La recherche de Puccini - J1-2-3-4 et fin
Tout a commencé chez Anna, via delle zella, à Lucca où au milieu du XIXeme naquit celui qui nous doit aujourd'hui d'être ici, curieusement contemporain d'un autre qui nous accompagne pendant le
voyage...pourquoi autant de coïncidences ou de ces rendez vous fortuits qui finalement n'en sont pas!!!
Puccini d'un coté qui nous pousse à visiter
la Toscane et son contemporain Proust à la recherche duquel nous avons
décidé de partir !
Dans le calme de ce dimanche matin de juillet, j'écris dans un grand fauteuil du salon de chez Anna. Tous les autres occupants de cet immense appartement prennent leur petit déjeuner. Nous sommes
arrivés hier en voiture depuis Lyon et malgré la circulation de la transhumance estivale de fin juillet, nous étions en milieu d'après midi à Lucca. La fraicheur de l'appartement nous
saisit, plongé dans une demi obscurité par la fermeture des persiennes le protégeant de la chaleur accablante régnant à l'extérieur. En haut d'un escalier droit en pierre nous attendait
Anna. Dès que nous fûmes entrés, le charme de ce lieu nous conquit. Du vaste salon, servant d'entrée, partent des chambres qui accueillent les occupants de ce b&b lucquois. Le moment du
petit déjeuner dominical est propice à une sorte de convivialité de tous les étrangers que nous sommes de la ville à nous retrouver et à chercher à comprendre ce que nous faisons ici et tenter de
faire le programme de la journée.
Le décor de ce lieu n'est que l'accumulation hétéroclite d'objets et d'un pêle-mêle de souvenirs de séjours et de cartes postales venant du monde entier. Tout ce coté bien chargé nous
enchante.
Après notre installation d'hier, nous avons commencé notre reconnaissance de cette petite ville enfermée dans ses remparts majestueux qui nous saisissent en arrivant. Ce matin le temps est
couvert, preuve que la Saint Médard agit autant en Italie qu'en France.
Lundi avant le petit déjeuner, assis dans un grand fauteuil de la chambre chez Anna et dans le silence du matin, devant la fenêtre grande ouverte où le soleil chauffe déjà, je revois la journée
d'hier. Après le cafe matinal, nous avons repris notre gros livre qui se vit et s'entend comme une série tv lente et majestueuse, colorée et éblouissante. Bref nous devenons "addicts" de ce grand
petit monsieur (il mesurait 1,68m au service militaire) de la littérature française du début du siècle dernier.
Vers 11h, nous avons décidé de nous jeter dans la ville avec l'aide de notre guide " Toscane secrète et insolite" (Ed. Jonglez). Ce fut une journée de débauches pucciniennes avec l'achat de
deux versions de Turandot (Callas pour l'une de 1958 à la Scala et Caballe-Pavarotti pour l'autre du 4 novembre 1977 à San Francisco, d'un portrait en pied de l'auteur et autres accessoires
inutilement indispensables. Entre deux achats, nous avons découvert la cathédrale et quelques miracles
bien énormes (voir second article). Naturellement, incontournable dans sa chapelle le volto santo ou le christ noir... Et, comme la cathédrale est en perpétuelle rénovation, juste à coté, on
peut admirer ses richesses sculpturales ou picturales dans le musée de la cathédrale qui est très bien fait. Après la bouteille de vin blanc de Lucca pour accompagner notre repas de midi sur une
petite terrasse que nous avons dû quitter au café car une averse s'employa à perturber notre début de digestion, mais elle fut de court durée.
Mercredi à Florence dans la chambre Cerere du premier
étage du pallazzo Galletti. Il est 7 h du matin, l'air est frais mais le soleil emplit déjà la pièce de ses rayons obliques. Le climat est idéal pour ce premier voyage à la rencontre de Puccini.
