Le journal de Dédé (André le philosophe) chez Pharaon
Il est cinq heures du matin, nous sommes de retour à Vézelay, il fait frais et l'aurore n'a pas encore montré ses doigts de rose..., je regarde mes notes sur notre voyage en Égypte, qui aujourd'hui va élire son futur président. Gageons que ce "nouveau venu" sortira ce pays de son isolement touristique économiquement dramatique...
Samedi soir, terminal 1 de Roissy, c'était désert, dans un magnifique soleil couchant dont les derniers rayons orangés se réfléchissaient sur les surfaces miroitantes de l'aéroport. Pratiquement pas de circulation automobile, peu de voyageurs, c'en était presque irréel voire surréaliste. Le vol avait un peu de retard, nous décollons à vingt trois heures, un peu plus de quatre heures de vol jusqu'à Louxor, l'avion est à moitié vide. À cinq heures, heure locale, quatre en France, nous atterrissons à l'aéroport international de Louxor, vide, vide, vide. Tout est allumé pour nous, les formalités sont vite expédiées, puis un autobus nous emmène au bateau. Il fait déjà vingt-cinq degrés. Le jour se lève. Dés notre montée à bord, le bateau appareille en direction d'Assouan : premier arrêt à Edfou pour visiter le temple en fin d'après-midi. La chaleur de cette première fin de journée est difficile à supporter ; et, même si l'ombre est propice au repos, l'acclimatation reste à faire. Une calèche nous emmène et nous ramène. Son conducteur Ali est impatient d'arriver ou veut être le premier de toutes les autres calèches qui nous accompagnent. Je suis assis à côté de lui. Les rues ne sont pas goudronnées, chaque passage de véhicule soulève de la poussière ocre de sable fin, les rues écrasées de chaleur sont défoncées. Bringuebalés en tout sens dans la course effrénée de son guide, le cheval luisant de sueur, et qui s'appelle Rambo, écume sous son mors, le bruit de ses sabots résonnent dans les ruelles où un peu de macadam a été mis de-ci de-là de façon aléatoire et désordonnée.
À Edfou, comme dans tous les sites que nous visiterons, les mêmes scènes se déroulent. Avant même d'être descendus de notre véhicule, ils sont déjà là, hommes et enfants, voulant nous vendre quelque chose. Leur insistance pesante est contre productive, car nous ne pensons qu'à les fuir alors que leurs échoppes pourraient éventuellement nous intéresser. Mais nous n'y rentrerons pratiquement jamais. La deuxième constatation en arrivant sur les sites touristiques, il n'y a personne..., et dans la plupart, nous serons les seuls... Drame économique de ce pays dont le tourisme constitue ou constituait la troisième source de revenu !
De retour sur le bateau, une bière bien fraîche nous attend sur le sun deck devant le soleil couchant. La température est un peu descendue, le thermomètre affiche encore trente-deux degrés. Notre magnifique cabine nous tend les bras de Morphée dans lesquels nous succombons rapidement.
Le lendemain, à sept heures du matin, une felouque nous attend à quelques mètres de notre bateau. Le ciel est magnifiquement bleu. Nous descendons le Nil devant les berges de la ville d'Assouan que nous avons atteinte cette nuit. Une légère brise permet en s'engouffrant dans l'immense voile triangulaire de nous faire glisser sur l'eau calme et irisée de cette immense nappe d'eau. Nous longeons les deux îles principales, l'île Éléphantine et l'île aux fleurs. Mon attention se porte sur la navigation extrêmement précise du pilote de cette lourde embarcation. S'aidant uniquement par la voile et le mouvement du gouvernail, il exécute des prouesses de virtuose, slalomant entre les roches à fleur d'eau et tirant des bords pour remonter au vent. Du grand art, belle leçon de voile. Accostant enfin, nous rejoignons un bus qui nous emmène au barrage d'Assouan, l'ancien et le grand, puis l'île du temple de Philae. (désolés, Isis Team)
Le lendemain, six heures n'a pas encore sonné, le soleil n'est pas encore levé, il fait presque frais sur le sun deck. Tout est calme. Le gazouillement matinal de quelques oiseaux est à peine couvert par le faible ronronnement incessant des machines du bateau qui est à "quai". Je ne sais pas encore où nous sommes, mais il ne s'agit pas d'un port. Le bateau est accosté au bord d'une rue. Le paysage urbain ici est immuable, fait de bâtiments de brique de quatre à cinq étages, qui pour la plus part ne sont pas terminés (pour des raisons fiscales) et non occupés. Et pourtant, on continue de construire à côté, l'urbanisme paraît quelque peu anarchique ! Entre les immeubles, les terrains fertiles sont cultivés ou en herbe, de rares voitures stationnent. Un coq chante dans le lointain, la ville s'éveille, bientôt le muezzin lancera son premier appel de la journée, les premières calèches arrivent, il n'est pas encore sept heures du matin.
Le cheval est impassible, mangeant son herbe, ou regardant fixement l'horizon, pendant que son maître assis contre un pilier de rembarde du quai ou allongé sur le trottoir, boit son thé. Une troisième calèche vient d'arriver devant le bateau, l'ordre d'arrivée est respecté. Le conducteur descend de sa carriole et s'aidant d'un chiffon, entreprend le dépoussiérage de son "carrosse". Un troupeau de moutons passe dans la rue parallèle au quai. Un âne brait dans une étable à côté de trois bovins noirs que je distingue au loin. Un enfant vacher conduit son bovin dans un des terrains fertiles entre les habitations, le laisse paisser dans le champ en l'attachant à un piquet qu'il plante dans le sol à l'aide d'un gros caillou. Maintenant et sous l'impulsion du berger, le troupeau de moutons a investi le container à poubelles qui, déjà, se décore de sacs éventrés autour de lui à terre, scène bien peu esthétique mais bien réelle. Le berger aggrave la situation en piquant avec sa petite faucille quelques sacs supplémentaires qu'il sort du container et qui, en tombant, s'ouvrent laissant leur contenu ainsi libéré à l'appétit des moutons affamés! Après cet arrêt repas, le troupeau repart compact et obéissant à la baguette du Berger laissant le lieu dans un état encore pire qu'avant leur passage, rapidement visité par une nuée d'oiseaux, genre ibis en plus petits, blancs au long bec droit ressemblant aux petits hérons garde-bœuf. Pendant ces différents festins animaliers, une activité intense se passe sur le quai juste à côté : le choix de la calèche et surtout de son conducteur pour emmener un groupe de touristes sortant du bateau pour une excursion. Ils sont près d'une vingtaine maintenant, seuls six ou sept seront retenus. Apparemment un chef décide de qui fera l'affaire, criant des noms de conducteur admis à cette tâche et qu'il lit sur un bout de papier dans sa main tendue. Le groupe parti, les conducteurs non retenus se déplacent vers le bateau suivant amarré sur le quai derrière le notre, et un nouveau choix reprend. Il est à peine sept heures. Tout est redevenu calme sur le quai...
Hier, nous avons commencé la journée par la visite du musée nubien d'Assouan... (à suivre)