Affluence sur les plages le jeudi de l'Ascension
Comme il n'y avait pas de vent, nous avons décidé de passer l'après-midi de l'Ascension au Tal. C'était grande affluence ! Deux personnes prenaient un bain de soleil (au bout de la flèche)..
Nous avons malgré tout réussi à nous isoler pour le livre du jour : Le réveil de Buñuel par Jean-Claude Carrière (chez Odile Jacob). Je crois en avoir déjà parlé. Voici la 4ème de couverture :
"Dialoguer avec un mort : un genre ancien, que j'ai essayé de remettre au goût du jour. Mais il y a des morts qui se taisent et
d'autres qui parlent. C'était le cas de Luis Buñuel. Surprise : il n'avait rien perdu de ses phrases qui mordent, de son regard brutal, de son rire à pleurer. Il me suffisait de l'écouter. Il y a
des morts plus vivants, parfois, que ceux qui croient leur avoir survécu. De tous les films que nous avons écrits ensemble, La Voie lactée fut sans doute le plus inattendu.
Concevoir, écrire et réaliser un film sur les hérésies de la religion chrétienne, cela semblait une gageure folle. Luis m'en parlait depuis notre première rencontre dès 1963. Comment concevoir et
produire un objet pareil ? Lorque Belle de jour obtint le Lion d'or au festival de Venise en 1967, il prit sa décision. Si c'est ça le cinéma d'aujourd'hui, me disait-il, alors
nous pouvons le faire, notre film sur les hérésies." J.-C. C.
Sous la plume de son ami, de son complice Jean-Claude Carrière, avec qui il a tant partagé, depuis Le Journal d'une femme de chambre jusqu'à Cet obscur objet du désir en passant par Belle de jour ou Le charme discret de la bourgeoisie, voici que Luis Buñuel revient nous parler du cinéma, du surréalisme... De sa vie, de notre vie.
Jean-Claude Carrière nous fait revivre un Buñuel bon vivant, drôle, farceur, provocateur pendant les entretiens qu'il imagine avoir avec lui ... dans son caveau, au cimetière Montparnasse.
C'est dans ce petit coin que nous nous sommes blottis pour lire.
Enfin, l'Ascension ? Qu'est-ce que c'est ?
C'est le départ de Jésus après sa résurrection, 40 jours après Pâques. Fériée dans de très nombreux pays à travers le monde, elle tombe toujours un jeudi (17 mai en 2012). Inventée par Luc qui s'inspire peut-être du récit fait par Tite-Live de l'ascension de Romulus :
XVI. 1. Après ces immortels exploits, Romulus avait un jour, pour passer les troupes en revue, réuni l'assemblée dans la plaine près du marais de la Chèvre. Soudain, dans un grand fracas de coups de tonnerre, un orage éclata qui enveloppa le roi d'une nuée si épaisse que la foule ne le vit plus, et Romulus disparut à jamais de cette terre. 2. La frayeur des jeunes Romains ne s'apaisa que lorsqu'à ce ciel si perturbé succéda le calme d'une lumière sereine. Ils virent alors le trône vide. Quand les sénateurs, qui étaient installés auprès de Romulus, leur dirent qu'il avait été attiré dans les airs par la tourmente, ils voulurent bien les croire, mais, comme frappés par la peur d'être orphelins, ils se confinèrent assez longtemps dans un silence attristé. 3. Puis, quelques-uns et ensuite tous à la fois de s'écrier : "Salut à toi, Romulus, dieu né d'un dieu, roi et père de Rome !" Leurs prières réclamaient instamment son assistance : "Sois bienveillant et favorable, et protège toujours ta descendance !"
4. Il y en eut alors, je crois, quelques-uns pour dénoncer sous le manteau le fait que le roi aurait été mis en pièces par les mains des sénateurs. Cette autre version des faits s'est répandue aussi, mais de manière occulte. Quant à la première, elle fut popularisée par l'admiration pour Romulus et l'effroi qui régnait. 5. Il a suffi, dit-on, d' un seul homme avisé pour rendre crédible cette interprétation des faits. C'était Iulius Proculus.
Dans la ville inquiète, qui pleurait Romulus et s'en prenait aux sénateurs, ce personnage de poids engagea sa crédibilité en affirmant devant l'assemblée ce fait inouï : 6. "Romulus, - oui, Quirites ! -, le père de notre ville, aujourd'hui, au lever du jour, est tout à coup descendu du ciel pour venir à ma rencontre. Je ne revenais pas de ma stupéfaction et je suis resté cloué sur place, plein de respect. Je l'ai supplié alors de pouvoir le regarder en face et il m'a dit : 7. 'Va, annonce aux Romains la volonté des dieux : ma chère Rome doit être la capitale du monde. Qu'ils s'adonnent dès lors à l'art militaire et fassent savoir à leurs descendants qu'aucune puissance humaine ne résistera aux armes romaines.' À ces mots, il a disparu dans les airs".
8. Il est surprenant de voir la confiance que l'on accorda aux paroles de Iulius Proculus et de constater combien s'atténua le regret de Romulus auprès de la plèbe et de l'armée, maintenant que la croyance à son immortalité s'était ancrée dans les esprits.
Tite-Live reste cependant prudent, lui...