Goya, 84 ans - Georges Braque, 81 ans
Deux exemples qui viennent étayer ma théorie : la peinture, ça conserve.
Giovanni Bellini (1425-1516), 91 ans
Gentile Bellini (1428-1507), 79 ans
Michel-Ange (1475-1567), 89 ans
Titien (1488-1576), 88 ans et c'est la peste qui l'a tué !
Claude Gelée (1600-1682), 82 ans
Canaletto (1697-1768), 71 ans
Chardin (1699-1779), 80 ans
Guardi (1712-1793), 81 ans
Goya (1746-1828), 82 ans
Ingres (1780-1867), 87 ans
Monet (1840-1926), 86 ans
Picasso (1881-1973), 92 ans
Braque (1882-1963), 81 ans
Hopper (1882-1967), 85 ans
Max Ernst (1891-1976), 85 ans
Norman Rockwell (1894-1978), 84 ans
Dali (1904-1989), 85 ans
Balthus (1908-2001), 93 ans
Rauschenberg (1925-2008), 83 ans
Et pour clore cet échantillonnage, que dire de Pierre Soulages, né en 1919, qui fêtera ses 94 ans le 24 décembre !
Tout ça pour introduire les deux expositions vues à Paris jeudi.
À la pinacothèque, Goya et la modernité. La liste quasi exhaustive des gravures de Goya (les horreurs de la guerre, les caprices, les proverbes). C'est sombre ! Peu de toiles (une belle série de petits tableaux de jeux d'enfants et quelques grands portraits académiques)
Intéressant, mais un peu redondant.
Ensuite, direction Grand Palais, quasi inabordable en voiture (ouverture de la FIAC) pour l'expo Georges Braque. Grandiose, à voir absolument ! Parcours chronologique, un nombre d'oeuvres impressionnant qui couvre toute la vie du peintre.
Braque par Man Ray
Les débuts avec le fauvisme, période peu connue de l'oeuvre de Braque (il a détruit nombre de ses oeuvres de cette époque). Style qu'il abandonne dès 1908 avec les premiers tableaux cubistes.
Paysage à l'Estaque (1907/1908)
La période cubiste, le nom n'est pas de Braque, mais le mouvement est né dans son atelier. C'est Henri Matisse lors de la présentation de l'exposition Braque à la galerie Kahnweiller en novembre 1908 qui parle de "petits cubes".
Le viaduc de l'Estaque 1908
Puis, en même temps que les formes se dissocient, les couleurs s'estompent. Les séries de guitares, mandolines, guéridons avec verres, bouteilles et compotiers apparaissent.
Les instruments de musique (1908)
Piano et mandore (1909-1910)
Vient ensuite le cubisme analytique, marqué par une collaboration intime avec Picasso, qui malheureusement fera de l'ombre à Braque. La personnalité bouillante de l'espagnol contraste, c'est vrai, avec le tempérament plutôt sobre de Braque. On remarque une disparition de la couleur.
Femme lisant (1911)
En 1912, Braque invente les "papiers collés". La même année, Picasso introduit des objets dans ses toiles (nature morte à la chaise cannée). Entre 1912 et 1914, Braque produit 57 "papiers collés" alors que Picasso en donne plus de 300.
Compotier et verre (1912)
Picasso, Nature morte à la chaise cannée (1912)
Nature morte à la tenora (1913)
Picasso, collage
1913-1918, le cubisme synthétique. Le papier collé est remplacé par un trompe-l'oeil de papier collé. Sur le tableau qui suit, on reconnaît les papiers collés en faux bois du Compotier et verre de 1912, mais ici, le papier est peint et non collé.
Compotier et cartes (1913)
Dans les dernières toiles de 14, on remarque une réapparition timide de la couleur.
En 1914, Braque part à la guerre. En 1915, il est grièvement blessé (il subit une trépanation). Il ne recommence à peindre qu'en 1917. Kahnweiller, son marchand s'est réfugié en Suisse, il est remplacé par Léonce Rosenberg. Les couleurs éclatent. La collaboration avec Picasso cesse car ce dernier accompagne la troupe des ballets russes. Braque se lie avec Juan Gris et Henri Laurens.
La musicienne (1917)
1919 Rosenberg expose les natures mortes de Braque. Une nouvelle série : les guéridons et les cheminées.
Nature morte et guitare
Le compotier est un hommage à Cézanne. En bas, le coin d'une cheminée.
1920-1930 Les figures, nus et canéphores
Les Canéphores (1922)
Le nu féminin est rare chez Braque mais il est à la mode. Braque,est passionné par l'art antique. Les canéphores sont les jeunes filles porteuses d'offrandes dans la Grèce antique. Traitement moderne d'un thème classique.
Fruits sur une nappe et compotier (1925)
1931-1932 La théogonie d'Hésiode
En 1931, Ambroise Voillard propose à Braque d'illustrer la théogonie d'Hésiode, la naissance des dieux à partir du chaos. Il utilise la gravure pour ce travail. Par la suite, il utilise une autre technique : il enduit de peinture noire une surface de plâtre. En gravant cette surface noire, il fait apparaître le plâtre blanc.
Hérackès (1931)
Série des nappes en 1937
Influence du surréalime, objets en mouvement, raffinement de la couleur
Nature morte à la nappe rouge
La sculpture, l'atelier de Varengeville. Les galets
Hymen (1939-1957) Tête de cheval
1941-1944 Vanités, intérieurs
Grand intérieur à la palette (1942)
Vanité
1944-1949 Les billards.
Braque explore la multitude des points de vue du joueur quand il est penché sur le billard
Le billard (1949)
1953 Les oiseaux, le plafond du Louvre commandé par Malraux
1949-1956 Les ateliers
Dans la série de 8 toiles, une constante : la présence de l'oiseau. Objets réels et métaphoriques. Faux bois, faux papiers peints, rapport entre réalité et illusion.
Atelier VIII
1954-1962 Les oiseaux
L'oiseau blanc et l'oiseau noir (c'est l'affiche de l'exposition)
1955-1963 Les derniers paysages
La plaine I (1955-1956)
On ne voit plus que le rapport du ciel avec la terre.
La mort de Braque s'accompagne d'hommages officiels dont le discours de Malraux, alors ministre de la culture, dans la cour du Louvre
En bref, cette exposition est à voir absolument.