Allongé sur le canapé, je contemple cet endroit plongé dans le silence matinal. Plafond à caissons, trompe- l'oeil de moulures au fond de ceux ci, alternant le rose et le vert comme le tableau de
Trinité par Masaccio à la chiesa Santa Maria Novella. Les quatre grandes fresques couvrent presque entièrement les quatre cotés de la pièce dont la hauteur atteint au moins cinq
mètres. Deux grandes portes fenêtres laissent entrer une lumière vive et le soleil du matin. Une scène de mythologie grecque occupe chaque panneau entouré d'un cadre doré en trompe-l'oeil. Chaque
fresque est décorée de chaque coté par deux hautes colonnes corinthiennes. Ces fresques sont presque aussi impressionnantes que celles recouvrant les murs des églises de Florence comme celle de
San Miniato el Monte ou du Duomo dont le plafond du dôme est grandiose avec son son Jugement Dernier par Vasari et qui surplombe de sa hauteur de 90 mètres cette immense cathédrale Santa Maria di
Fiore. La situation en hauteur de San
Miniato el monte nous donne l'occasion d'admirer une vue de Florence et la campagne avoisinante baignant dans les soleil généreux et chaud. Puis le cimetière attenant est bien aussi reposant et
émouvant que celui de San Michele à Venise, ombragé de cyprès si propice à la déambulation et à la promenade.
Jeudi, la date fatidique s'approche. Hier nous avons traversé la région de Chianti sous une pluie battante et ininterrompue nous laissant tout de même un magnifique souvenir de ses paysages. Pour
le repas de midi, nous nous sommes arrêtés à Greve in Chianti pour visiter le plus grand magasin de dégustation et de vente de chianti. Devant l'innombrable quantité proposée et l'absence de
conseils vraiment directs nous n'avons rien acheté. Mais au déjeuner, nous avons bu un bicchiere ou un calice de Chardonnay absolument extraordinaire de 2006 Marina Cvetic, mélangeant des goûts
subtils de figues, de vieilles vignes et dont la couleur jaune ambrée rappelait notre vin du Jura. Et, comme à pratiquement chaque repas depuis que nous sommes en Toscane, nous nous
partageons en antipasti une assiette de mozzarelle accompagnée, le plus souvent de pomodoro. C'est un vrai régal et souvent bien loin de ce que nous connaissons habituellement.
Puis, comme plat principal, nous avons gouté à de fantastiques tripes locales (bolliti e lampredotti) très digestes et délicieuses, accompagné d'un Vino rosso Casalferro 2006 (montipulciano) de chez barone Ricasoli. Et c'est à ce moment là que la pluie a commencé à tomber et sans s'arrêter jusqu'à notre arrivée à Sienne. Nous avons trouvé relativement facilement l'adresse du Palazzo Brucchi empruntant des ruelles désertes, car la circulation est "interdite" dans l'enceinte de la vieille ville. Et, ce matin avant le petit déjeuner, assis devant la fenêtre ouverte, le soleil toscan brille de nouveau repoussant au loin les nuages noirs chargés de pluie et qui s'enfuient au loin. De notre fenêtre, nous apercevons les remparts et de nombreux jardins s'étendant devant nous. Notre chambre est située au deuxième étage de notre Palazzo conservé à l'état d'origine, mais vraisemblablement fragmenté en nombreux appartements dont celui où nous occupons une immense camara dont la hauteur doit atteindre cinq mètres et dont le plafond est décoré en caissons avec les fonds marquetés.
Un silence sépulcral règne dans cet endroit. Le petit déjeuner nous attend dans l'immense salle à manger dont le plafond est peint de frises. Et maintenant nous devons nous pencher sur notre programme du jour à la rencontre de St Catherine....
Sienne donc, mais avec un handicap (cheville foulée à Florence, enflée...), donc programme court pour Kate. René arpentera les rues désertes dès l'aube. Sienne, capitale du Palio, cette course de chevaux unique au monde qui met en compétition les Contrades, équipes représentant les différents quartiers de Sienne et qui rythment la vie sociale. Chaque Contrades a son emblème, son quartier, sa fontaine (où on baptise pour la seconde fois), ses luminaires, son animal.
