Proust, la Madeleine et Vézelay

Publié le par kate.rene

Hier, nous étions le 22 juillet et c'était sa fête (sainte Madeleine). Elle nous l'a fait savoir en carillonnant dès le matin, nos fenêtres en tremblent encore. À cette occasion je vous ressers un petit texte inspiré par Proust, encore lui.

Revenons un peu sur cette madeleine si célèbre :

"petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot". (p.46, À la recherche..., Du coté de chez Swann, Edition Quarto Gallimard)

Les brouillons du manuscrit montrent que Proust hésita longtemps entre la "tranche de pain grillé", la "biscotte" ; au final, c'est la madeleine qui a gagné. Pourquoi ? Pour nous, cela ne fait aucun doute, c'est à cause de Vézelay. Démonstration :

1 - La madeleine a la forme "du petit coquillage", la coquille Saint-Jacques (emblème des pélerins, de Compostelle entre autres).

2 - La madeleine "si grassement sensuel(le)" "sous son plissage sévère et dévot", c'est évidemment Marie-Madeleine, la Sainte de Vézelay.

3 - Saint-Jacques, c'est le nom véritable de l'église de Combray, Saint-Hilaire. C'est aussi le nom de l'église d'Asquins, départ d'un des chemins de Compostelle.

Il n'en demeure pas moins que ce n'est pas un hasard si Proust a choisi ce biscuit…

Plus sérieusement,

"...petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot...". La madeleine s'est imposée en se substituant au pain grillé, puis à la biscotte initiale, véritable et authentique. "grassement sensuel" évoque la femme des peintres et des sculpteurs (comme la Charité de Giotto; c'est ainsi que Swann nommait la fille de cuisine). "son plissage sévère et dévot" renvoie à une femme religieuse qui ne sourit jamais, ce qui est souvent le cas dans ses représentations picturales, expression de ses tourments intérieurs et de sa rédemption ; Marie-Madeleine, grassement sensuelle sous son plissage sévère et dévot. Rien n'y manque. S'agirait-il d'une hostie métaphorique, d'une transsubstantiation ou d'un clin d'oeil de religiosité débridée... Nous ne le saurons jamais. Mais connaissant l'humour de Proust et les nombreuses références cultuelles dans son oeuvre, il n'est pas douteux que cette madeleine ne soit tombée du ciel que par l'intervention de cet esprit "sain" littéraire.

Proust, la Madeleine et Vézelay

Proust est venu à Vézelay (une occurrence dans la Recherche, p.523, À l'ombre des JF en fleurs, 2ème partie, Edition Quarto Gallimard)). On en trouve trace dans une correspondance dont un extrait est publié dans l'excellent site des

Amis de Vézelay.

« Une chose prodigieuse dans une espèce de Suisse, toute seule sur une montagne qui domine les autres, visible de partout à des lieues, dans l'harmonie du paysage la plus saisissante. L'église est immense et ressemble autant à des bains turcs qu'à Notre-Dame, bâtie en pierres alternativement blanches et noires, délicieuse mosquée chrétienne. »

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Publié dans VÉZELAY, MARCEL PROUST

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