Giovanni (Zuane) Antonio Canal, dit "Canaletto"
Ce peintre vénitien (1697-1768) n'avait jusqu'à maintenant engendré pour nous que des frustrations : il a peint tellement de "vedute" de Venise et il y en a tellement peu à Venise (Ca'Rezzonico, Musée Correr) ! En effet, la plupart de ses toiles sont en Angleterre. Il semblerait que la collection de la reine en comprend de nombreux. Si elle en a prêté pour l'exposition du musée Maillol, elle fait partie de "tous ceux qui ont préféré garder l'anonymat"...
Canaletto est né dans une famille aisée. Son père jouissait d'une notoriété certaine comme peintre de décors de théâtre. En 1716, Giovanni, son frère Cristoforo et leur père Bernardo travaillent aux décors de "L'incoronazione di Dario" d'Antonio Vivaldi. De cette activité dans le théâtre sont peut-être issus les "Caprices" où se mêlent architectures fantastiques et décors réels.
De nombreux voyageurs et collectionneurs anglais commandent à Canaletto des vedute de Venise. Venise entretenait à cette époque des relations diplomatiques privilégiées avec l'Angleterre, ce qui explique sa richesse actuelle en toiles de Canaletto.
L'autre grand peintre vénitien du XVIIIe, Francesco Guardi (1712-1793) bénéficie aussi de cet engouement anglais pour les vedute (une exposition fait aujourd'hui le parallèle entre Canaletto et Guardi au musée Jacquemart-André jusqu'au 14 janvier 2013 ; une autre exposition Guardi a ouvert ses portes à Venise au musée Correr (28 septembre 2012-6 janvier 2013).
Ce sont environ cinquante toiles qui sont réunies au musée Maillol jusqu'au 10 février 2013. La scénographie s'organise autour d'un parcours dans Venise. Un magnifique carnet de dessins prêté par le Gabinetto disegni et stampe delle gallerie dell'Accademia nous montre les croquis pris sur le vif par Canaletto. Il se servait ensuite d'une chambre optique pour relever ses perspectives puis peignait ensuite dans son atelier en s'appuyant sur ses relevés et ses croquis. Inutile d'en dire plus, allez rue de Grenelle.
Analyse d'un Capriccio : Capriccio avec une pyramide et un arc. Les spécialistes y ont reconnu la basilique de Palladio, la pyramide de Caïus Sextius, l'arc de Constantin, la Salute et la punta della Dogana...
Les "Capriccio" étaient à la mode... Giovanni Paolo Pannini (1691-1765) a réuni aussi à peu près à la même époque la pyramide de Caïus Sextius et l'arc de Constantin
Antonio Ricci (1676-1730)
Pour en revenir à Canaletto, ne vous privez pas de ces exposition mentionnées plus haut. Nombreuses sont les oeuvres qui ne sortiront pas de si tôt des collections particulières...
Par exemple ce merveilleux petit tableau (25x32,5 cm) "La commedia dell'arte sur la Piazza San Marco. La reproduction ne donne qu'une petite idée de la luminosité de cette toile.