Tous les résultats... Gentileschi, Vinci, Cima...
Avec un taux de participation très moyen (vacances scolaires et élections), les musées étaient très fréquentables ce week-end. Donc pas de queues intempestives, pas d'amas de voyeurs devant les tableaux, bref, l'idéal. Nous avions décidé de faire trois expos :
- La Sainte Anne toute propre au Louvre (50 % pour René, 50 % pour moi)
- Artemisia Gentileschi au musée Maillol (100 % pour René, 90 % pour moi)
- Cima da Conegliano au musée du Luxembourg (90 % pour René, 100 % pour moi). C'est le résultat de nos votes personnels. Il y aura peut-être un deuxième tour.
Commençons par Vinci et sa Sainte-Anne que nous avons vue dans toutes ses versions, ses études, ses copies, ses différents états de restauration.
Liftée, gommée, débarrassée de ses couches de vernis, elle est flamboyante. Mais quand on sait que Vinci a mis presque vingt ans pour ne même pas terminer ce chef d'oeuvre, on se dit que c'est tout de même un besogneux (je plaisante).
L'exposition présente d'autres oeuvres du maître. Ma préférence va à son Saint Jean Baptiste, très ambigü, dont le modèle serait un des "petits protégés" de Léonard : Salai. Ce dernier, à la beauté androgyne, était son élève, disciple, et peut-être amant. Il le suivra jusqu'à sa mort au château du Clos Lucé, près d'Ambroise offert à Vinci par François 1er.
Voici les deux versions du Saint Jean Baptiste. L'originale et celle retouchée par moi, tant il me semble étonnant que ce tableau représente un saint...
Nocturne, vendredi soir car il fallait impérativement choisir son heure d'entrée. Nous sommes sortis vers 21 heures, assez fourbus mais heureux.
Samedi en fin de matinée, nous étions au musée Maillol pour cette étonnante exposition des oeuvres d'Artemisia Gentileschi (1593-1652), femme peintre napolitaine de l'école caravagesque. À cette époque misogyne, elle eut beaucoup de mérite à devenir peintre de cour "... première femme à peindre l'histoire et la religion à une époque où ces thèmes héroïques sont considérés comme hors de portée d'un esprit féminin".
Traumatisée par un viol et le procès qui suivit, son oeuvre est assez cruelle envers les hommes. Elle les aime torturés ou décapités. Pour exemple, les toiles nombreuses relatant l'histoire de Judith et Holopherne.
Pendant la décapitation, Judith a des traits calmes où ne se lit que l'effort. Quand à la servante qui maintient le supplicié, on dirait qu'elle vide un poisson ou un lapin...
Dans la seconde image, le crime est consommé. La tête d'Holopherne est à terre et les deux complices ne le regardent déjà plus. Elles semblent seulement s'inquiéter de la présence d'un intru qui aurait pu les surprendre.
Dans ce troisième tableau, la tête tranchée est dans un panier que les deux femmes emportent pour s'en débarrasser semble t'il.
Magnifiques clairs-obscurs, drapés, bijoux, dentelles, tressage du panier, tout est magnifique.
Artemisia était une femme coquette et nombre de ses toiles représentent de riches vêtements à la mode de son temps.
Pour la petite histoire, les boucles d'oreille en perles sont en vente au bookstore de l'expo... Ah ! les goodies.
Les étoffes sont toujours minutieusement représentées. Elle aime les pompons. On en retrouve sur plusieurs tableaux.
Son père était également un peintre apprécié. Mais les rapports père/fille n'étaient pas des plus harmonieux. La sybille d'Orazio, son père, exposée à l'étage est superbe.
Artemisia ne s'est pas arrêtée à Judith. Salomé, connue pour avoir fait subir le même traitement à Saint Jean Baptise l'a bien entendu inspirée :
Un autre pauvre homme, Jael, est sur le point de se faire transpercer le crâne par un énorme clou. Sisera montre le même calme que les autres prédatrices :
Pour en terminer avec cette furie, voici le portrait d'une dame, un tableau qui m'a transportée d'admiration : le costume est si minutieusement peint qu'on pourrait compter les mailles...
Une dernière image pour comprendre l'influence du Caravage, sur le thème de Judith et Holopherne :
C'est gore, je vous avais prévenus.
Pour en savoir plus sur Artemisia, lire ça.
Nous avons aussi visité deux églises parisiennes : Saint-Sulpice. Nous voulions voir le gnomon et la méridienne utilisés par Dan Brown dans le Da Vinci Code. L'église est laide, sale, triste. Il est vrai qu'après Venise, nous sommes devenus difficiles. Puis Saint-Germain, plus colorée et plus intéressante, mais bon.
Nous avons terminé la journée sur un anniversaire. Il était deux heures du matin et trouver un taxi à cette heure... Nous avons eu de la chance. Le chauffeur, un authentique orthodoxe, originaire du sud-ouest, qui votait Sarkozy (il nous a dit avoir préparé les petites enveloppes bleues pour toute sa famille, "une erreur est si vite arrivée"), et écrit des livres... ça ne s'invente pas.
Dimanche enfin, le musée du Luxembourg pour Cima da Conegliano, un peintre vénitien que nous ne connaissions pas. C'est par le blog de Lorenzo que nous avons eu connaissance de cette expo. Merci Lorenzo.
Cima da Conegliano (environ 1459-environ 1517). Son vrai nom est Giovanni Battista. Cima est le diminutif de cimator (raseur d'étoffe de laine) et Conegliano est sa ville natale. Inspiré par l'école de Giovanni Bellini
mais l'on trouve l'influence de Carpaccio dans certaines de ses oeuvres.
Plusieurs conversations sacrées (La madonne et l'enfant entourée de saints), plusieurs madonnes dans l'esprit de G. Bellini, des visages de vieillards somptueux, des couleurs à la Vivarini, une scénographie et des éclairages parfaits font de cette exposition une merveille. À consommer sans modération (jusqu'au 15 juillet).
L'affiche de l'exposition reprend le visage de son Saint Sébastien sobrement blessé par une seule flèche. D'autres peintres le criblent de nombreux traits.
L'oeuvre qui couronne l'expo est le lion de Venise. Majestueux mais à qui ne va pas ma préférence.
Nous sommes rentrés à Juziers. J'ai voté, comme promis samedi soir, et voté comme j'ai dit, François.
Jambes en compote, genoux douloureux, pieds itou, mais comblés par cette escapade parisienne. Le Mama Shelter est toujours aussi beau.