La basilique de Vézelay - chapitre 1
La merveilleuse basilique de Vézelay, joyau de la colline éternelle, ne peut laisser indifférent. Agnostiques ou chrétiens convaincus, vous ne pouvez entrer dans ces lieux sans être bouleversés par une intense émotion. Les mots d'Édith de la Héronnière, dans son très beau livre "Vézelay, L'esprit du lieu" chez Pygmalion, seront plus appropriés que les miens :
"À l'intérieur, certaines perspectives ouvrent sur la magie. Comme à Rome où depuis un simple trou de serrure sur l'Aventin se découvre toute la cité du Vatican et le dôme de Saint-Pierre en son centre, ici, à la verticale d'une dalle du narthex, vers le nord, sous le portail de l'Ascension, une enfilade de colonnes et de voûtes joue une fugue de pierre : du Bach lapidaire. De tous les points de l'église, l'évocation la plus juste de l'intériorité est là, dans cette sérénité dynamique d'un rythme offert par la régularité de la fuite vers le choeur. Là se laisse pressentir l'affinité de l'architecture et de la musique..."
La basilique fut sauvée de la ruine par Prosper Mérimée alors inspecteur général des Monuments Historiques qui la confia en 1840 à Eugène Viollet-le-Duc. Le jeune Eugène, 27 ans, s'attaque à une tâche de titan. Menacée d'écroulement, saccagée à de multiples reprises par les habituels prédateurs, la basilique renaît douze ans plus tard. Viollet-le-Duc sera souvent critiqué pour ses "reconstitutions" un peu trop personnelles, sur le tympan extérieur par exemple. Là où il n'y avait plus rien, il a laissé s'exprimer son "talent" créateur. Mais ne soyons pas sévères, sans lui, il n'y aurait plus rien et l'essentiel a été merveilleusement restauré. Vézelay est désormais inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco ce qui signifie, on peut l'espérer, quelques subsides gouvernementaux destinés à l'entretien. M. Sarkozy, qui visita récemment la cité, a promis des subventions...
Les chapiteaux ont fait l'objet de nombreuses études et traités et mon propos ne sera donc pas d'en dresser une liste exhaustive. Je donnerai plutôt la parole à Édith, toujours elle, pour les plus remarquables d'entre eux. Elle a écrit un petit opuscule sur le sujet "Histoires lapidaires" qui raconte avec verve et poésie les scènes bibliques racontées dans la pierre. Pour les deux premiers chapiteaux, les textes sont "volés" dans Vézelay, l'Esprit du lieu
Les fleuves du Paradis
"L'eau,... Son évocation dans la pierre nous ramène aux origines mythiques - aux quatre fleuves du paradis terrestre. Quatre personnages nus et portant couronne symbolisent ces fleuves de légende dont le nom nous est parvenu par la Syrie : le Physon, le Géhon, le Tigre et l'Euphrate. Le premier en partant de la gauche retourne une sorte de seau ; le second, à demi couché, les jambes croisées, verse l'eau d'un rhyton ; le troisième, jambes écartées, vomit un torrent de sa bouche, tandis que le quatrième renverse une urne d'où s'échappe une cascade. Les gestes sont généreux, l'eau coule à flots, mais elle ne suffit pas à irriguer la colline sèche."
David et Goliath
"Vêtu d'une courte tunique, légèrement semble-t-il, le petit homme porte ses cheveux longs soigneusement séparés par une raie et lissés dans le cou. Son pied droit prend appui sur le rocher, tandis que le gauche écrase le bas-ventre du géant. Dans le même temps, il s'affaire à lui trancher la tête d'un coup d'épée tenue des deux mains comme font les samouraïs des fresques japonaises. La paume immense du géant bat l'air. Il tombe. Il meurt, vaincu bien plus par le courage et la malice que par la force, affaibli déjà par un jet de lance-pierre reçu en plein front, puis tué par sa propre épée que le gosse a saisie dans son fourreau. David tue Goliath."
Trois nouveaux articles sur la Madeleine de Vézelay sur ce blog :
Les deux petits tympans du narthex
Les chapiteaux
(photographies, plan et liste)