De Bernard de Clairvaux à Roger de Bussy Rabutin - Suite

Publié le par kate.rene

Après Fontenay, direction Bussy.

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L'oeil est coquin, la bouche gourmande, la pose volontaire. Ce portrait rassemble les traits essentiels qui font Bussy Rabutin. Il naît en 1618, est le cousin de Madame de Sévigné avec laquelle il échange une nombreuse correspondance. C'est aussi un homme d'armes. Turenne aurait dit de lui : "M. le comte de Bussy est le meilleur officier de l'armée surtout pour les chansons."


Saint-Simon le dira en revanche « très brave à la guerre », mais parlera sans indulgence de « la vanité de son esprit » et de « la bassesse de son cœur », comme de ses « fades et pédantes lettres ». Saint-Simon n’a jamais été un juge objectif, et les grâces faciles et élégantes de Bussy-Rabutin ne pouvaient que lui déplaire. Bien avant le choix de l’Académie, la réputation du comte de Bussy était controversée et ses frasques jugées coupables, à une époque où le libertinage était toléré, à condition de ne pas manquer à la bienséance. Il avait connu une première fois la Bastille, cinq mois, après une idylle avec une très jeune et très jolie comtesse de Bourbon Busset, qui l’avait conduit à délaisser son régiment. Celui-ci en avait profité pour piller le pays. Lorsqu’il eut trente ans, l’enlèvement d’une charmante veuve, sans résultat heureux pour lui mais qui avait eu les apparences d’un rapt, causa un premier vrai scandale.

Ce fut pire, quelque dix ans après, quand le bruit se répandit d’une nuit de débauche, en temps de carême, dans une maison de campagne de Roissy. On prétendit que ses joyeux compagnons avaient baptisé des grenouilles, puis un cochon de lait qu’ils avaient mangé. La reine mère « en témoigna un grand ressentiment », rapporte Mme de Motteville. Bussy-Rabutin se défendit en disant, en propres termes, que depuis vingt-cinq ans il n’était pas « fort délicat sur la dévotion », mais que personne n’était « moins impie ».

Il fut exilé quelques mois dans ses domaines de Bourgogne, avant d’être admis à reparaître parmi les gens tenus pour honorables. Il devait écrire à Mme de Sévigné : « Je veux des hauts et des bas dans ma vie », et son existence avait été jusque-là agitée à souhait. Ce n’est donc pas une sage conduite que l’Académie avait entendu honorer. 

 Extrait du site http://www.academie-francaise.fr/discours-prononce-loccasion-du-tricentenaire-de-la-mort-de-bussy-rabutin

 

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La cour centrale du château est bordée de trois ailes. On visite la chapelle, les cuisines et remises.


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Ci-dessus, le retable de la chapelle illustrant la résurrection de Lazare.

 

La salle des Devises montre le portrait de Bussy. Tout autour, des devises qu'il a adaptées à son histoire de courtisan exilé et d'amant malheureux.

 

Une grande pièce regroupe les grands chefs de guerre admirés par notre homme. Il figure bien évidemment parmi eux, au milieu de Bertrand du Guesclin et Cromwell.

 

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Dans la chambre, des portraits de femmes. La scénographie n'est pas d'époque. Ces portraits sont des épouses et maîtresses de rois. Ils se trouvaient à l'origine dans la galerie en regard des rois auxquels elles étaient liées. Cette présentation jugée trop osée a été remaniée. Dans cette galerie, en face des rois (de Hugues Capet à Charles X), se trouve maintenant la famille Rabutin.

 

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Mais l'impression ressentie quand on entre dans cette chambre correspond bien à l'idée qu'on se fait du grand séducteur... 

 

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Au milieu de ces portraits se trouve un triptyque : l'épouse de Rabutin, Louise de Rouville, Madame de Sévigné et sa fille, Madame de Grignan.

 

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Dans la tour attenante à la chambre, "le cabinet de la Tour dorée" se trouvent les portraits des amies de Bussy. Chaque portrait est assorti d'un commentaire, souvent caustique, commentant les charmes de la dame et les déconvenues subies en amour...


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Des jardins à la française, parterres, grand bassin et un labyrinthe aménagé lors de la dernière restauration de 1993. Pour le clin d'oeil à notre amie Édith de la Héronnière qui a écrit un livre sur les labyrinthes, nous nous sommes engouffrés dans l'entrée. Nous avons marché, tourné, encore marché dans ces couloirs de verdure plus hauts que nous. Le tracé est simple puisque pas d'embranchement, pas de piège... Le piège est à la fin. Puisqu'arrivés au bout, nous n'avons pas trouvé de sortie, mais un arbre autour duquel il nous a fallu tourner.... pour faire le chemin inverse. La sortie est à l'entrée.

 

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Tout autour des jardins sont aménagées de petites niches avec un banc, bien à l'abri des regards...

 

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Bussy Rabutin a écrit, outre ses mémoires (publiées au Mercure de France) une Histoire amoureuse des Gaules. Ce récit qui le campait en Jupiter séducteur, émaillé de railleries libertines, et son amitié avec Fouquet lui valurent d'être embastillé, puis exilé dans son château de Bourgogne par Louis XIV. C'est ici qu'il écrit ses mémoires dans lesquels le pouvoir et la Cour sont croqués sur le mode caustique.

Il entre à l'académie française en 1665 au fauteuil 20.

Le roi lui pardonne en 1683, l'invite à assister au lever, ce qui est un grand privilège. Mais l'accueil froid que la cour réserve à Bussy l'incite à retourner en Bourgogne où il finit ses jours. Il meurt en 1693 à Autun, à l'âge de 75 ans.

 

 


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