Paris - 3ème jour
Dimanche est jour de brunch au Mama, et nous aurions bien voulu y participer, mais d'autres aventures nous attendaient et dès que nous
fûmes prêts, soit vers 11 heures, nous sommes sortis dans le soleil et sous un ciel bleu parfaitement uni et avons même couru pour "choper le bus" 76 qui arrivait juste à ce moment-là. Direction
Orsay par Bastille (ligne 89) le temps de contempler une fois de plus le Génie doré et étincelant au soleil de la Liberté. Car en effet nous allions consacrer ce dimanche, non pas à la frénésie
hystérique des cadeaux de Noël, mais à la Liberté d'expression et de création en tout genre, le matin à Orsay pour l'exposition "beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde" du
mouvement des préraphaélites, génial, et à la BNF Tolbiac, l'après midi, pour l'exposition sur Giacomo Casanova, intitulée "la passion de la Liberté ". Le problème le dimanche à Paris avec le
bus, ce sont les délais d'attente, mais quelle liberté d'esprit de ne pas s'occuper de la circulation, du stationnement etc. Quelle liberté!
Orsay, lieu magique, exposition sur le préraphaélisme, mouvement avant-gardiste de la deuxième moitié du XIXe siècle, conduit en
particulier par Gabriel Dante Rossetti, John Everett Millais etc. Peinture, objets, meubles, architecture, la scénographie de l'expo est aérée, agréable et les peintures sont extraordinaires,
lire le petit bouquin de Philippe Delerm, Autumn, sur la vie en partie vraie et en partie romancée de tous ces personnages, Rossetti, Millais, Whistler, John Ruskin et leur égérie féminine...
puis petit tour dans le reste du musée récemment rénové pour admirer le XIXe siècle français, quelle merveille, petite salle consacrée au tableau de Blanche peignant M. Proust et son catleya à la
boutonnière, puis à droite le portrait du marquis de Montesquiou, un des modèles de Charlus dans la Recherche... repas de midi au 5ème étage, café redécoré par les frères Campana, designers
brésiliens bien connus. Bien... Sortie direction boulevard Saint Germain, pour prendre le 63 jusqu'à l'IMA et le 89 pour la
BNF Tolbiac. Mais là la panne, après avoir vu un 63 nous passer sous le nez, nous devions attendre 35mn, aie aie aie ! Et malgré le soleil et le ciel bleu, le fond de l'air était frais voire
froid ; donc une petite marche sur le boulevard nous a un peu réchauffés. Et quelques magasins ouverts dont un de lampes nous permirent d'acheter, oui, deux ampoules, quelle folie ! Le 89
nous déposa sur le site grandiose de la BNF, soufflé par le vent froid et glacial, point de vue magnifique de cette esplanade, plongée dans l'aile Est, expo, livre, Casanova. Depuis le temps que
nous voulions le voir ce manuscrit, quelle écriture, quel français, quel homme, quel esprit, quelle époque, comment revivre les moments de bonheur, de joie ou de plaisir, les écrire, faire jouer
les réminiscences. Comme Proust, il fait revivre le passé, le temps perdu que la mémoire retrouve, que la plume ou le calame grave sur le papier et sauvegarde. N'a t on jamais rêvé de raconter
son histoire sans phare, sans ménagement, avec ses peines, ses joies, ses passions, etc. Et là sous vos yeux, on vous montre le document, au propre, et vous imaginez le vieil homme, au fond du
château de Dux, en Bohème, dans un confort très relatif, travaillant douze heures par jour, tel un forçat, en train d'écrire et soit sourire ou rire de ce qu'il raconte, de ce qu'il revit dans
les phrases qui inlassablement s'alignent sur la page, document de l'éternité, de l'immortalité, lui passionné plus par la liberté que par les femmes (lire le petit livre de Lydia Flem, GC,
l'homme qui aimait vraiment les femmes), homme désintéressé, anti conformiste, qui comme Proust n'en était pas et voulait, comme lui, en être... Là aussi, l'exposition propose des extraits de
film et surtout des tableaux de Guardi, Canaletto, etc., le manuscrit est largement exposé, d'une qualité typographique extraordinaire qui donne des frissons... (ce manuscrit est consultable
intégralement sur le site de Gallica).
La nuit tombe sur la BNF, il est cinq heures et nous devons reprendre le 64 direction Gambetta, descendre à Pyrénées-Bagnolet et rentrer dans notre "Maternel Abri". Quel week end !
Petit commentaire destiné à la RATP.
Pourquoi ne peut-on trouver (internet compris) un vrai plan des bus parisiens avec les emplacements exacts des stations de bus. Pour exemple, sur la ligne 89 dont le terminal est "Bibliothèque François Mitterand", cet arrêt dépose ses passagers à deux blocs de la BNF. Il faut en fait descendre à "Tolbiac". Il existe une iApp qui n'est pas trop mal faite, mais il y manque l'adresse des arrêts. On fait ainsi des kilomètres en trop pour trouver lesdits arrêts et ça, quand on vient de faire deux expos, c'est mauvais pour les pieds...
PS : En attendant le 63 qui n'arrivait, nous avons stationné sur le Boulevard Saint-Germain devant une banque dont l'enseigne ne nous disait rien : Monte Paschi di Siena. Un petit tour sur Google nous a permis d'apprendre qu'il s'agissait de la plus vieille banque du monde, née à Sienne en ....1472.