Six jours en France par les petites routes (suite), Balbec, le Mont Saint-Michel, etc.
Un peu plus au Nord, le fief de Saint-Simon (La Ferté Vidame) et celui de l'abbé de Rancé (La Trappe). Pourquoi ces étapes? Si on peut considérer M. Proust comme une sorte de mémorialiste et son admiration pour le Duc de Saint-Simon, grand mémorialiste du XVIIIè, force pour nous était de passer dans son fief dont il ne reste malheuresement que des ruines et à la Trappe, en souvenir de l'Abbé de Rancé, grand esprit du XVIIè siècle et ami très proche du père de Saint-Simon.
Le château de la Ferté Vidame a subi les outrages du temps. Saint-Simon doit se retourner dans sa tombe
L'abbaye de La Trappe, totalement fermée au public, immense et n'abritant plus que quelques moines, coupés du monde, mais ne manquant pas de place... Un magasin de bondieuseries et une fontaine tellement réputée qu'on y fait la queue pour remplir des jerricans.
Étape du soir trouvée sur le Routard : La Perrière,
chez Martin, collectionneur de percolateurs,
de peinture du XIXe,
chineur, antiquaire, original, famille d'artistes (père, Jean-Paul Barray,
mère,
frère).
Accueil chaleureux, bon repas,
chambres à thème (nous avons choisi la "Marocaine").
Il ne faut pas aller à La Perrière, pour voir La Perrière et y dormir au hasard, il faut aller chez Martin et éventuellement voir La Perrière.
Le Relais d'Horbé - 02 33 25 95 44 - horbe98@wanadoo.fr - relaisdhorbe.com
Bref, si vous n'avez pas compris : nous avons aimé.
Au sud de Lisieux, visite d'un charmant petit château à Saint-Germain de Livet. Nous y avons vu un paon albinos...
Dans une salle du rez-de-chaussée, belles fresques murales. Ici, la décollation de Saint-Jean-Baptiste :
Petit cafouillage dans l'intinéraire de ce troisième jour. Nous sommes redescendus vers le Sud pour voir Bellème (pas grand chose), puis remontés vers Bonnebosq où nous avions réservé une chambre d'hôte dans un petit manoir pour les trois jours autour du mariage (la cause première de ce voyage) "Le manoir du champ versant" (02 31 65 11 07). Nous fûmes finalement logés dans une petite maison avec salon, chambre, cuisine, terrasse pour... 65 euros par jour. Magnifique, accueil très sympathique.
Après une étape désastreuse à Lisieux, très laide ville dont la seule gloire est d'avoir abrité Sainte-Thérèse... un pique-nique sur un banc dans un vilain square, nous avons posé nos valises à Bonnebosq près de Cambremer (petit clin d'oeil à Proust).
Nous voulions voir Balbac, oh pardon, Cabourg. C'était le festival du cinéma et nous avons franchi les marches du Grand Hôtel sur un tapis rouge vif. Nous n'avons pas vu le "lift" ni la chambre 414, mais bu un café à la terrasse du casino, promenade Marcel Proust, au milieu des machinistes qui installaient le matériel pour le soir.
« Et le soir ils ne dînaient pas à l'hôtel où les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l'ombre, s'écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans des remous d'or, la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges (une grande question sociale, de savoir si la paroi de verre protègera toujours le festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs qui regardent avidement dans la nuit ne viendront pas les cueillir dans leur aquarium et les manger). En attendant, peut-être parmi la foule arrêtée et confondue dans la nuit y avait-il quelque écrivain, quelque amateur d'ichtyologie humaine, qui, regardant les mâchoires de vieux monstres féminins se refermer sur un morceau de nourriture engloutie, se complaisait à classer ceux-ci par race, par caractères innés et aussi par ces caractères acquis qui font qu'une vieille dame serbe dont l'appendice buccal est d'un grand poisson de mer, parce que depuis son enfance elle vit dans les eaux douces du faubourg Saint-Germain, mange la salade comme une La Rochefoucauld. »
Repas à Cambremer au P'tit Normand (entrecôte sauce camembert)
Nuit dans notre petite maison
J4 : le mariage à l'église d'Hotot en Auge.
Fête à Cambremer
Dimanche, brunch à Cambremer, finition et rangement au champagne, dernière nuit à Bonnebosq
Falaise (repère C), musée des automates de vitrine, boulevard de la Libération.
Le Mont, arrivée quand la foule repartait, dîner d'huîtres et agneau de pré salé, nuit à l'hôtel Duguesclin.
Visite de l'abbatiale à la première heure.
L'histoire commence au début du VIIIe siècle quand Saint-Michel demanda à Aubert, évêque d'Avranches, de construire un oratoire sur le mont Tombe. Aubert doutant, Saint-Michel insista et pour bien lui faire entrer l'idée dans la tête, il lui frappa le crâne du doigt...
Et voilà le résultat (le crâne de Saint-Aubert est une relique conservée à la basilique Saint-Gervais d'Avranches) :
Bon, le trou n'est pas du même côté, mais on peut voir qu'il ne rigolait pas, Saint-Michel !
Aubert s'exécuta donc. C'est à lui que nous devons cette folie (un dédale de constructions entassées les unes au-dessus des autres sur 80 mètres de long). Bretons et Normands se sont disputé le mont. La faute en est au cours capricieux du Couesnon (sensé délimiter Bretagne et Normandie). La petite rivière a eu tendance à changer de place.
Les moines bâtisseurs bénédictins, les prisonniers de la révolution, à nouveau les bénédictins, enfin les Fraternités monastiques de Jérusalem (les mêmes qu'à Vézelay) se sont succédés à l'abbatiale.
La Merveille est un ensemble de six salles réparties sur trois étages. Des effondrements, des incendies et toutes sortes de cataclysmes ont endommagé l'édifice mais il fut toujours reconstruit.
Les styles architecturaux vont du roman au gothique flamboyant. C'est un parcours austère et complexe, on y circule entre des murailles de granit (de Chausey), on monte et on descend (il y aurait 365 marches pour atteindre l'entrée de la visite). En bref, le Mont est une curiosité qu'il faut avoir vu mais nous préférons la simplicité grandiose et le "presque calme" de Vézelay.
Bizarre ce nom, ND sous terre et ND des trente-cierges, mais nous avons aussi croisé une Notre-Dame de la Jaunisse !!
Départ quand la foule arrive.
Nous avons manqué le très intéressant Scriptorium d'Avranches qui est fermé le lundi.
Le bateau pour Houat est à six heures et nous avons largement le temps, courses à la magnifique quincaillerie d'Auray, achat de bricoles chez un marchand de fournitures pour "artistes", librairie du port à Quiberon et départ pour notre nid morbihanais.