Don Quichotte
Miguel de Cervantes Saavedra (1547-1616)
El ingenioso hidalgo Don Quijote de la Mancha
Ce grand roman fut écrit au début du XVIIe siècle. Le premier volume sort en 1605, le second en 1615. Il connaît dès sa parution un immense succès dans toutes les couches de la société. Il est lu à haute voix sur le parvis des églises, dans les champs et les fermes, à la cour.
Cervantes meurt le même jour que Shakespeare, le 23 avril 1616, mais pas à la même date (histoire de calendriers grégorien et julien).
Il est traduit en français par César Oudin (1560-1625), traducteur du Roy, dès 1614.
Nous le lisons dans une traduction d'Aline Schulman (paru au Seuil en 1997). Illustré par Antonio Saura.
Ci-contre, Dessin de Picasso
Les noms propres devenus substantifs dans le très sérieux dictionnaire Robert :
dulcinée : femme inspirant une passion romanesque
maritorne : femme laide, malpropre et désagréable
Don Quichotte : homme généreux et chimérique, qui se pose en redresseur de torts, en défenseur des opprimés
don-quichottisme : caractère, comportement d'un Don Quichotte
L'écriture est une langue accessible, parlée : près de 90 % du roman est constitué de dialogues.
Amadis de Gaule, Orlando Furioso , les chevaliers de la table ronde, Tristan et Yseult, La chanson de Roland sont les héros qui hantent Don Quichotte mais avant tout qui ont enflammé l'imagination de Cervantes.
Jean Potocki (1761-1815) a lu Cervantes, c'est sûr. La Sierra Morena, les récits à tiroirs, les aventures en cascade, l'intervention de personnages étrangers à l'histoire de fond, etc. Nous retrouvons tout cela dans le Manuscrit trouvé à Saragosse.
Antonio Saura, illustration pour Don Quichotte
Cervantes fait sa pub :
Dans le Prologue au lecteur qui ouvre la seconde partie de Don Quichotte, Cervantes écrit :
" J'oubliais de te dire que tu auras bientôt entre les mains mon Persiles que je suis en train de terminer, et la seconde partie de Galatée."
Et dans sa Dédicace au Comte de Lemos :
"... et sur ce je prendrai moi-même congé, en offrant à Votre Excellence Les Travaux de Persiles et Ségismond, livre que je compte finir d'ici à quatre mois, si Dieu veut, et qui sera ou le pire ou le meilleur qu'on ait écrit dans notre langue - parmi les livres d'agrément. Je me repens déjà d'avoir dit le pire car, d'après mes amis, il atteindra la plus grande perfection possible."
En 1967 Jacques Brel obtient l'autorisation d'adapter une comédie musicale américaine Man of la Mancha et crée en 1968 à Bruxelles L'homme de la Mancha, repris à Paris en 68 et 69, où j'ai eu la chance de le voir au Théâtre des Champs-Élysées. Dario Moreno tient le rôle de Sancho. À sa mort brutale, c'est Robert Manuel qui reprend le rôle.
Quant aux adaptations cinématographiques, elles semblent avoir été frappées de malédiction. Orson Welles s'y est attelé en 1957 et persévère jusqu'en 1973, mais laisse finalement le film inachevé avec 10 heures de rushes.
Il fut finalement monté en 1992 par Jesus Franco :
Terry Gilliam s'y colle en 2000. Vanessa Paradis ne vient pas, des avions viennent perturber le tournage, des trombes d'eau s'abattent
en plein mois de juillet au milieu du désert et finalement, Jean Rochefort, cavalier confirmé, est victime d'une double hernie discale. Ce dernier désastre met fin au tournage. Les assurances
enregistrent l'une des plus grosses pertes de l'histoire du cinéma. Un documentaire sur ce ratage sortira finalement en 2003 "Lost in la Mancha".
Peter Yates en tourne une version en 2000, mais qui ne semble pas avoir laissé de grands souvenirs chez les cinéphiles.