Croisière au pays des guinguettes
Hier, levés vers 5 heures, nous quittions notre "nid caché" perché pour être à pied d'oeuvre à 8 heures 30 quai de l'Arsenal à Paris. Viviane, pas rancunière (sa dernière expérience de bateau sur l'eau avait viré au cauchemar), avait organisé pour l'anniversaire de Jean une croisière sur la Marne au pays des guinguettes. À 9 heures, 13 marins d'eau douce franchissaient la passerelle d'une péniche de la compagnie Canauxrama pour une virée d'une journée.
À bord, ambiance bon enfant. On nous présente l'équipage : le capitaine du vaisseau, un animateur jovial et un chanteur échappé d'une cave de Pigalle, blanc à faire rougir Dracula himself, le cheveu teint, la guitare pour le moment muette serrée sur son flanc. Jean s'est coiffé pour la circonstance d'une magnifique perruque noire enjolivée de laque pailletée bleue...
Le temps prévu à la pluie se montre clément. Le ciel est presque dégagé. L'humeur est joyeuse.
Nous passons quelques ponts, arrivons à Bercy, admirons le nouveau musée de la mode pas encore ouvert et quelques-uns d'entre nous aperçoivent deux énormes péniches reliées par un filin et ornées de banderoles que nous ne pouvons pas encore lire. Elles barrent la Seine. L'animateur nous explique calmement qu'il doit s'agir d'une manoeuvre de deux bateaux marchands. Ceux qui sont à la proue ont déjà compris : nous ne passerons pas. Les banderoles devenues lisibles, nous découvrons ce texte : Borloo, on prend l'eau, SOS. Viviane réalise difficilement que décidément, les croisières, elle devra les éviter. Notre amiral de vaisseau se renseigne. La Seine est bouclée dans les deux sens, impossible de sortir au-delà de l'île de la Cité dans l'autre sens aussi, donc retour au port, pas de guinguette, plus de croisière. Viviane prend le micro pour conter au public ébahi sa précédente mésaventure, notre chanteur malingre sort de son mutisme pour détendre l'atmosphère, le petit vin blanc, à Joinville le Pont, mon amant de St-Jean, que du classique. À 10 heures et demie, nous sommes au point de départ. Le marché des Arts n'ouvre qu'à 11 heures, quelques gouttes de pluie viennent s'accorder à l'ambiance. Nous nous retrouvons finalement dans un bistrot en face du port où nous noyons notre morosité dans un Petit Chablis et quelques amuse-gueule. Nous finirons cette équipée sauvage chez Jenny à République avec choucroutes, Gewürtz, munster et bière. Excellente journée terrestre au demeurant. Merci Viviane et Jean.