Fin de semaine à Vézelay
Une fois de plus, nous sommes partis vers notre merveilleuse colline éternelle. En vrac, nous avons reçu de vieux amis le jeudi soir, j'ai coupé les cheveux de Timo vendredi, ce qui fut une nouvelle occasion de boire quelques bons vins, nous avons visité Noyers-sur-Serein, magnifique village médiéval qui nous a réservé une belle rencontre. Dès que nous avons annoncé notre envie de voir Noyers, Maryse nous a concocté une de ces surprises dont elle raffole. Il fallait que nous déjeunions chez Marguerite, une de leurs amies.
Maryse a donc téléphoné à Marguerite qui fait table d'hôte et insisté pour que nous mangions à sa table bien que la saison ne commence que début avril. Sa maison a vu naître Charles-Louis Pothier, le compositeur des fameuses "Roses blanches", la chanson qui a fait pleurer nos mères et nos grands-mères. La Vieille Tour, place du Grenier à Sel, tout un programme.
Marguerite nous accueille avec le sourire et nous confie qu'elle ne fait plus table d'hôte mais que l'insistance de Maryse fut telle qu'elle n'a pas pu refuser : "j'ai compris qu'elle voulait à tout prix que nous nous rencontrions, c'est pourquoi j'ai accepté".
Ancienne baba cool, elle partage son temps entre Noyers et Goa où son ami a une maison. Historienne de l'art, un peu conservatrice de musée, collectionneuse d'art contemporain, hollandaise mais citoyenne du monde, monde qu'elle a parcouru dans tous les sens.
Son ex-mari était géologue, de haute volée semble t'il, et ses postes l'ont
amené à vivre dans tous les pays où il y a du pétrole. Mais c'est Noyers qui a fini par l'emporter. Nous avons visité la maison jusqu'à la cave où nous sommes allés tirer au tonneau une carafe de ratafia, l'élixir bourguignon. Puis nous sommes passés à table, dans une cuisine improbable, dans son jus comme on dit, où les vieilles gamelles voisinent avec des oeuvres contemporaines, des dessins de ses petits enfants, des poèmes, et d'autres incongruités. Elle pensait que nous étions anglais (because Maryse et Timo lui ont souvent envoyé des amis grands-bretons). Et elle avait cuisiné pour cette raison un rôti de boeuf très très cuit... Mais le reste était délicieux. Le riz aux légumes, la salade de fraises fraîches et la tarte au gingembre.
Recette de la tarte au gingembre :
250 grammes de beurre salé ramolli, 300 grammes de farine, 250 grammes de sucre brun vergeoise, un tout petit oeuf ou la moitié d'un gros.
On mélange le tout, on tasse grossièrement avec la main dans un moule. On recouvre généreusement avec du gingembre confit en tout petits morceaux. 25 minutes au four à 180°. Et voilà le travail.
Nous avons discuté à batons rompus et nous sommes quittés avec la promesse de nous revoir.
Après quelques pas dans les rues de Noyers, un passage chez le traiteur du coin (Paillot, vaut le détour), nous avons visité le Musée des Arts Naïfs et Populaires. Charmant petit musée magnifiquement restauré (à voir, l'escalier élicoïdal en bois et fer), de nombreux tableaux naïfs (Bauchant, Bombois, Coutelas, Nikifor, Vivin, etc.),
une collection impressionnante de boîtes métalliques publicitaires ou non (les 550 Boîtes de Serge Moreau), toutes plus belles les unes que les autres, un ensemble d'ex-voto naïfs, le premier manga (les albums de la Mangwa d'Hokusaï Katsushika (1760-1849). Après avoir salué l'âne qui paissait tristement sous la pluie à côté du musée, nous avons repris la route, direction Montréal, eh oui ! autre village perché à quelques kilomètres d'Avallon. Sous la pluie et fin mars, l'endroit était complètement désert. René n'y a pas retrouvé ses souvenirs d'antan. Et moi, pas trop l'envie d'y retourner. Nous avons repris la route vers notre chez nous, notre feu de bois, Vivaldi Caldara et les autres et notre partie de yam.