puis la 6 et la 8. 3 heures 11 plus tard et 235 km sans réservation..., à 2164 m. Mercredi ! surprise.

Il a fallu acheter une carte de la Suisse. Et ce n'est que tard, à force de scruter les minuscules informations que j'ai vu 2164. C'est l'altitude du Grimsel Pass. L'arrivée au Grimsel Hospiz se passe de commentaires. Univers minéral démesuré dominé par des géants de pierre, entouré de lacs de retenue à la couleur incertaine. Trois barrages dont le dernier est en reconstruction.  

Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...

L'ancien mur du barrage de Spitallamm date des années 30. Une fissure horizontale est détectée près du couronnement. Les travaux de reconstruction seront menés à bien en 2025 si tout se passe comme prévu. Deux grues œuvrent en permanence, de nuit comme de jour. Deux centrales coulent le béton qui doit refroidir pendant des heures.

Le voyage aux Sources...

Nous n'en avions pas terminé avec les montagnes, les sapins... et les sources. Mercredi, avventura. On monte, on tourne, on retourne, on détourne, on descend, on s'arrête, on en a plein les yeux. 

La source du Rhône. Pour la voir du dessus, nous nous sommes engouffrés vers le col de la Furka... Deux options : repasser la Furka, col encore périlleux ou continuer vers le Gotthard par une boucle 

La source du Rhône

La source du Rhône

Le voyage aux Sources...

Après examen du sol, nous décidons de pique-niquer rapidement à la dure. Puis direction Le Léman. Nous suivrons le Rhône jusqu'à ce qu'il s'y jette. Dernière nuit à St Gingolph (autre village à cheval sur la frontière franco-suisse) avant de regagner nos pénates après un détour par la Route des Sapins.  

Le voyage aux Sources...
Le voyage aux Sources...
St Gingolph

St Gingolph

Le voyage aux Sources...

Enfin une dernière énigme :

sur la première page : ET DÉJÀ 5844...

sur la dernière page : ...ET ENCORE 29220

Eh oui, déjà 16 ans. Je vous laisse deviner la suite. 

Publié dans Voyages

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