Venise, du 7 à la fin
Le diaporama de toutes les photos (iPhoniques...)
7 avril
Départ vers 10 heures, décidés à ne pas trop marcher et à lire le Giorgione. Premier arrêt Campo San Giovanni in Bragora sur le banc au soleil du matin, face à l'église où fut baptisé Vivaldi. Sous le sottoportego dei Preti un peu plus loin, nous avons touché le coeur de brique qui est incrusté au-dessus de l'arche en prononçant un voeu. Je crois que nous avons fait le même mais je cacherai le mien.
L'histoire de ce coeur de brique est bien belle :
Dans cette maison vivait Orio un jeune pêcheur. Une nuit, il entendit une voix "S'il te plaît, libère-moi je t'en prie" et vit sortir de l'eau le visage d'une belle jeune fille. Elle le rassura, lui expliquant qu'elle n'était pas une sorcière et qu'elle s'appelait Mélusine. Elle avait une queue de sirène mais cela ne les empêcha pas de tomber follement amoureux. Elle lui fit cependant jurer de ne jamais tenter de la voir le samedi. Malheureusement, Orio ne tint pas sa promesse et un samedi... Il vit sortir de l'eau un horrible serpent. Mélusine, car c'était elle, lui dit alors que s'il l'épousait, elle serait délivrée du sortilège. Ils se marièrent donc et eurent trois enfants. Mais Mélusine tomba malade et mourut. Orio était inconsolable et avec ses trois enfants, débordé de travail. Il ne pouvait s'occuper correctement du ménage. Mais chaque soir, en rentrant chez lui, il trouvait la maison en ordre, la cuisine faite. Un jour, rentrant plus tôt que prévu, il trouva par terre un serpent qu'il tua. À partir de ce jour, la maison fut toujours en désordre. Il comprit trop tard que ce serpent, c'était Mélusine qui venait l'aider au-delà de la mort. En souvenir de leur amour, on fixa sous le sottoportego le coeur de brique...
Continuant vers l'Arsenal, nous sommes entrés dans la chiesa San Martino sur le pavement de laquelle les
ouvriers de l'Arsenal ont gravé leurs outils.
Entrés dans la zone militaire pour voir le pied-étalon, nous avons été refoulés par un gradé fâché. Le pied-étalon doit être secret défense ! À l'extérieur, une femme déchiffrait les runes gravés sur les flancs d'un des lions. Avant le repas, une petite chiesa tout de même : San Francesco di Paola, via Garibaldi, puis à l'Osteria del Ombra, dégustation de spaghetti alle vongole et d'un fegato alla veneziana. Sieste digestive sur un banc à l'ombre des Giardini d'où nous admirons la statue de Garibaldi et le soldat qui se trouve derrière...
Un soir, un homme qui sortait du bistrot d'en face vit rôder autour de la statue de Garibaldi une ombre rouge. Effrayé, il retourna dans l'estaminet pour raconter ce qu'il avait vu. Ses potes de comptoir se moquèrent de lui et lui conseillèrent d'arrêter le Prosecco. Mais ils furent eux aussi victimes de cette vision étrange. On comprit bientôt qu'il s'agissait de l'ombre du soldat, mort lui aussi, qui avait juré protection à Garibaldi, même au-delà de la mort. On se cotisa pour élever une statue au soldat pour monter la garde derrière Garibaldi. Dès que la statue fut en place, l'ombre rouge disparut...
Vaporetto 42 pour traverser jusqu'au Redentore, église de la Giudecca élevée pour demander au seigneur de faire cesser la peste de 1575 qui tua un vénitien sur trois. Commencée par Palladio et terminée par Da Ponte, sa construction dura 15 ans. Là encore notre guide de la Venise secrète nous a ouvert une porte : celle de la sacristie qui abrite reliques, peintures mais surtout les bustes des Capucins, en cire, avec cheveux et barbe d'origine enfermés sous des cloches de verre... Madame Tussaud et Monsieur Grévin n'ont qu'à bien se tenir... Pas de photo, c'est interdit. Malgré tous mes efforts pour faire diversion, René n'a pas pu en voler une.
Vaporetto 2 pour retraverser jusqu'aux Zattere où se trouve la Pensione de Philippe Sollers (dont le Dictionnaire Amoureux de Venise nous a servi aussi de guide) et l'église des Gesuati, à ne pas confondre avec les Gesuiti (Jésuites). Les Gesuati étaient ainsi nommés car ils invoquaient souvent le nom de Jésus. Nous avons dégusté une glace sur une terrasse puis en entrant par la porte d'un hôtel, nous avons découvert un autre endroit secret : trois cloîtres déserts dont un communique avec le canal de la Giudecca.
La journée n'était pas finie, il restait "à faire" l'Accademia. La lecture de Giorgione nous avait donné envie de revoir La Tempête, les Bellini, Véronèse, Titien, et les autres. Choc.
Sur l'annonciation de gauche (Bellini), les plis du vêtement de l'archange Gabriel auraient été exécutés par Giorgione (dixit Chevreuil).
Ci-dessous, une des très nombreuses Madone à l'enfant de Bellini Giovanni. Il en a peint plusieurs dizaines. Amusez-vous à chercher sur
Google images "Bellini Madone" et admirez le résultat...
7 avril, jour du départ (nous prenions l'avion tard le soir)
San Zacharia sa sacristie et sa crypte inondée
La bibliothèque de l'association scientifique du Palais Cappello où se trouve tout ce que vous voulez savoir sur les Stucs. On nous a fait signer un registre. Les derniers visiteurs étaient venus fin janvier. C'est bien aussi un lieu "secret".
La librairie Acqua Alta. Au milieu d'un véritable foutoir rempli de merveilles, nous avons acheté un livre sur Giorgione pour agrémenter notre lecture du moment. J'ai louché sur une lampe coquine avec porte jartelles et talons hauts et une boîte en étain qui montrait un lit et lorsqu'on ouvrait la boîte, on voyait Casanova dans une posture avantageuse, mais ce n'était pas à vendre.
Cantina da Bruno avec Sophie.
Longue promenade en vaporetto pour amortir le forfait et reposer les muscles
Ospedale de la fondamenta Nove et son cloître
Tour de Murano en vaporetto (42)
Halte au retour à San Michele, l'île cimetière à la recherche des tombes d'Ezra Pound et d'Olga Rudge dont nous avons parlé dans un autre voyage, de Stravinsky et de Diaguilev. Sur cette dernière sont déposés des ex-votos :
des chaussons de danse
Grand tour de Venise avec le 41, puis récupération des valises chez les Grecs et motoscafo jusqu'à l'aéroport où nous avons bu le dernier Prosecco et mangé notre dernière assiette "vénitienne".
8 avril
Qu'il est bon de rentrer à la maison sur la colline ! Qu'il est bon de rêver à ce que nous avons fait. Les images, les lieux, les sons remplissent ma tête comme dans un rêve éveillé. Je me vois là-bas en étant ici. Le jardin est magnifique, la brume recouvre la vallée d'un manteau protecteur. Le soleil du matin ne chauffe pas encore. La journée sera belle dans notre coin de paradis à nous raconter ces derniers jours... à la Ville.