Le Comte de Monte Cristo - Alexandre Dumas

Publié le par kate.rene

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Le Comte de Monte Cristo est un pur roman d'Alexandre Dumas, véritable fresque narrative de mille quatre cents pages (La Pléiade, Ed 1989 - ISBN 2-07-010979-8). Le commencer, c'est rentrer dans un monde que l'on ne peut lâcher sans aller d'épisodes en épisodes jusqu'à son dénouement, comme certaines séries TV ou d'autres grandes sagas cinématographiques. L'addiction vous guette, l'histoire ne vous lâche pas et vous non plus, vous ne pouvez lâcher prise. Et en plus, quel magnifique exemple de littérature française d'une grandeur sans égale !


Héros malgré lui, Edmond Dantès, vingt ans, marin confirmé et apprécié de tous, rentre à Marseille après un long voyage sur un bateau de commerce. Il doit se marier avec la belle catalane Mercèdes. Mais la jalousie de deux hommes, l'un, Fernand, amoureux de sa compatriote espagnole et l'autre, Danglars, jaloux et envieux de la future promotion de Dantès, sera la cause du drame. Le troisième larron, Caderousse, laisse faire par lâcheté le plan démoniaque des deux autres : une lettre de dénonciation anonyme. 


Nous sommes en 1815, Louis XVIII est sur le trône, Monsieur Bonaparte est exilé sur l'île d'Elbe. L'époque est trouble, le retour de "l'usurpateur" est prévu, sinon prévisible (ce sera la période dite "des cents jours"). Les deux camps, royaliste, à cette période au pouvoir, et bonapartiste s'affrontent. La chasse aux Bonapartistes clandestins ou conspirateurs est ouverte. 


La lettre de dénonciation arrive sur le bureau du substitut du procureur du Roi de Marseille, Villefort. Elle accuse Dantès d'être un agent bonapartiste ce qui équivaut à un crime de haute trahison. Au cours du seul interrogatoire et face à face entre Dantès et Villefort, le procureur, celui ci va rapidement saisir l'occasion d'utiliser cette affaire pour sa promotion personnelle. Naïf et honnête, Dantès avouera être porteur d'une lettre pour un certain Noirtier à Paris qu'il ne connaît pas, mais que Villefort connaît, lui, parfaitement. Ce Noirtier, considéré comme le chef clandestin des Bonapartistes, n'est autre que le père de Villefort... Le destin de Dantès est alors scellé dans l'esprit du procureur. Il doit disparaître au plus profond d'un cachot. Il sera immédiatement incarcéré, sans jugement, au château d'If, à quelques brasses de la Canebière. Il y restera dix sept ans...

 

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Dans cette prison, il fera "la connaissance" de l'abbé Faria, son mentor, qui lui apprendra tout et le reste et qui, "grâce" à sa mort, permettra à Dantès de s'évader, se reconstruire et d'organiser pendant de nombreuses années le projet et le seul but de sa nouvelle vie : la Vengeance.   


Voilà résumées les deux cents premières pages..., les douze cents dernières racontent l'épopée de ce héros né de l'injustice, de la cupidité et de la jalousie des hommes qu'il a croisés.


Si l'on aime tant les séries TV ou les grandes sagas cinématographiques, ce n'est pas par hasard, notre empathie naturelle s'exerce sur les héros dont nous suivons les évènements au cours de leur vie sur des années, voire des générations. Leur part d'ombre grandit et de héros du début, ils deviennent des hommes, simples mortels, confrontés à des conditions fictionnelles et romanesques. L'espace Temps est compressé, il n'est plus simplement linéaire. Ici sans donner dans le manichéisme initiatique du Bien et du Mal, (cf la grande saga de Star Wars), le héros Dantès, initialement banal, honnête et sans grande envergure, s'incarnera dans le rôle du bras armé et vengeur de la Providence, à l'instar de certains héros eastwoodiens : l'homme naturel ou libertarien*. 

 

Ce roman fleuve, publié initialement sous forme de feuilleton (ancêtre des séries TV) dans les années 1850, tient en haleine ses lecteurs, non seulement par les intrigues très élaborées de cette vengeance impitoyable, mais aussi par un style d'écriture d'une rare perfection. On se délecte, on s'enthousiasme et quand on ferme le livre sur la dernière page lue, on est vidé, on se sent abandonné. Vite un autre livre, une autre histoire pour que la magie continue.  

 

* Ne pas manquer d'écouter (podcast France Culture) les 4 émissions sur "Philosopher avec Clint Eastwood" dont :

http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-philosopher-avec-clint-eastwood-44-eastwood-est-il-

 

Nous avons attaqué Les Buddenbrook de Thomas Mann, écrit à 25 ans !!, L'échange des princesses de Chantal Thomas et finissons le Voltaire de Raymond Trousson... qui feront l'objet d'autres articles.

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