Deux courses seulement par an, en juillet et en août mais une année de préparation, de tractations, d'alliances ou de mésalliances, de coups bas, de paris. La course a lieu sur le Campo, place à l'horizontalité aléatoire, recouverte de terre pour l'occasion. L'architecture est vraiment particulière avec cette teinte ocre ou marron, "terre de Sienne". S'il n'y avait pas de touristes, on pourrait s'y croire au moyen-âge. Malheureusement pour ma cheville, ça monte et ça descend en permanence et c'est pavé.
René qui a pitié m'emmène à la Pinacoteca où nous passerons quelques heures enchantées et à plat.
Ci-dessous, notre chambre au Palazzo Brucchi (B&B adresse Routard)
Ci-dessus, chez Sainte Catherine...
Puis nous remontons par le chemin des écoliers vers Lucca, puis Viareggio pour ce qui est à l'origine de ce voyage : la représentation de Turandot de Puccini à l'opéra en plein air de Torre del Lago. La remontée se fait par les petites routes. Nous traversons une réserve naturelle où les restaurants sont rares. À midi, la faim nous tenaille et l'enseigne "chez Nando, pizzeria" est la seule à l'horizon. Arrêt. Le patron, environ 70 ans et 130 kg nous accueille. La blancheur du t-shirt est approximative mais le sourire est franc. À la carte, nous choisissons un peu au hasard une "mare caldo", assortiment de fruits de mer et de poissons absolument délicieux. Nous sommes seuls puis viennent s'attabler des locaux dont la particularité est qu'ils commandent tous une bouteille de vin pour deux. Ils arrivent à pied ou en deux roues ou en voiture mais l'un d'eux (qui a dû voir David Lynch) vient garer sa tondeuse à gazon devant la terrasse.
Le service est fait par un punk au bras immobilisé dans une attelle, à la peau grêlée, au crâne rasé hormis la crête, puis par le fils du patron, 180 kg. C'est fun, bon et inattendu. Nous repartons lestés. Viareggio où nous sommes logés est un piège à touristes hideux et surpeuplé. L'hôtel est laid, sur la grande avenue qui le sépare des immeubles bordant la mer. On vous y vend une chambre "avec vue sur mer", mais surtout très chère et avec bruit sur rue.
Nous quittons très vite cet endroit pour Torre del Lago. Visite de la maison de Puccini, sur le lac, très émouvante puisqu'à sa mort, son fils l'a immédiatement transformée en musée. Rien n'a donc bougé. Meubles, piano, partitions, photographies, tout est à sa place. Seul le salon a été transformé en mausolée. Puccini et une partie de sa famille y sont inhumés. Repas sur le lac, avec en fond l'envers des décors de l'opéra.
Puis le spectacle... pour nous grandiose malgré le peu d'enthousiasme des spectateurs. J'ai pleuré au "non piangere Liu".
Nous sommes rentrés à notre hôtel vers 1 heure 30, avons siroté un whisky pour oublier le bruit et la laideur de l'endroit. René, réveillé à 4 heures du matin, m'a secouée. Les valises étaient faites et nous sommes partis, presque à la sauvette en oubliant de régler le parking et la mini bouteille de flotte du mini bar.
Retour en compagnie de Proust. René a conduit tout au long du trajet. Passage du col du St Bernard. Petit arrêt en Suisse dans un restoroute panoramique et gastronomique pour déjeuner sous le regard d'une famille de cabris puis sommes repartis pour la dernière ligne droite. Quand nous sommes arrivés à Vézelay, je levais la tête pour la première fois.
Nos deux guides :
- Le guide du Routard 2011 Toscane et Ombrie
- Toscane insolite et secrète des éditions Jonglez
Ci-dessous, l'énigme envoyée par René à Kate pour lui faire deviner les différentes étapes du voyage.
Première énigme
(En caractères fins, le texte de René, en gras, les réponses de Kate)
À droite, en entrant dans la cathédrale Saint-Martin de Lucques, un labyrinthe y est gravé.
