Venezia, suite
Nous avons suivi hier notre nouveau guide, conseillé par Lorenzo (dont l'excellent blog Tramezzinimag est réapparu dans sa nouvelle version) "Venise - Histoire, Promenades, Anthologie & Dictionnaire" publié dans la collection Bouquins de Robert Laffont, Sous la direction de Delphine Gachet et Alessandro Scarsella.
Nous sommes partis sur les traces de Titien. Il y a trois jours, nous avons déjà eu l'occasion d'admirer chez les Gesuiti l'extraordinaire martyre de Saint-Laurent, celui que nous appelons irrévérencieusement le barbecue. Hier, direction San Lio, fermée, San Salvador où se trouve habituellement l'Annonciation de Titien, en ce moment remplacée par une copie, l'original étant parti pour une exposition au Japon. Nous avons passé le Rialto pour retourner à San Giovanni Elemosinario. Fermée. Pour ne pas avoir fait le chemin pour rien, nous avons poussé jusqu'à San Silvestro (pas de Titien, mais un Tintoret), Riva del Vin, puis re-Rialto...
Entre temps, nous avons visité le nouvellement réouvert Fondaco dei Tedeschi, temple du luxe aménagé par Monsieur Arnault, LVMH daperttutto... Le bâtiment est heureusement restauré. Le clou du spectacle se trouve tout en haut, sur la terrasse (bandeau actuel du blog) qui offre une vue panoramique sur tout Venise. Ca' d'Oro, nous avons revu les fresques exécutées par Titien et Giorgione pour le Fondaco. Elles ont été détruites en presque totalité par un incendie.
Et puis, nous avons dîné chez nos amis vénitiens, à deux pas de chez nous.
Nous avions repéré sur une affichette un concert à la Résidence San Lorenzo, la maison de retraite sur le Campo éponyme. Monteverdi, Clavicimbalo, flauto dolce e soprano. Che bello ! Le dernier morceau exécuté était d'un certain Alessandro Stradella dont le curé de San Marco nous dit qu'il a eu une vie "aventureuse". C'est un euphémisme.
Voici le récit de la vie aventureuse d'Alessandro. Né en Toscane en 1639 à Nepi (au Nord de Rome) dans une famille patricienne, rien ne le prédisposait aux évènements tragiques qui allaient émailler sa vie. Il montre très tôt des dispositions pour la musique. À 20 ans, il a comme commanditaire la reine Christine de Suède. Il est alors à Rome. Avec un compère de débauche, il tente de voler de l'argent d'une église. Découvert, il doit s'enfuir, mais revient à Rome quand il pense ne plus rien risquer. Hélas, son amour des femmes et sa vie dissolue lui mettent à dos les notables de la ville. Il doit fuir de nouveau Rome pour toujours. En 1677, on le retrouve à Venise où un noble vénitien (qui ne connaissait pas à l'évidence son passé) l'embauche pour donner des leçons de musique à sa jeune maîtresse... Ce qui devait arriver arriva et les leçons de musique deviennent vite des leçons de technique amoureuse. Découvert une fois de plus, il s'enfuit (avec ou sans la belle, les versions diffèrent). Mais le noble jaloux n'en reste pas là. Il paie des sicaires afin d'obtenir vengeance et commandite la mort du (ou des) amant(s). Alessandro échappe une première fois aux assassins. Il se rend à Gênes où il continue de composer. Un soir, à la sortie du théâtre, il est rattrapé par son passé et meurt, transpercé de coups de couteau le 25 février 1682.