Voyage scientifique au bord du Léman
Ou le voyage des trois lacs. Pour éviter que les flammes du Saint-Esprit ne nous retombent dessus (nous sommes si près de la Basilique que nous risquions gros), nous nous sommes enfuis en ce week-end de Pentecôte vers l'eau.
Le premier lac à nous accueillir est celui de ma cousine Virginie, Annecy. Dans un cadre inouï, traités en princes, nous avons fait l'apprentissage des sommets qui entourent le lac. Sans aller jusqu'à boire l'eau (avantageusement remplacée par Patrimonio corse, Crémant bourguignon, et autres élixirs) nous avons dégusté les produits du lac, les délicieux filets de féra, en refaisant la famille, la littérature, la chanson, le monde.
La seconde étape nous rapprochait du second lac, le Léman ou lac de Genève selon que l'on est du côté suisse ou français. Josette nous attendait à sa table trois étoiles. Dans un décor que nous avons presque reconnu sans y être jamais allés nous avons fait le plus grandiose repas du séjour. Jugez plutôt : velouté d'asperges aux morilles, pintade accompagnée d'un gratin "Chardon" (pommes de terre et ceps) et de petits pois frais, compotée de griottes flambées au kirsch sur sa boule de glace vanille. Divin. Sans oublier Champagne et vin de Bordeaux. J'en ai encore les papilles qui frémissent. Nous avons quitté Josette à regret pour l'étape suivante :
Évian et le merveilleux hôtel que Maryse connaissait et dans lequel elle nous avait "introduits" : la Verniaz. Vieux palace parfaitement rénové avec vue sur le lac. Chambre surclassée, corbeille de fruits, accueil personnalisé. Nous y avons dîné, toujours invités par Maryse (elle connaît bien les propriétaires). Terrine de raie, pigeons aux abricots et kumquats à la canelle puis soufflé aux cerises.
Nous avons quitté Évian pour rejoindre Lausanne par le chemin des écoliers, la rive Est du lac. Nous passions par Chillon et la halte sur les pas de Byron était évidente. Visite du château des ducs de Savoie, des caves où le pauvre Bonnivard fut emprisonné pendant quatre années en attendant que les Bernois ne le délivrent. C'est cette histoire qui inspira Byron pour son poème The prisoner of Chillon. Le poète a laissé un graffiti sur l'un des piliers du sous-sol.
Puis nouvel arrêt à La Tour de Peilz pour visiter le musée du jeu. Très belle scènographie, meubles de jeu, dés anciens, jeux oubliés. Seul le bookstore nous a déçus : nous n'y avons rien trouver à acheter hormis quelques dés et deux cartes postales.
Un jeu de jaquet qui nous a fait rêver.
La signalétique des toilettes du musée...
Le jeu des tigres et des chèvres que nous allons expérimenter...
Avant-dernier arrêt à Lutry, sur les traces de nos souvenirs, à l'hôtel de Ville et du Rivage, où lors de notre précédent séjour, nous avions trouvé une table excellente. Le chef avait changé et c'était beaucoup moins bien. Puis Ouchy pour intégrer la dernière étape, celle où René doit travailler. Hôtel du Port pas terrible et quand je pense que nous avions le choix...
Congrès.
La Fondation de l'Hermitage était fermée, la Fondation Gianadda aussi. Nous sommes rentrés par le troisième lac, celui de la vallée de Joux avec une étape à Romainmôtiers pour revoir l'abbatiale de St Pierre et St Paul
L'abbatiale protestante Saint-Pierre-et-Saint-Paul se situe dans la commune suisse de Romainmôtier, dans le canton de Vaud. Il s'agit du plus ancien édifice de style roman de Suisse. Un monastère bénédictin fut fondé par saint Romain vers 450 : c'est le plus ancien monastère de Suisse. Il suivait sans doute la règle de Saint Columban. Une première église fut construite, qui était de dimension modeste. Une seconde église, fut érigée par un seigneur bourguignon (vers 630). Au VIIIe siècle les moines reconstruisent le chœur de l'église, qui est consacrée par le pape Etienne II. Elle est dédiée à Saint-Pierre et saint-Paul. C'est à cette époque que les moines adoptent la règle de saint Benoît. Ils sont dès lors moines 'bénédictins'.
et découvrir la dernière maison du Prieuré encore debout, authentique et presque ignorée du grand public. La façade est un petit salon de thé charmant et si l'on ne pose pas de question, on peut passer à côté sans savoir ce qui se cache derrière le salon de thé. Ces maisons de prieuré avaient été conçues pour recevoir les hôtes de marque et comme nous a dit l'homme qui nous a ouvert les portes, c'est la première chaîne Hilton connue au monde et elle date du Ve siècle ! Amazing de la cave au grenier ! À elle seule, la bibliothèque vaut le détour. Cette maison a été rachetée et rénovée par un particulier, Katharina von Arx. C'est un magnifique témoignage de ce que pouvait être l'hôtellerie de luxe au moyen âge :
Et si l'on pouvait figer le temps ? A Romainmôtier, petit joyau situé au pied du Jura, le temps semble y avoir glissé sans laisser de traces. Témoin privilégié de plus de quinze siècles d'histoire, la Maison du Prieuré est aujourd'hui classée monument national et ce, grâce à l'enthousiasme et à la ténacité d'une femme : Katharina von Arx. Parce qu'elle passait par là en 1960 et que personne ne voulait de la maison, la soleuroise a fait d'une ruine, un château. Rencontre d'une femme étonnante. Ecrivain et journaliste indépendante, Katharina von Arx sillonnera les mers du sud et de l'Europe avant de s'installer à Romainmôtier. Petit coin hors du temps, c'est le coup de foudre : elle et son défunt mari, craquent pour la Maison du Prieuré, un bâtiment visité par les rois, puis tombé dans l'oubli. C'était en 1960. Depuis, elle consacre sa vie à la conservation de cette maison, devenue entre-temps monument historique. Une rénovation qui ne s'est pas faite sans peine et qui a été entièrement assumée par des bénévoles.
L'arrivée au troisième lac, celui de la vallée horlogère, s'est faite sous une pluie torrentielle. Nous avons décidé de zapper l'étape pour aller constater que le Saint-Esprit n'avait pas fait flamber Marie-Madeleine pour la ennième fois.
À propos de Marie-Madeleine, nous avons lu le dernier Frédéric Lenoir "La parole perdue" dont l'action se déroule en partie à Vézelay. La première partie du livre est assez passionnante mais la suite ne tient pas ses promesses. Enfin, voici deux devantures photographiées à Lutry pour le clin d'oeil : à côté d'un "Rialto", une mercerie à l'enseigne de notre sainte de prédilection :