Venise du 5 au 6 avril
6 avril
Hier, Venise nous a tués. Appelons cela le syndrome du 4ème jour. Hier à l'aube je suis parti. Les premiers rougeoiements du soleil apparaissaient à l'horizon et moi, assis à l'arrière du vaporetto, je regardais défiler les images éternelles de Venise endormie, la riva degli Schiavoni vide et la lagune s'étendant à perte de vue, interrompue ça et là par ces constructions de bois, poteaux de signalisation surmontés d'une petite lumière jaune. Arrivé à la station de vaporetto du Lido, seul endroit de Venise où l'on peut prendre du recul et admirer dans le lointain, comme émergeant de nulle part, les montagnes des Dolomites dont les sommets sont enneigés.
Retour sur le programme du 5 avril
Le clou est sans conteste l'église des Frari qui abrite à elle seule Bellini, la sépulture de Monteverdi, l'Assomption de Titien, des
Vivarini, le mausolée de Titien, celui de Canova et bien d'autres trésors.
Nos dernières forces furent consacrées au Tintoret, à la Scuola Grande di San Rocco. Des murs aux plafonds, Tintoret partout. Quelques années furent nécessaires à la réalisation de ce monument de la peinture de la Renaissance. Au premier étage de la Scuola, des miroirs sont à la disposition des visiteurs pour admirer le plafond tout en évitant les torticolis. À l'extérieur, un mystérieux graffiti, symbole ésotérique ou jeu ? Les avis diffèrent. Les touristes s'asseyent dessus sans même le voir...
San Rocco a eu raison de nous.
Depuis la veille, nous lisons à haute voix les "Mémoires" de Giorgione, élève de Bellini (Giovanni, le frère de Gentile et fils de
Jacopo). Lequel Bellini n'était autre que le beau-frère de Mantegna. Giorgione (Giorgio de Castelfranco) ou le grand Giorgio fut lui-même le mentor de Sebastiano del Piombo et de Titien. Même si
ces mémoires sont romancées et reconstituées, elles nous aident à mieux comprendre la vie et la peinture de ces maîtres de la Renaissance italienne et surtout vénitienne.