Venise... de nouveau, huitième et dernier épisode
Venerdi 22
La Spesa calle San Giustinian, alla latteria Ortis où officie toute une famille (moyenne d'âge 75 ans). C'est le meilleur pain de Venise et la baccala !!! Cappuccino dans la calle delle Gate.
Pollo et Trévise
Visite de l'appartement de l'Arsenale avec Sophie, San Giorgio Magiore, exposition d'oeuvres in vetro d'un certain Napoleone Martinuzzi...
Sabato 23
Rialto per comprare il parmigiano, il pastificcio per la pasta al tartuffo
Pomerigio a casa (pioggia).
Domenica 24
René a déserté l'appartement. Il est 7 heures 5O et je suis seule ! Il est encore allé à la messe à San Marco !!!
San Toma', à la rencontre de la "femme honnête" dont on voit sur la façade le masque du visage regardant la fondamenta della donna onesta. L'histoire de cette femme serait la suivante. Un jeune patricien s'éprend d'elle. Pour la voir, il fait fabriquer un poignard par le mari (qui doit être coutelier). Un jour que le mari n'est pas là, le jeune amoureux tente d'abuser d'elle. Elle se saisit alors du poignard fraîchement fabriqué et se tue... Beau, non ?
En passant, nous sommes rentrés dans le pavillon de l'Iraq, hébergé dans le palazzo ca'Dandolo. Humour, cynisme, autodérision, accueil chaleureux, l'art après l'invasion, l'occupation, la guerre civile... Étonnant pavillon vivant de la renaissance de ce pays maltraité.Enfin, une cuisine où on nous offre le thé.
Puis Chiesa e Scuola Grande di San Rocco. Il Tintoretto dappertutto... avec certaines allusions de nature non canonique voire hérétique. La présence d'un personnage dans "l'adoration des mages" (à gauche en entrant au rez-de-chaussée) qui ressemble à s'y méprendre à Guillaume Postel, théologien du cinquecento, mis au ban de l'église, considéré comme hérétique, car propageant l'idée d'un second messie... féminin, après sa rencontre avec Jeanne... la pure... San Rocco lui-même, martyr chrétien, bien "récupéré" par la Sainte Église Apostolique et Romaine, est un dissident orthodoxe notoire, patron des callegheri (cordonniers). Luttes d'influence, domination puissante et armée des dogmes catholiques et apostoliques pour le maintien de son hégémonie "spirituelle" dans le Canon et par le canon s'il le faut.
Ci-dessous, les deux Marie. À gauche, la nôtre, Marie Madeleine, à droite, Marie l'Égyptienne. Selon Guillaume Postel, ces deux femmes ne seraient qu'une et serait le messie féminin...
Flânerie jusqu'à San Pantalon, fermée malheureusement. Quelques autres spots du Jonglez
Le miracle de San Rocco guérisssant un cordonnier (voir plus haut)
achat de pain, de cigarettes et retour à casa.
Lunedi 25
Dernier jour. Valises, rangement et Alilaguna linea blu jusqu'à l'aeroporto Marco Polo. Ah EasyJet... Le départ prévu à 14 heures 40 est retardé. Nous attendons, attendons. Une annonce nous apprend que "pour un problème technique, l'avion ne pourra embarquer qu'un nombre limité de passagers. Ceux dont les billets portent les numéros compris entre 500 et 575 pourront seuls monter dans l'avion. Nous avons les numéros 533 et 534 ! Ouf. L'avion finit par décoller avec deux heures de retard et on nous explique en quoi consiste le "problème technique". Il s'agit de la disparition d'un objet indispensable : un mégaphone. Celui-ci a disparu lors du vol du matin entre Paris et Barcelone... et il est obligatoire en cas d'accident pour communiquer les instructions aux passagers. On se demande pourquoi un nombre réduit de personnes à bord de l'engin permet de se passer de cet objet "indispensable". Le commandant de bord nous dit que dans toute sa carrière, il n'a jamais vu ça. Les pauvres gens restés sur le tarmac y étaient encore ce mardi. Leur départ prévu à 10 heures a encore été retardé... pour cause de grève. Ils y sont peut-être encore.
Nous étions attendus à Juziers par les voisins qui nous avaient préparé à manger. Cooooooool !
Dernier rebondissement : nous avons déjeuné chez l'érudit de la famille et avons évidemment commenté notre voyage à Venise. Quand nous avons mentionné l'épisode de la fête de la Salute et la castradina, il nous a sorti de sa bibliothèque un livre avec cette image :
et une lettre en vieux vénitien, difficilement déchiffrable où il est question d'une commande de "200 libre di Castradina". Il a trouvé ce courrier à Perast, Montenegro, daté du 21 mars 1847 ?
Le Montenegro fut sous domination vénitienne de 1420 à 1797, date à laquelle le traité de Campo Formio le fait passer sous domination autrichienne. La viande utilisée pour faire la castradina venait du Montenegro...