Juziers - Orly - Lisbonne - Eyjafjallajokull - Bordeaux - Orly - Juziers
Nous sommes partis confiants. Nous avions tort.
Levés à 4 heures pour un départ à 7 heures 30 à Orly... C'est tout René.
Première erreur : nous avons laissé la voiture au parking d'Orly.
Lisbonne, premier contact avec une heure de décalage horaire : Hôtel Tiara Park Atlantic magnifique, vue décoiffante sur Lisbonne, métro pas trop loin (en descente à l'aller), météo hésitante.
Je cite maintenant René :
"La musique classique accompagne nos premières heures à Lisbonne, nous sommes le jeudi 15 avril 2010, il est maintenant 12 heures 11 (environ) et après une "sieste" nous allons à la rencontre de Saramago, Manuel de Oliveira et autres portugais vivants ou morts..."
Hésitants sur le moyen de transport du séjour, nous prenons le métro pour aller déjeuner pas loin d'une officine de location de scooters. Adresse du Routard où nous mangeons pour la première fois de la bacalhau (morue). Nous faisons connaissance avec les pavés qui recouvrent la ville entière, rues et trottoirs, ruelles, plaques d'égouts, chemins, places, etc. Métro et tram pour voir le Tage et pousser jusqu'à Belem (qui signifie Bethléem en portugais). Descendus un peu trop tôt, nous usons nos semelles pour atteindre le monastère dos Jeronimos.
Ensemble surprenant, de style manuélin, un peu pâtisserie sur les bords. Église immense dont la nef est soutenue par des piliers qui semblent fins pour le poids qu'ils ont à supporter. Et pourtant cette construction fut une des rares à survivre au terrible tremblement de terre qui détruisit en 1755 une grande partie de Lisbonne. C'est là que sont les tombeaux de Vasco de Gama et de Fernando Pessoa.
Nous enchaînons sur le musée de la marine avec ses centaines de maquettes de bateaux, galères et autres trucs qui vont sur l'eau. Dans un autre bâtiment, il y en a même des vrais, grandeur nature. Fourbus, nous rentrons par les mêmes moyens mais descendons à une autre station en dessous du parc Eduardo VII qui borde notre hôtel. Mauvaise pioche : il faut traverser le parc. Ça monte et ça descend fort sur un peu plus d'un kilomètre et pour couronner le tout, il se met à pleuvoir des cordes. C'est donc trempés et fourbus que nous regagnons l'hôtel. Trop fatigués pour ressortir, nous dînons sur place d'un magnifique ris de veau et de deux desserts.
Vendredi, temps maussade donc grasse mat' puis changement d'hôtel. Le Marriott Lisboa est nettement plus vétuste que notre luxueux Tiara Park. .C'est dans le taxi que je commence à comprendre qu'un problème se profile à l'horizon du retour. Au British Bar, je suis en face de la télé qui diffuse déjà quelques nouvelles alarmantes que nous ne comprenons qu'à moitié. En 24 heures, nous avons encore mal assimilé le portugais. Repas au Cortador Oh Lacerda !, petit estaminet tapissé de billets de banque du monde entier, patron sympa, bonne bouffe. C'est en face du musée Calouste Gulbenkian. Visite du musée, riche collection qui couvre plus de quatre millénaires. La salle consacrée à Francesco Guardi, peintre vénitien, nous ramène à notre précédent voyage, c'est presque aussi beau que Canaletto. Étonnante collection de Lalique. Expo temporaire de natures mortes (still life en anglais !!) magnifiques. Nous terminons par le musée d'art contemporain, pas très riche. Nous enchaînons sur l'Alfama, une des sept collines de Lisbonne. Raides grimpettes sur les ruelles pavées... J'aurais tellement aimé prendre le tram historique ! Mais nous aurions manqué toute la partie authentique, les petites boutiques, les coiffeurs, le "mini super mercado", les portes ouvertes où l'on entend la télé qui diffuse le futebol ou Amalia Rodrigues (prononcer Rodrigueche), la vrai vie lisboète.
