Venise 2012, voyage d'automne - 4
Mercredi, grand soleil dans un ciel d'azur d'un bleu très discrètement voilé. Voulant capter une borne internet sur le Campo Bandiera e
Moro, je suis rentré dans l'église de San Giovanni in Bragora, célèbre pour le baptême de Vivaldi dont la musique m'accompagne durant la visite.
Au-dessus du maître autel, un baptême du Christ par G. Cima, detto da Conegliano,
dont nous avions vu une magnifique exposition
à Paris dernièrement au musée du Luxembourg. Un deuxième tableau, tout aussi beau, de Cima représente deux personnages au pied de la croix dans un décor naturel lumineux, sous lequel
sont peintes trois petites scènes en prédelle. Très haut suspendu, au-dessus de l'entrée principale, un grand tableau de Palma le jeune représente le Christ devant le
calif entouré de nombreux dignitaires enturbannés de sa Cour. Malheureusement, trop haut et à contre-jour, il est difficile de le voir en détail, mais
les couleurs chaudes du tableau sont perceptibles et d'une très grande beauté. Plus petit et plus discret, bien que splendide, une vierge et l'enfant d'Alvise Vivarini.
Le plafond de cette petite église est orné de caissons en bois et renforce encore le caractère très intimiste de ce lieu. Sortant sur le Campo, la tentive de connection à Venice connected se confirme payante. Passage dans l'église des grecs en bas de "chez nous" pour y admirer
l'iconostase éblouissante de dorures et retour à la casa pour définir notre itinéraire du jour. Ce soir nous avons rendez-vous à 7h au campo Giacometto, à Rialto, avec Sophie et Bruno pour
un petit lunch... après l'ombra
Après le café pris avec un morceau du biscuit en Saint Martin (pâtisserie traditionnelle
vénitienne à cette époque de l'année.. ça ne vaut pas les fritelle du carnaval), nous sommes partis à l'assaut du Palais ducal.
Et le mot est faible! Tout dans ce bâtiment est à l'image de bon nombre des palais de souverains, la démesure. La grandeur de certaines pièces, comme les salles des
conseils, le nombre astronomique de toiles ou de dorures. Il est impossible de tout décrire tellement il y a de chefs-d'oeuvre... Dans la salle du Grand Conseil, longue
d'une cinquantaine de mètres, il faut s'assoir sur les grands bancs de bois et se laisser submerger par la beauté du lieu qui du sol au plafond exprime son éblouissante majesté. Une
grande majorité de peintures du Tintoret dont l'incomparable Jugement Dernier occupant tout le fond de la salle nous laisse sans voix et admiratifs. Je n'ai pris qu'une seule photo, dans la petite salle consacrée à Hieronymus Bosch dont certaines toiles sont actuellement au Palais Grimani :
c'est un Ecce Homo de Quentin Metsys. Puis le parcours dans les prisons en empruntant le pont des soupirs, nous a fait sans cesse monter et descendre des escaliers tout en
admirant les massives grilles aux fenêtres et les impressionnantes portes des cellules. Quel spectacle! Pas moins de deux heures pour la visite, mais il faudrait bien plus de temps pour
tout détailler. Cette démesure donne un peu le vertige voire une sensation de trop plein, car on ne sait plus où donner du regard... De retour sur la piazzeta, nous avons tenté de
parcourir le chemin discursif des chapiteaux au dessus des colonnes soutenant le Palazzo, mais nous y avons renoncé car une foule dense nous pressait de toute part et le
soleil tapait un peu fort. Un petit mot sur les
deux colonnes roses du Palais Ducal : c'est entre ces deux colonnes colorées que s'annonçaient les sentences de mort avant l'exécution des condamnés. En face, nous sommes rentrés dans le musée Correr pour la visite de la bibliothèque Marciana. Seule, une grande salle est visible et que nous avions déjà vue, encombrée par une exposition temporaire, mais nous
avons refait le dernier étage de la Pinacothèque admirant de magnifiques toiles de Carpaccio, Vivarini, Bellini et d'autres. En sortant du musée Correr, sous le sottoportego
San Geminian, nous avons remarqué la plaque commémorative de
l'église San Geminiano qui fut détruite en 1807 à l'endroit même où fut construite l'aile napoléonienne du bâtiment des
procuraties. Nous nous sommes arrêtés un peu plus loin devant la
vitrine de chez Codognato pour admirer les bijoux et les bagues souvent décorées d'une tête de mort !! (sorte
de signature de la maison). Non loin de là, San Moïse s'ouvrant sur
la calle larga. Assis sur les bancs de cette église, nous avons un peu "soufflé", le palais des doges et le musée
Correr nous avaient déjà bien entamés ! En face de nous, derrière et
au-dessus de l'Altare Maggiore s'élève une gigantesque statue se détachant sur un fond peint décoratif représentant le mont Sinaï avec des anges en adoration. À droite, dans une petite chapelle mal éclairée, une magnifique présentation de la vierge au temple de Domenico Beverenza et en face, encore
plus dissimulée, une ascension de la vierge du même peintre. À gauche du maître autel, deux grandes toiles de Palma le Jeune et de Tintoret, la cena et la lavanda dei piedi, respectivement, impossibles à photographier tant
le bedeau était présent et attentif. Pour les amateurs de légendes vraies, une peinture sur Il ritrovamento della croce, de Pietro Liberi,
avec Sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin agenouillée à gauche et en bas de la scène. Cette pieuse mère partit à la recherche de la Vraie Croix et la trouva grâce d'une
guérison miraculeuse!... Un peu reposés, nous avions décidé
de finir notre journée par Santa Maria del Giglio (Ste Marie des Lys). Sa facade très chargée représente des scènes
maritimes, des bateaux et des plans de places fortes à la Vauban, rappelant que son principal donateur et contributeur était un grand homme de la mer, un certain Barbaro dont
le monument funéraire est dans l'église. Nous n'avions qu'un quart d'heure pour la visiter et nous avons admiré le Rubens
(unique dans la ville) dans une petite capella dissimulée à droite en entrant, mais que fait-il ici ? Nous n'avons pas encore trouvé la réponse. Peut être s'agit il d'un don de
la famille Barbaro ?
Nous avons retrouvé Sophie et Bruno à Rialto, quelques verres de vin, puis nous sommes
allés dans un restaurant napolitain, le Rossopomodoro... Sophie et Bruno nous ont raconté que pour le lancement de ce restaurant
qui fait partie d'une chaîne, le Rossopomodoro a contacté tous les vénitiens et ont apporté dans chaque maison une bouteille de Prosecco. Ça, c'est de la pub !