De Bernard de Clairvaux à Roger de Bussy Rabutin - La Bourgogne
De l'austérité à la débauche. Tel fut notre parcours bourguignon de lundi.
L'abbaye de Fontenay, pierres et silence, grands bâtiments nus et vides. Elle est fondée en 1118 par Saint Bernard pour réformer la vie monastique et appliquer la règle stricte de Saint Benoît. Les cisterciens (ordre de Citeaux) existent depuis le début du XIe siècle. Fontenay est une des premières abbayes de l'ordre.
Un extrait du précieux document de Timothy Shaw concernant Bernard de Clairvaux :
BERNARD, Saint, of Clairvaux (1090-1153)
French mystic and theological writer.
Rode along the shore of the lake in 1125 with a party of scholars.
Someone asked him what he thought of the lake; the saint looked
at him blankly and said: ‘What lake?’.
La beauté lui était-elle étrangère à ce point ?
Il est vrai qu'à Fontenay, comme dans les autres abbayes cisterciennes, on ne s'embarrasse point de fioriture. La beauté des lieux n'est due qu'à l'ascétisme et aux proportions des bâtiments. Un peu austère pour nous qui préférons de loin les austérités vézeliennes. À Fontenay, les châpiteaux de l'abbatiale sont ornés de simples fleurs stylisées, assez frustes.
Un beau retable sculpté,
une statue Notre-Dame de Fontenay datant de la fin du XIIIe siècle
et deux gisants (le chevalier Mello d'Époisses et son épouse) sont les seuls "décors".
Un escalier partant de l'église mène au dortoir où les moines dormaient à même le sol. De la paillasse aux offices religieux, le chemin était court.
Le cloître et sa cour d'où on peut voir les cheminées du chauffoir, seul endroit où l'on faisait du feu (en dehors de la cuisine et de l'infirmerie), et le minuscule clocher.
Deux salles attenantes au cloître, la salle capitulaire et la salle des moines servaient aux affaires courantes et à l'activité des copistes et des enlumineurs. Un immense bâtiment abritait une forge, preuve que les moines ne faisaient pas que se tourner les pouces et prier.
L'abbaye déclina au XVIe avec le système de la "commende". Les abbés n'étaient plus élus par les moines, mais nommés par le roi. On observe le même phénomène au Mont Saint-Michel. Elle fut vendue à la révolution et devint bien national. Rachetée en 1820 par Elie de Montgolfier (un descendant des inventeurs de la montgolfière), elle est transformée en papeterie. Puis en 1906, le banquier Edouard Aynard, gendre d'un Montgolfier, la rachète et commence une restauration. Aujourd'hui, elle est toujours la propriété des Aynard, et est classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO.
Nous avons déjeuné aux Maronniers à Buffon, recommandé à juste titre par le Routard. Arrivés trop tard et repartis trop tôt, nous avons manqué les forges de Buffon. Ce sera pour une autre fois.
Direction Bussy pour changer de décor et d'esprit. (Prochain article)