Après un porto "dans un café bar tenu par une vraie qui cause avec deux vraies dans un décor formica estampillé d'époque, en bruit de fond la TV, bref plus typique c'est plus difficile, touriste = 0." (RF). Après un autre arrêt en face du musée du Fado, nous nous installons à l'Esquina de Alfana où nous passons une soirée d'enfer. Je laisse une fois de plus la parole à René :
"Amalia Rodrigues, l'âme du fado est la patronne du Portugal avec St Vincent dont les reliques ont été ramenées par Vasco de Gama quand il est revenu de ses conquêtes chinoises. En fait, St Vincent mort a été accompagné par les corbeaux qui ne l'ont pas dépecé et donc, St Vincent arrive à Lisbonne en partie conservé mais mort. Donc, les corbeaux sont des héros et Saint Vincent le patron de la ville, enfin voilà grosso modo.... Esquina de Alfana. On est les premiers mais on s'en fout. On en a plein les pattes... Ce soir poisson, vin blanc. Fado pendant les sardines grillées (extraordinaires). La patronne chante, le guitariste (12 cordes) ressemble à Pascal. Maigre, de longs doigts touchant précisément le manche, arpèges en permanence, accompagné par un guitariste 6 cordes pour le fond musical..."
La patronne, les serveurs et même un très vieux client se succèdent ou se répondent à tour de rôle. Émouvant, vrai. Pas ou peu de touristes. Il est très tard quand nous rentrons.
Samedi, le congrès a vécu. Faute de combattants. Les avions sont cloués au sol et nous sommes à Lisbonne sous le soleil. René s'aventure au centre des congrès et me donne rendez-vous au British Bar, bistrot "fumadores".
Déjeuner dans un restau que nous trouvons sans le secours du Routard (leur adresse est fermée).
Là encore, bonne surprise et couleur locale garantie. Comme dans de nombreux restaurants, les produits sont exposés en vitrine. Le poulet, l'inévitable morue, les côtes de porc... En attendant le bus, nous nous engouffrons au musée du design et de la mode. Rigolo, gratuit. Mobilier contemporain, depuis les années 20 jusqu'à nos jours, vêtements, débauche de Converses (partout, même collées au plafond).
Trop fatigués par la journée d'hier, nous nous engouffrons dans un bus touristique à galerie pour un parcours dans une Lisbonne vétuste et pas très gaie. Le trajet nous ramène sur nos premiers pas, jusqu'à la Tour de Belem. Retour pour un whisky-yam à l'hôtel. Ce soir, sortie avec le groupe des congressistes français rescapés. Restaurant sur une autre colline à la Casa Do Leao. Il pleut à torrent. Nous ne profitons donc pas de la vue imprenable sur Lisbonne. C'est dommage car c'est certainement le seul atout de ce restaurant dont les prestations ne sont pas à la hauteur du cadre. C'est le plus mauvais repas du séjour. Et les nouvelles ne sont pas terribles. Les avions ne sont pas prêts de reprendre le ciel. Les pauvres organisateurs ont été contraints de trouver des solutions de rechange et ils ont eu bien du mal. Trains pris d'assaut, locations de voiture idem, taxis itou. Après 36 heures de galère, ils nous ont trouvé un minibus qui part demain... à 6 heures du matin. Dommage.
Nantis d'un petit bag avec jus d'orange, yaourt, pomme et barre énergétique, nous montons dans la caisse où nous allons vivre quelques heures en vase clos. Nous suivons le voyage de l'éléphant de Saramago. Le trajet est ponctué d'arrêts pour échange de chauffeur, cigarette ou café (sur 12 personnes, 7 fumeurs, 2 femmes enceintes, 4 médecins, 5 organisateurs et moi et moi et moi). Nous passons la frontière espagnole pas loin de Valladolid, comme Salomon et son cornac Subhro.
Déjeuner sur l'autoroute, arrivée tard à Bordeaux où nous passons la nuit. Nous abandonnons la troupe qui continue sur Paris en minibus pour reprendre le TGV à 16 heures 32. Visite du Musée des Beaux-Arts. En travaux mais une partie peut se visiter. Intéressant. Une grande toile de Pierre Lacour, peintre bordelais nous retient un bon moment. Il faut dire qu'elle se visite : 2,07 mètres/3,40 mètres !! Il a mis 3 ans (1805-6-7) pour en venir à bout. Détails et photos dans la rubrique "Les trucs qu'on a aimé". La gare est en panique car la SNCF, toujours à la pointe de l'évènement reste campée sur ses positions de grève. Le trafic a repris mais pas complètement. Les panneaux d'affichage sont en berne et c'est avec difficulté que nous trouvons notre wagon tout au bout du quai. Yam jusqu'à Paris Montparnasse où nous arrivons avec seulement 20 minutes de retard. Mais le périple n'est pas terminé : comme je le disais au début de ce post, la ouature est garée à Orly Sud... Taxi donc puis Orly déserté, puis retour enfin chez nous juste à l'heure pour voir le cinquième épisode de Millenium sur Canal+ décalé.
Merci le Eyjafjallajokull !