Et à droite un texte est inscrit
Hic quem creticus edit Dedalis est laberint hus ded onullus vader e quivit qui fuit intus ni Theseus gratis Adriane
stamine iutus
"Ceci est le labyrinthe construit par Dédale le crétois duquel personne, y ayant pénétré, ne put en sortir sauf Thésée grâce au
fil d'Ariane.
Il Volto Santo,
le Christ Noir de Lucques ?? qui serait arrivé à Lucques sur une barque sans pilote après avoir traversé la Méditerranée et
remonté le courant du Serchio jusqu'à Lucques
Elle est née à quelques km de là, vénérée depuis plus d'un siècle et pour cause... de stigmates (quand on les a examinés, ils ont
disparu avec un peu d'eau...) :
Sainte Gemma Galgani enterrée avec son directeur spirituel et son confesseur (il doit s'en passer de belles quand ils se
réveillent...)
On peut en savoir encore plus sur elle en interrogeant Jean Verrier puisque la pauvre Gemma, atteinte d'une maladie mortelle
est miraculeusement guérie par l'intercession de sainte Marguerite Marie Alacoque qui est une parente de Jean (véridique).
Pour la suite, je suis beaucoup plus hésitante... Comme c'est le début du voyage, je ne pense pas que nous nous dirigions tout
de suite vers Pise ou Torre del Lago. Donc, je vois plutôt une boucle qui commence par l'Est
À 127 km de Lucques et un peu moins loin de Camigliano (chez Gemma), il y a un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco où
dit-on se trouve une église romane des Templiers, San Jacopo (au dessus du portail, la croix des templiers). C'est à San Gimignano
Plus près, il y a aussi San Miniato,
Il y a tout simplement Florence
Il y a aussi Vinci, la ville natale de Leonardo
Il y a Pistoia un peu au nord de la carte
Mais je crois qu'en fait, nous allons beaucoup moins loin de Lucques : ALTOPASCIO
L ' Ordre de St Jacques d ' ALTOPASCIO:
Cet ordre communément connu comme l'ordre du TAU comme ses armoiries est considéré par plusieurs auteurs comme le plus vieux
des ordres militaires et qui a été ignoré par les écrivains Anglais jusqu'à ce jour.
Vers le milieu du 10e siècle un hôpital fut fondé à ALTOPASCIO près de LUCA par plusieurs moines Augustin avec l'intention de
donner assistance aux pèlerins voyageant par la route de ROME à St Jacques de COMPOSTELLE.
Le premier document mentionnant cet hôpital date d'avant l'année 952. Le document suivant date de 1056 et fait apparaître que
l'ordre était pour quelques temps devenu militaire pour les moines qui commencèrent à équiper une escorte armée pour le passage des pèlerins le long d'une route restée dangereuse entre LUCA et
GENOA.
Comme toujours le principal rôle restait religieux. La règle de l'ordre ne fut approuvée par le Pape qu'en
1239.
A cette date le concept de l'ordre militaire et monastique était
bien établi. D'autres hôpitaux furent construits dans différents lieux d'Europe, dont la France et l'Angleterre.
Mais l'ordre ne fut jamais vraiment important ou largement étendu territorialement. La diminution de la ferveur religieuse et
des pèlerinages signifièrent son déclin. De 1446 à 1537 la maîtrise de l'ordre était dans les mains de la famille CAPPONI de Florence.
En 1537 la maîtrise de l'ordre passa entre les mains de la famille GRIFONI. En effet après une dispute, le Pape PAUL III
excommunia le dernier Maître CAPPONI pour avoir refusé de libérer de l'ordre un de ses neveux.
En 1585 l'ordre fut absorbé par les Chevaliers de saint Etienne de TOSCANE sous le commandement du Grand Duc COSIMO de
MEDICIS.
Les Chevaliers du TAU utilisaient un habit gris foncé ou noir la croix en T de couleur blanche était portée sur le côté
gauche.
Carte présumée de l'itinéraire (un peu fausse pour l'instant)