Salut l'Artiste, adieu Marc

Publié le par kate.rene

Salut l'Artiste, adieu Marc

C'était le bon temps, celui de ce portrait ! Que de moments inoubliables, que de souvenirs...

Pour n'en citer que quelques-uns, il y eut ce repas improbable où, installés seuls dans la bibliothèque, près de la cheminée, nous avons suivi un match de coupe du monde. Je ne me souviens plus exactement quelles étaient les équipes en lice, mais il s'agissait d'un outsider africain contre une équipe de leaders. Nous avions tenté de remettre en marche à la maison une vieille télévision, sans succès. René a donc téléphoné à Marc pour lui demander s'il était possible de venir dîner devant un téléviseur. À l'Espérance*, rien n'était impossible. C'est ainsi que nous avons fait un repas de rêve, devant la rencontre sportive, et servis par une foule de personnes, maîtres d'hôtel, serveurs et sommelier qui venaient profiter de cette aubaine pour prendre des nouvelles du match. Il y eut ce "brunch" où nous avions convié nos enfants un lendemain de Noël. Marc nous avait installés dans la salle Gainsbourg... avec des cendriers. De brunch, il n'y avait que le nom. Si je me souviens bien, nous avons eu des filets de rouget, du lapin à la royale, et d'autres échantillons de la cuisine tellement inventive de ce grand bonhomme. Le clou du repas : le feuilleté destructuré, commandé au chef pâtissier peu avant le repas. Ce dernier était très ennuyé par cette commande de dernière minute car le feuilleté doit être préparé à l'avance pour ne pas se désintégrer à la découpe. Mais le miracle a eu lieu et miettes ou pas, c'était fantastique. Il y eut le consommé de homard bleu à la feuille d'or. Ça ressemble à de l'eau et Marc nous a expliqué en nous servant un petit rab que la feuille d'or n'était là que pour matérialiser le breuvage. Grand frisson rien qu'en y pensant. Il y eut aussi cette grouse que j'avais du mal à avaler jusqu'à ce que Marc me retire mon verre de vin rouge pour le remplacer par un bon verre de whisky bien tourbé... Il y eut ces deux jours avec Thomas, avec lendemain au Pré des Marguerites où nous avons joué au tarot avec Pierre et Marc en regardant, eh oui, encore, un match de foot, puis le déjeuner à La Terrasse où Marc a hélé son ami Jean-Pierre Marielle qui passait par là et qui nous a fait un festival pendant plus d'une heure. 

Il y en eut tellement d'autres. Avec Maryse et Timo, avec Josette, Scott et Nadia, Julia, les Daz, etc.

En plus de l'assiette, il y avait le sourire de Françoise. C'était un accueil particulier, comme s'ils invitaient des amis à leur table. La soirée se terminait généralement dans le salon où Marc, au mépris des interdictions, allumait son cigare. 

Le parking de l'Espérance et son voiturier impassible ont vu défiler nos véhicules divers, depuis la vieille jaguar jusqu'à la BX bringuebalante en passant par la Peugeot hors d'âge de Timo.

Aujourd'hui à la basilique, c'était la messe d'adieux. Pour cause de pandémie, l'assistance était presque réduite, et encore. Des confrères en tenue de cuisinier, des vignerons en confrérie, beaucoup de vézeliens, quelques édiles et de nombreux amis. À l'orgue, Nicolas Bucher, ancien directeur de la Cité de la Voix venu de Versailles pour la circonstance a accompagné le défilé des condoléances pendant près d'une heure.

Il va rejoindre les grands hommes du vieux cimetière de Vézelay. Je lui souhaite, sans trop y croire, d'y retrouver son vieil ami et voisin Julius** avec qui il pourra parler de notre Marie-Madeleine. 

Marc, tu nous manques déjà !

*Restaurant trois étoiles situé à Saint-Père au pied de Vézelay

**Jules Roy

Publié dans VÉZELAY

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