Jupiter à Vézelay
Jupiter, le Zeus romain est dieu de l'Olympe. C'est le chef des dieux qui manie la foudre comme moi les allumettes. Et il s'en passe de belles dans l'Olympe. Jugez plutôt : enfants tous deux d'Ouranos et de Gaïa, Cronos/Saturne et sa femme Rhéa sont frère et soeur. Ça commence par un inceste ! Ensemble, ils font quelques mômes que Cronos bouffe les uns après les autres. Par une ruse de Rhéa qui en a marre d'enfanter sans qu'elle puisse garder sa progéniture, Jupiter est sauvé : On le remplace par un rocher emmailloté que Cronos avale, sans faire gaffe.
Son estomac n'ayant pas supporté, il rend tout son manger, c'est-à-dire tous ses enfants. C'est ainsi que sont ramenés à la vie Neptune à qui échoit le royaume des mers, Pluton, celui des enfers. Jupiter, quant à lui, se réserve le ciel. Les deux frangines, Cérès (déesse de l'agriculture, des moissons et de la fécondité) et Vesta (déesse du foyer, condamnée à rester vierge) sont confinées dans des rôles secondaires ; la parité n'était pas encore à l'ordre du jour.
Jupiter se marie avec Junon, mais il ne lui est pas très fidèle... Il va sauter sur tout ce qui bouge, sans distinction de race ou de sexe. Il saute sa soeur Cérès, puis Maïa, Callisto, Léto, Métis, Thémis, Eurynomé, Danaé, Sémélé, Alcmène, Léda, Io, Europe, et j'en oublie. Pour arriver à ses fins, il n'hésite pas à se transformer. Tantôt il prend l'apparence du mari légitime, d'un cygne, d'une pluie d'or, d'Apollon, d'un taureau. Les pauvres filles séduites subiront toutes ou presque les foudres de Junon (qui a dû les piquer à son mari, les foudres). Une sera poursuivie par Python, une autre (Io) transformée en vache pour le plaisir des cruciverbistes, une précipitée dans la mer, une enfermée dans un coffre, une foudroyée, une condamnée au bûcher, etc. Bref, il n'est vraiment pas fréquentable.
Je sais, je mélange mythologie grecque et romaine, mais ce n'est pas grave. Le tout est de savoir qu'il est bien mieux d'être un homme qu'un dieu.
Si je vous ai parlé si longuement de Jupiter, c'est que je lui dois une aventure qui ne me ressemble pas. À Vézelay, il y a une échoppe dont le propriétaire organise des sorties autour de Vézelay. René nous a inscrits à l'une d'elles. Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, alors que nous rentrions tout juste de Suisse, nous avions rendez-vous à 2 heures 45 du matin pour une randonnée nocturne à la rencontre de Jupiter. Après deux heures de sommeil et un café rapidement avalé, j'ai chaussé mes baskets (presque neuves), enfilé un pull et René m'a poussée dans la voiture pour rejoindre la place en bas du village d'où nous devions partir. Le temps était clément (sic) Nous nous sommes enfoncés dans l'obscurité, avons eu un cours de cosmologie, d'astronomie. Nous avons repéré les constellations et une heure après, comme suspendu par un fil sous le quartier de la lune décroissante, nous avons découvert Jupiter. C'était assez beau. Un peu au-dessus de lui, il y avait paraît-il Uranus. Mais seuls ceux qui avaient des jumelles, et surtout l'habitude ont pu apercevoir la minuscule planète bleue. Nous avons appris que Jupiter était de plus en plus mitraillé par d'énormes météores. On peut voir un petit film de la dernière collision en date à cette adresse :
http://www.cidehom.com/astronomie.php?_a_id=438
Nous sommes descendus de la colline par un chemin escarpé jusqu'à St-Père et sommes remontés par un chemin tout aussi escarpé par la Cordelle, le lieu d'où aurait été prêchée la deuxième croisade le jour de Pâques 1146 par Bernard de Clairvaux. notre guide nous raconte que la tribune officielle se serait écroulée sous le poids des chevaliers et d'Aliénor d'Aquitaine. Nous avons terminé la grimpette sur les remparts derrière la basilique pour regarder le soleil se lever.
Vous le croyez, vous ? Levée à 2 heures 15 du matin pour aller faire une marche de 10 km ?? Moi, je ne le crois pas encore.
Arbre généalogique approximatif de Jupiter/Zeus :
En fait, si les dieux sont dans le ciel ou dans les constellations, c'est la faute à Ératosthène, qui les a catastérisés. Me demandez pas comment, c'est comme ça.