la mano fica, les bas fonds du baroque au Petit Palais
Far la fica, présenter sa main, le pouce émergeant entre l'index et le majeur !!! C'est un des thèmes développés à l'exposition du Petit Palais "Les bas-fonds du baroque". La mano fica est un geste obscène comme pourrait l'être chez nous le majeur dressé au-dessus du poing. La figue représente pour les italiens depuis l'antiquité, le sexe féminin, le pouce glissé entre l'index et le majeur, la pénétration.
Sur ce tableau, c'est bel et bien le spectateur que l'homme insulte en le regardant droit dans les yeux.
Cet objet, associant le geste de la mano fica et le phallus a été découvert lors de fouilles archéologiques sur le futur site de Bloomberg LP à Londres. Il est d'époque romaine, en os. C'est une amulette paraît-il courante dans le monde romain.
Sont ici rassemblées les toiles de peintres ayant en commun leur séjour à Rome au XVIIe siècle. Les plus connus sont Simon Vouet, Ribera et Claude Lorrain. Les autres noms, bien que prestigieux, ne font pas partie des blockbusters. Ils sont français, hollandais, espagnols, flamands, allemands et bien sûr italiens. Ils ont peint le monde interlope des tavernes, de la prostitution, les diseuses de bonne aventure, les joueurs tricheurs, les "magiciens". Les mises en scènes sont très "commedia dell'arte". Et le cadre du Petit Palais est magnifique. À voir.
Les buveurs :
Sur ce tableau de Manfredi, les différents protagonistes, bien que rassemblés autour d'une table, semblent ne pas se voir. Ils sont dans leur solitude, ont un air triste et désabusé. La lumière accentue le misérabilisme de la scène, malgré la musique.
Les joueurs et tricheurs :
Sorcellerie et alchimie :
Paillardises et bagarres :
Prostitution :
Gerrit van Honthorst fut surnommé Gerhardo delle Notti pour son utilisation du clair-obscur. Il fut essentiellement influencé par le Caravage. Dans le tableau ci-dessous, la source lumineuse est dissimulée. Ce procédé sera repris par Georges de la Tour. René prétend que les deux personnages de gauche regardent leur ipad...
Nicolas Régnier a traité deux fois le même sujet, mais différemment. Dans les deux cas, un personnage met sous le nez d'un endormi ce qui semble être du tabac. Est-ce pour les vertus aphrodisiaques qu'on lui attribuait à cette époque et pour donner à son ami des rêves érotiques ?
Deux grandes compositions de Valentin de Boulogne
Valentin de Boulogne - Le Concert au bas-relief (1622-25) et Réunion de musiciens et de soldats (1620)
Avant de quitter l'exposition, une cabine invite le visiteur à prendre la pose dans un décor caravagesque (costume, éclairage et accessoires)
Au Petit Palais, Les bas fonds du baroque, jusqu'au 24 mai 2015
Le plaisir peut se prolonger avec la visite des collections permanentes.