Vézelay, chapelle de la Cordelle et domaine de la Croix-Montjoie
Nourritures célestes et terrestres :
Nous avions vu la croix de la Cordelle de nuit, à la recherche de Jupiter... Nous nous promettions depuis longtemps de faire une descente diurne à ce lieu historique. Sur cette petite clairière du versant nord de la colline se dresse la croix de bois, en tellement mauvais état qu'une barrière orange incite les promeneurs à contourner le danger. Elle menace en effet de s'écrouler. À deux pas, la chapelle de la Cordelle est ouverte malgré l'absence totale de gardien, de pélerin et de tout autre être animé. Nous poussons une première porte. Pierres séculaires, silence religieux, sobriété. Quelques dépliants et cartes postales, un tronc. Un petit jardin puis la chapelle.
La chapelle de "La Cordelle" est en fait la chapelle Sainte-Croix.
Pourquoi La Cordelle ? Ce nom vient des franciscains aussi appelés cordeliers parce qu'ils portaient une corde comme ceinture.
En 1146, le roi Louis VII de France et le pape Eugène III décident de faire une seconde croisade contre les turcs. Bernard de Clairvaux est appelé à Vézelay pour prêcher cette croisade. L'église, pourtant de bonne taille est jugée trop petite pour accueillir les chevaliers et le peuple. La cérémonie aura donc lieu en pleine campagne, sur la pente nord de la colline, vers Asquins. Les chevaliers en armes, le roi, la reine Aliénor d'Aquitaine assistent à la prédication sur une estrade dont on raconte qu'elle s'écroula sous le poids de l'assistance.
Ponce de Montboissier, abbé du monastère bénédictin, fit dresser une croix en pierre (jusqu'à la Révolution ; elle fut plus tard remplacée par une croix en bois "la croix de Saint-Bernard") puis fit construire une chapelle commémorative, consacrée par Pierre, évêque de Marseille, vers 1150 : la Chapelle Sainte-Croix pour rappeler la croisade.
En 1217 arrive à Vézelay frère Pacifique, délégué par Saint-François d'Assise pour fonder un ermitage de franciscains. On lui prête la chapelle Sainte-Croix. Les frères mineurs s'installent définitivement et peuvent alors construire un couvent de vingt-cinq religieux, vers 1232. Saint-Louis vient quatre fois à Vézelay et leur rend visite (en 1244, 1248, 1267 et 1270).
En 1360, les anglais occupent la Cordelle pour attaquer Vézelay. C'est la guerre de cent ans.
En 1390, le couvent est incendié, puis reconstruit grâce à la famille de Chastellux. Un autre incendie détruit la Cordelle, reconstruite et consacrée en 1491 par l'évêque Albert.
Puis ce sont les guerres de religion. Les troupes calvinistes incendient à nouveau la Cordelle en 1569. Seule la petite chapelle primitive en réchappe. Le couvent est reconstruit en 1637-1643 avec l'aide d'Erart de Rochefort, abbé de Vézelay et Hercule de Beauvoir, comte de Chastellux.
Mais c'en est fini de la prospérité. À la révolution, il ne reste plus qu'un religieux qui vend la toiture, la charpente et le dallage de l'église pour subsister. Le couvent est cédé à un marchand de matériaux qui vend le reste.
En 1949 les franciscains, désireux de se réinstaller ici demandent à la famille de Chastellux, devenue propriétaire des lieux, la permission de réinvestir l'endroit. Un couvent est reconstruit sur l'emplacement de l'ancien. Les frères y organisent des retraites. Une messe est dite tous les matins à 8 heures, sauf le dimanche. La chapelle est d'origine (milieu du XIIe siècle) avec quelques remaniements et restaurations du milieu du XVIIe.
Autre lieu béni visité cette semaine : le domaine de La Croix Montjoie, chez deux jeunes viticulteurs, Sophie et Matthieu Woillez du charmant village de Tharoiseau. Nous connaissions déjà "L'impatiente" pour l'avoir dégusté chez Maryse. Nous avons goûté "L'élégante" et enfin "La voluptueuse". Ces trois vins (Chardonnay) ont chacun leur caractère. N'étant pas oenologue, je ne peux que dire qu'ils sont bons. La voluptueuse (nous en avons acheté six bouteilles) est le meilleur, le plus cher aussi (81€ les 6). Il nous a fait pensé à un Pouilly fumé. Nous souhaitons longue vie à ces jeunes entrepreneurs. Ils sont d'ailleurs très bien notés. Pour revenir sur la Croix Montjoie, il s'agit de cette croix élevée sur un tertre de pierres sur la route de Vézelay. Montjoie, pourquoi ? Les pélerins avaient pour coutume d'élever ce genre d'amas pierreux et de les surmonter d'une croix lorsqu'ils découvraient, avec une joie fervente, à l'horizon, le but de leur pélerinage. Ici, c'est l'endroit exact d'où l'on découvre la basilique sur sa colline.