Houat et Balzac 5

Publié le par kate.rene

Canapé, fauteuil, lit et Portz Plouz en face de la mer déchaînée...


Modeste Mignon  (paru en 1844)

Dédié à une polonaise (corrigé à une étrangère, Mme de Hanska, bien sûr)

modeste mignonGravure de Pierre Vidal

 

• Simon Babylas Latournelle, notaire au Havre (Ingouville)
• Madame Agnès Latournelle, épouse du précédent, fille de magistrat (portrait p. 470-71)
• Jean Butscha, clerc nain et bossu, amoureux sans espoir de Modeste, qui a beaucoup d’humour (il se nomme lui-même le clerc obscur)
• Exupère Latournelle, fils du notaire
• Anne-François Bernard Dumay, ami de Latournelle, locataire de la maison Mignon
• Madame Dumay
• Monsieur Charles Mignon, (fils du Comte Charles de la Bastie), ancien riche propriétaire
• Villequin, nouveau propriétaire de la maison Mignon
• Modeste Mignon, amie de Madame Latournelle
• Gobenheim, fondé de pouvoir de Charles Mignon
• Georges d’Estourny, qui a séduit Bettina
• Bettina Caroline Mignon, soeur de Modeste, morte à 22 ans
• Françoise Cochet, domestique des Mignon
• Melchior de Canalis, poète
• Ernest de la Brière, ami du précédent
• Duc d’Hérouville
• Prince de Cadignan
• Prince de Loudon
On retrouve aussi Madame de Chaulieu, le vicomte de Sérizy, Lucien de Rubempré, Diane de Maufrigneuse, etc.

Charles Mignon est ruiné après avoir acquis une immense fortune. Il part à l’étranger en laissant sa femme et ses deux filles à la garde de ses amis, Dumay, Latournelle et Gobenheim. Il fait une mention toute particulière pour sa fille Modeste, qu’aucun homme ne doit approcher. Sa soeur Caroline est morte et sa mère devient aveugle.
Un jour, cette mère attentive soupçonne sa fille d’être amoureuse. Tout le monde se charge alors d’espionner la jeune fille.
Modeste rêve d’amours romantiques. Un jour, à la vitrine d’une librairie, elle trouve le portrait de Canalis, poète. Elle lui écrit. Canalis, assez fat, confie à son ami Ernest de la Brière le soin de répondre à Modeste. Une correspondance suivie s’échange alors entre Ernet et Modeste (il signe Canalis et elle reste anonyme et signe O. d’Este M.). Cette correspondance est inspirée par celle que Balzac entretint avec Mme de Hanska. Les circonstances font penser à celles qui ont réuni ces deux derniers.
Mais l’amour fait son chemin et le temps des révélations est arrivé. Le père de Modeste est rentré et a refait fortune. Toute la famille est dans la confidence de l’échange de correspondance et Modeste apprend l’imposture de la Brière. Elle s’éloigne de lui. Le père de Modeste, père aimant et futé convoque alors les deux Canalis, le vrai poète et l’imposteur et les invite à venir faire leur cour au Havre. (Dès le départ sa préférence va à la Brière). À ce duo se joint le duc d’Hérouville, Grand Écuyer du roi. Les trois hommes vont rivaliser de séduction pour conquérir Modeste : Canalis, beau parleur assez fat n’est là que pour la supposée fortune de Modeste, le duc d’Hérouville, homme charmant cherche aussi l’argent, mais en gentihomme, quant à Brière, amoureux fou de Modeste, il est un peu en retrait, timide, mais vrai et désintéressé.
Modeste finira par découvrir le vrai Canalis et l’écartera, éconduira aussi Hérouville mais s’en fera un ami et épousera Brière qui, grâce au père de Modeste prendra le titre de Comte Ernest de la Bastie la Brière.
Lieu : Le Havre-Ingouville

 

Pour le plaisir, un extrait : le portrait de Madame Latournelle...

"Mme Latournelle, fille du greffier du tribunal de première instance, se trouve suffisamment autorisée par sa naissance à se dire issue d'une famille parlementaire. Cette prétention indique déjà pourquoi cette femme, un peu trop couperosée, tâche de se donner la majesté du tribunal dont les jugements sont griffonnés par monsieur son père. Elle prend du tabac, se tient roide comme un pieu, se pose en femme considérable, et ressemble parfaitement à une momie à laquelle le galvanisme aurait rendu la vie pour un instant. Elle essaye de donner des tons aristocratiques à sa voix aigre ; mais elle n'y réussit pas plus qu'à couvrir son défaut d'instruction. Son utilité sociale semble incontestable à voir les bonnets armés de fleurs qu'elle porte, les tours tapés sur ses tempes, et les robes qu'elle choisit. Où les marchands placeraient-ils ces produits, s'il n'existait pas des Mme Latournelle ? Tous les ridicules de cette digne femme, essentiellement charitable et pieuse, eussent peut-être passé presque inaperçus ; mais la nature, qui plaisante parfois en lâchant de ces créations falotes, l'a douée d'une taille de tambour-major, afin de mettre en lumière les inventions de cet esprit provincial. Elle n'est jamais sortie du Havre, elle croit en l'infaillibilité du Havre, elle achète tout au Havre, elle s'y fait habiller ; elle se dit Normande jusqu'au bout des ongles, elle vénère son père et adore son mari. Le petit Latournelle eut la hardiesse d'épouser cette fille arrivée à l'âge antimatrimonial de trente-trois ans, et sut en avoir un fils. Comme il eût obtenu partout ailleurs les soixante mille francs de dot donnés par le greffier, on attribua son intrépidité peu commune au désir d'éviter l'invasion du Minotaure (les cornes du cocu), de laquelle ses moyens personnels l'eussent difficilement garanti, s'il avait eu l'imprudence de mettre le feu chez lui, en y mettant une jeune et jolie femme..."

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