Le procès - les chefs d'accusation - 1ère partie

Publié par kate.rene

Les chefs d’accusation

 

Voici les chefs d’accusation imputés à Napoléon :

 

1- Crimes de guerre et contre l’humanité : il fut un fauteur de guerre qui provoqua de continuels massacres ; il conduisit pendant presque une vingtaine d’années des campagnes belligérantes tous azimuts, menant également à la ruine sa propre armée dans la désastreuse retraite de Russie  : faits commis de 1798 à 1815.

 

2- Séquestration de personne et homicide du Duc d’Enghien, Louis-Antoine Henri de Bourbon-Condé ; circonstance aggravante, la séquestration eut lieu sur le territoire neutre de Baden, hors des frontières françaises : faits commis en mars 1804.

 

3- Saccages et dévastations continuels, particulièrement au détriment de la Sérénissime République de Venise : faits commis entre 1797 et 1798.

 

4- Usurpation de titres et charges nobiliaires : faits commis de 1804 à 1815.

 

 

Premier chef d’accusation

Crimes de guerre et contre l’humanité

 

La campagne d’Égypte et de Syrie (1798-1799)

 

En 1798, le Directoire, préoccupé par l’excessive popularité et par le prestige notable acquis par Bonaparte, lui confia la charge d’occuper l’Égypte pour contrer la voie anglaise vers l’Inde et pour saper économiquement l’Angleterre.

Napoléon caressait l’idée d’une campagne en orient, pour suivre les traces d’Alexandre le Grand : « L’Europe est une tanière de taupes. Tous les grands hommes viennent de l’Orient », disait-il.

L’expédition commença le 19 mai 1798, quand Napoléon appareilla de Toulon à la tête de l’Armée d’Orient, composée, outre les 60 navires de guerre, de 280 navires de transport, 16000 marins et 38000 soldats.

Malte prise, où les Chevaliers capitulèrent sans combattre, Napoléon arriva en Égypte. À la bataille des pyramides il défit les Mamelouks et entra au Caire, devenant le maître de l’Égypte. Cependant, quelques jours plus tard, le 1er août 1798, la flotte française fut complètement détruite par l’amiral Nelson dans la baie d’Aboukir, si bien que Napoléon resta bloqué en Égypte. Après une reconnaissance sur la mer Rouge, il décida de se rendre en Syrie, prétextant poursuivre le gouverneur d’Acre qui avait tenté de l’attaquer.

 

 

Napoléon Bonaparte ordonnant le massacre de femmes et d'enfants au Caire - 1798 - Georges Cruiskshank

Napoléon Bonaparte ordonnant le massacre de femmes et d'enfants au Caire - 1798 - Georges Cruiskshank

Le siège et le carnage de Jaffa (3-7 mars 1799)

 

Le siège de Jaffa se déroula entre le 3 et le 7 mars 1799. Jaffa était entourée de haut murs et tourelles. Le gouverneur ottoman en confia la défense à ses meilleures troupes parmi lesquelles 1200 artilleurs. Napoléon devait prendre Jaffa pour pouvoir poursuivre dans la campagne de Syrie : le succès de l’expédition dépendait de l’issue du siège, Jaffa étant un des principaux centres commerciaux syriens.

La violence des assiégeants français fut telle qu’elle causa l’écroulement d’une des tours : malgré une résistance tenace, Jaffa fut vite envahie et conquise. Napoléon, après la reddition de la ville, consentit à ce que ses hommes se défoulent pendant deux jours et deux nuits : nombreux furent les homicides et les viols. Le gouverneur turc fut jugé. Napoléon, malgré les promesses faites par son fils adoptif Eugène de Beauharnais, ordonna que les soldats ottomans et albanais (environ 2400 selon certaines sources, 4000 selon d’autres) soient fusillés et passés par les armes avec des baïonnettes. Cependant Napoléon permis à une centaine d’Égyptiens de fuir, dans l’espérance que la nouvelle de la chute de Jaffa intimide les autres villes syriennes. En réalité, la nouvelle du massacre et de la cruauté inhumaine de Jaffa rendit encore plus dures et tenaces les défenses ennemies.

Entretemps une épidémie de peste, causée par le manque d’hygiène dans le quartier général français, décima l’armée d’invasion et la population locale. À la veille de la retraite, Napoléon ordonna aux docteurs de sa propre armée d’administrer aux blessés une dose létale de laudanum s’ils étaient gravement atteints au point de ne pouvoir être évacués ; mais la ferme opposition des médecins, fidèles au serment d’Hippocrate, le convainquit de revenir sur sa décision.

 

 

Napoléon Bonaparte empoisonnant les malades à Jaffa - 1799 - James Gillray

Napoléon Bonaparte empoisonnant les malades à Jaffa - 1799 - James Gillray

L’échec du siège de Saint-Jean-d’Acre (printemps 1799) : la peste et la retraite

 

le 19 mars 1799, rendu devant Saint-Jean-d’Acre, l’antique forteresse des croisés en Terre Sainte, Napoléon perdit plus de deux mois en un siège inutile. La campagne de Syrie s’acheva par un échec, également du fait du colonel Antoine de Phélippeaux, qui était déjà son compagnon et rival acharné à l’école militaire de Paris.

Les Français tentèrent d’assiéger la ville le 20 mars 1799, en utilisant seulement l’infanterie. Napoléon croyait que la cité capitulerait rapidement. Dans une correspondance avec un de ses officiers subalternes il exprimait sa conviction qu’en seulement deux semaines il vaincrait le cœur de la Terre Sainte, pour ensuite marcher sur Jérusalem.

Les troupes ottomanes refusèrent de se rendre et résistèrent au siège pendant un mois et demi.

Après la conquête de Jaffa, les troupes françaises avaient sauvagement saccagé la cité et des milliers de prisonniers ottomans et albanais avaient été massacrés sur les rives de la mer, avant de se déplacer vers Saint-Jean-d’Acre. Ces faits étaient bien connus des citadins et des troupes qui défendaient la ville (parmi lesquels de nombreux Albanais) : c’est aussi pour cela que leur résistance aux Français fut d’une ténacité formidable.

Rentré au Caire, Napoléon vainquit le 25 juillet 1799 une armée de plus de 10000 Ottomans à Aboukir, précisément là où l’année précédente il avait été privé de toute sa flotte. Cependant, préoccupé par les nouvelles qui arrivaient de France (l’armée se repliait sur tous les fronts, avec un Directoire désormais épuisé) et conscient que la campagne d’Égypte n’avait pas rencontré les succès espérés, Napoléon confia le commandement au général Kléber et s’embarqua en grand secret pour la France le 22 août 1799.

Antoine-Jean Gros - Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa - 1804 - Musée du Louvre

Antoine-Jean Gros - Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa - 1804 - Musée du Louvre

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