Venise 2012, voyage d'automne - 2
Lundi, lever du soleil sur la Riva dei Schiavoni, classique. Quelques courses et surtout aller à la librairie acqua alta pour y chiner quelques livres : la correspondance de Proust avec sa mère,
un livre de Magritte, la destination. Lasagnes à midi, connection internet établie : départ pour la mission de l'inventaire des églises que nous nous sommes assigné. Santa Maria Formosa, nous
l'avions déjà vue ! Santa Maria dei Miracoli, aussi, SS Apostoli était fermée, donc la première fut San Giovanni
Cristoforo avec un magnifique tableau de Sebastiano del Piombo au dessus du maître autel :
parmi le groupe de trois femmes à gauche du
tableau, Marie Madeleine regarde le peintre ou le spectateur, tenant dans sa main droite sa fiole de parfum. À droite en entrant,
un tableau de Giovanni Bellini représententant un Saint Jérôme lisant assis sur un rocher et dominant deux autres personnages dont l'un habillé en évêque et l'autre portant un enfant sur ses
épaules, le saint portant le Christ (San Cristoforo). Dans cette église, une chapelle ardente est dédiée à la "madone delle grazie". L'église dont la façade est rouge brique délavé est flanquée
de son campanile carré (comme souvent!) dont les faces sont peintes en rose ! Continuant la calle de S G. Crisostomo, nous pensions passer à la poste abritée dans le fundaco dei Tedeschi, mais
celui-ci était fermé, sûrement en cours de restauration? De même la petite église S Bartolomio.
Juste en face et un peu en hauteur, nous avons admiré au-dessus des chalands encombrant le passage au pied du Rialto, la testa d'oro, enseigne d'autrefois indiquant une pharmacie où l'on
préparait la potion magique ou theriaca, bien prisée à l'époque. Nous mêlant à la foule, dense à cet endroit, nous sommes montés (en vaporetto, linea 1) vers San Stae dont la façade imposante peut être admirée depuis le grand canal, ce qui n'était pas le cas lors de sa
construction initiale. C'est lors d'une de ces restaurations au XVIIIème siècle que sa facade actuelle à été entièrement refaite. Nous étions seuls en y entrant, très lumineuse et un peu
glaciale par sa teinte uniformément blanche. À gauche de l'autel, sur les sept toiles, une de Giambattista Tiepolo représente le martyre de San Bartolomeo. Dans une petite chapelle annexe, à gauche
du maître autel, une crucifixion de Maffeo Verona où l'on peut admirer une Marie Madeleine en bas à gauche, ses longs cheveux blonds, les mains croisées dans un acte de prière au pied de la croix
où la mère de Jésus est évanouie de douleurs dans les bras de sa soeur. Une autre femme debout au second plan, les mains croisées regarde la croix avec un visage de souffrance indicible. Cette
toile sur l'autel de la petite chapelle latérale est entourée d'autres peintures, dont un Saint Eustache et l'empereur signée de l'école de G Tiepolo. Au centre de l'allée centrale de la nef, la pierre tombale en marbre est bordée d'un cadre en marbre noir incrusté de motifs
représentant soit un squelette avec une faux, soit une tête de mort avec deux os croisés, représentations assez saisissantes de la Mort ! Sur la dalle de marbre est écrit "nomen et cimeres una
cum vanitate sepulta". En sortant de San Stae sur le parvis se finissant dans le grand canal, nous sommes passés devant la ca' Pesaro, fermée le lundi, et en arrivant sur le Campo San Cassan,
nous avons découvert une église aussi insignifiante à l'exterieur, voire laide ou du moins sans grâce, que magnifique à l'intérieur. La chiesa San Cassiano. Malheureusement, un cerbère, très
serviable mais aussi très présent nous empêcha de faire des photos. Le
maître autel est entouré de trois Tintoret dont une crucifixion, à gauche, impressionnante représentée dans un ciel noircissant renforçant l'ambiance dramatique de cette scène. L'église est
entièrement éclairée par de grands chandeliers en verre de Murano. La petite merveille de ce lieu est la Cappellinna, petite chapelle dont l'ouverture commune à la sacristie est bien dissimulée.
Notre gentil mais trop présent cerbère nous confia certaines informations sur ce lieu minuscule et magique, decoré de marbre et d'incrustations de pierres précieuses. Nous sommes restés assis
devant l'autel éclairé par notre pièce d'un euro que le cerbère nous demanda pour illuminer les trois Tintoret. Séquence émotion. De retour sur le Campo, nous nous sommes assis pour nous
désaltérer avec le Spritz quotidien de fin de journée. En vain nous avons cherché le numéro 1686, indiqué dans le Jonglez (notre guide favori, Venise insolite et secrète), au pied du ponte della
chiesa, mais nous devions être fatigués, car nous ne le trouvâmes pas. Retour par le vaporetto depuis le Rialto Mercato, bercés sur le grand canal dans le soleil plongeant déjà à l'horizon et
donnant une lumière incomparable sur la lagune et tout ce qui l'habille et l'habite.