Venise le 12 octobre
Mercredi 12 octobre 2011
Arrivée de rêve tôt ce matin après un survol des Alpes effleurées par le soleil. Nous avons vu de haut la lagune, puis venise. Le taxi nous a déposés au Ponte della Comenda, tout près de chez nous. Sophie était encore un peu loin. J’en ai profité pour faire les courses de premiers secours à notre petit supermercado.
Dans la valise, Les pierres de Venise de Ruskin, Le temps retrouvé de Proust pour relire le passage sur les marches du baptistère de Saint Marc, le Jonglez, le Routard et un petit livre de Dominique Paravel, Nouvelles Vénitiennes.
Nous sommes partis par le chemin des écoliers au palazzo Fortuny en suivant les pas de Jonglez et quelques lieux de la biennale. Pour le premier repas vénitien, une adresse du Routard. Pas donné mais excellentissime : Alle Testiere, Calle Mondo Novo, près de Santa Maria Formosa.
Chez Fortuny, TRA, jeu de mots avec ART et la signification de Tra qui veut dire en sanscrit « outil ». Tra, c’est à travers, le passage… Magnifique. Présentation comme à l’habitude chez Fortuny à la manière cabinet de curiosités. Sur quatre niveaux, audacieux mélange entre contemporain et classique. De grands noms (Giacometti, Man Ray, Leger, etc.) du Fortuny tissus, robes, tableaux, maquettes de théâtre, lampes, etc. Des canapés moelleux pour se reposer, regarder à l’aise, se laisser porter d’une rive à l’autre, voir l’envers des choses et méditer sur le passage. Une vue à couper le souffle de certaines fenêtres, un décor de pierres, de briques, de sols, de plafonds à la fois grandiose et accueillant. Bref, incontournable si vous venez à Venise avant fin novembre. Ne pas manquer la vidéo du rez-de-chaussée intitulée « Passage » sur une musique de Philip Glass. C’est notre troisième voyage dans ce lieu et nous y retournerons. Il faut dire que nous avions une raison supplémentaire pour revoir le palazzo Fortuny y Madrazo, qui n’est autre que le neveu de la soeur de Reynaldo Hahn, l’ami de Proust… et qu’il a habillé, si l’on en croit Proust, la duchesse de Guermantes et Albertine…À noter que les plissés de Fortuny me font furieusement penser à ceux d'Issey Miyaké.
Tout près de la Fenice, nous sommes entrés dans la chiesa di San Fantin pour découvrir la mosaïque monumentale d’Oksana Mas, ukrainien, réalisée avec des œufs en bois.
Sur les chemins de Jonglez, une fresque étonnante représentant trois dés et une lanterne, Rio terà de le Colonne : Deux colonnes rapportées d’Orient restèrent longtemps couchées sur la piazetta San Marco. Aucun appareil de levage n’était suffisant pour les redresser. Un ingénieur de Bergame, Nicola Starantonio Barattiero (premier pont du Rialto) eut l’idée en 1172 de bloquer l’extrémité de la colonne et de nouer autour de l’autre extrémité des cordes fixées au sol, de les mouiller, ce qui fit qu’elles rétrécirent en longueur et soulevèrent la tête de colonne de quelques centimètres. On mit des billots dessous et on répéta l’opération avec d’autres cordes sèches, etc. On réussit ainsi à redresser les colonnes. Pour le récompenser de cet exploit, Barattiero eut l’autorisation, entre les deux colonnes, de jouer aux dés, ce qui était interdit alors, et même d’y monter un tripot. La fresque rappelle cet événement. Rentrés fourbus après cette journée commencée bien tôt.
Le dessin du jour, en attendant le menu